Me Kaviraj Bokhoree :
- « En chassant les ministres lundi dernier, les habitants de Résidence Barkly ont prouvé qu’ils ne toléreront aucune sorte d’injustice »
Avoué de profession, Me Kaviraj Bokhoree a plusieurs cordes à son arc. Il maîtrise les finances tout aussi bien que la loi. Pour lui, la justice n’a pas de prix. Raison pour laquelle il a pris les devants pour défendre gratuitement les intérêts de plusieurs habitants de Résidence Barkly et La Butte. Sans son intervention, les maisons de ces familles auraient déjà été écrasées sous les bulldozers. Le bouillant avoué se consacre désormais à sauver le pays des griffes des partis politiques traditionnels et des dynasties. Il se voit même comme le Macron mauricien. D’où le nom de son parti, En Marche Maurice (EMM)…
Zahirah RADHA
Q : Vous avez défendu pro-bono les habitants de Résidence Barkly et La Butte. Est-ce que cette démarche s’inscrit dans votre élan d’En Marche avec Kaviraj Bokhoree ?
R : Subjectivement parlant, non. J’ai défendu beaucoup de cas à titre bénévole. Parmi, il y a les affaires de la Biometric ID Card, Iqbal Toofany, Aurore Gros-Coissy et les causes défendues par Salim Muthy. Dans l’affaire Aurore Gros-Coissy, j’ai même dépensé Rs 125 000 de ma poche pour qu’elle obtienne justice. Si je le fais, c’est parce que je suis convaincu que la justice n’a pas de prix. Pour moi, la justice est divine. Rama Valayden partage aussi la même soif de justice que moi. Et c’est à ses côtés que j’ai défendu, gratuitement toujours, les causes des syndicats de la police, des taxis et des médecins, entre autres. Je ne peux m’empêcher toutefois de demander où sont passées les ‘legal teams’ du PTr, du MMM ou du PMSD, à l’exception d’Assad Peeroo dont la contribution a été très négligeable. Raison pour laquelle mes clients m’ont demandé de le révoquer et d’engager quelqu’un qui vibre au même rythme que moi, en l’occurrence Rama Valayden.
Q : Vous venez tout juste de lancer une pique de nature politique. Finalement votre démarche n’est pas si apolitique que ça…
R : Je ne fais pas de la politique sur le dos des malheureux, comme certains ont tenté de le faire. Ceci dit, je pense que, tout comme la justice, la politique est également divine. Les leaders de toutes les grandes religions avaient fait de la politique. Je veux faire de la politique propre. Je crois dans la droiture et la bonté. Je ne suis pas d’accord qu’il y ait des enfants qui dorment les ventres vides le soir tandis qu’il y a des politiciens qui ont Rs 220 millions dans leur coffre-fort ou d’autres qui ont le Sun Trust. C’est également inconcevable qu’il y ait quelqu’un qui reste toujours leader de son parti après 50 ans en politique. Il est grand temps de mettre fin à ce système de dynastie politique. Je fais ainsi un appel à toutes les personnes de bonne volonté, qui n’ont pas de coloration politique, de nous envoyer leurs CVs. Ensemble, nous allons créer une nouvelle ère de la politique.
Q : Vous pensez pouvoir y arriver ?
R : Oui. Si Emmanuel Macron a pu le faire en France, pourquoi Kaviraj Bokhoree ne pourra-t-il pas le faire à Maurice? La population en a marre de la politique prônée par les partis politiques traditionnels. Ce sentiment de ras-le-bol va s’intensifier à l’approche des élections. C’est pour cela que nous allons mettre 62 candidats dans les 21 circonscriptions du pays. Il y a un seul mot dans mon dictionnaire : victoire. Le jour où je ferai mon entrée au Parlement, ces 59 parlementaires vont trembler.
Q : C’est ce que dit Roshi Bhadain également. Pourriez-vous mettre k.o le leader du Reform Party au no 18 ?
R : Il ne faut pas oublier que Rama Valayden, Salim Muthy et moi-même avions été interrogés dans le cadre d’une manifestation pour le remboursement des victimes de la Super Cash Back Gold (SCBG) alors que Roshi Bhadain était ministre de la Bonne Gouvernance. Il a d’ailleurs été l’architecte de la destruction de la BAI. L’électorat du no 18 n’est pas dupe. Il le sait très bien. Bhadain n’est pas meilleur que les autres politiciens. Si Bhadain ferme so la bouche, 8 fourmis rouges kapave prend li allé! (Rires)
Q : Revenons-en aux habitants de Résidence Barkly et La Butte. Etes-vous confiant que les choses bougeront dans la bonne direction ?
R : Bien sûr ! Le judiciaire a démontré qu’il est un rempart contre toute forme d’injustice et je suis fier d’en faire partie. Je dois aussi remercier la presse qui a pleinement joué son rôle de contre-pouvoir. D’ailleurs, je m’engage à ce que la presse devienne le quatrième pilier de la démocratie quand mon parti En Marche Maurice (EMM) sera élu à la tête du pays. Pour revenir à votre question, si jamais on n’obtient pas de satisfaction, on ira au Privy Council. Mais je lance un appel au Premier ministre pour qu’il donne une compensation adéquate à tous ceux dont les maisons ont été démolies. Il aurait ainsi pu démontrer qu’il a au moins un cœur même s’il est un Premier ministre « l’imposte ». Voyez-vous, personne ne pourrait rester tranquille si sa maison est détruite de façon inhumaine. D’ailleurs, en chassant les ministres lundi dernier (ndlr : lors d’une réunion organisée par le père Eddy Coosnapen), les habitants de Résidence Barkly ont prouvé qu’ils ne toléreront aucune sorte d’injustice. Le gouvernement ne peut pas aller de l’avant avec le projet Metro Express…
Q : Mais Pravind Jugnauth a pourtant été bien clair là-dessus. Pas question de faire marche arrière sur le Metro Express, a-t-il dit ?
R : Je l’avais déjà dit dans une conférence de presse. Il faut que le gouvernement enterre ce projet parce qu’il n’est pas viable. Le Metro Express va endetter le pays jusqu’au cou et ce sont nos enfants et nos petits-enfants qui vont devoir en payer les frais. Maintenant qu’il est clair que le chantier ne pourra être livré dans les délais prescrits, combien le gouvernement va-t-il devoir débourser en termes de pénalités, tout en sachant que ce montant est de Rs 12 millions par jour, comme l’a dit Sinatambou ? Ce contrat est-il en béton genre Betamax ? Le gouvernement n’est-il pas en train d’hypothéquer l’avenir de notre pays avec ce projet ?
Laissez-moi maintenant poser une question à Pravind Jugnauth : si demain la cour trouve qu’il n’a pas le droit constitutionnel d’occuper le poste de Premier ministre ou si dans l’affaire Medpoint, le Privy Council le trouve coupable, acceptera-t-il de ‘pledge’ le Sun Trust pour rembourser toutes les dépenses encourues dans le sillage de ce projet ? Je souhaite vivement qu’il me réponde à travers les colonnes de votre estimé journal.