Prix de la « cane energy »Les modalités de l’accord bel et bien conclues avec Alteo

Même si officiellement, l’accord entre le CEB et Alteo pour l’extension de son contrat pour une période additionnelle de trois ans, en attendant la concrétisation de son nouveau central, n’a pas encore eu l’aval du conseil des ministres, il n’en demeure pas moins que les termes et les modalités de cet accord ont bel et bien été conclues. Comme confirmée d’ailleurs par une correspondance en date du 19 février et dont nous faisions état dans notre précédente édition. Ivan Collendavelloo ne pourrait donc continuer à prétendre le contraire…

Une correspondance en date du 19 février 2019 que voulait “table” le député Shakeel Mohamed à l’Assemblée nationale durant son discours budgétaire jeudi soir a soulevé les protestations du Deputy Prime Minister, Ivan Collendavelloo. Se basant sur ce document officiel, Shakeel Mohamed voulait démontrer que le prix de « trash energy » est passé de Rs 3, 09/ kWh, comme initialement proposé par le CEB à Alteo, à Rs 4, 45/ kWh après une réunion au bureau du ministère de l’Énergie et des Utilités publiques. Une démarche que le DPM a contesté en plaidant la confidentialité du document en question et en soutenant que des négociations sont toujours en cours et qu’aucun accord n’a encore été finalisé jusqu’ici.

Or, selon cette correspondance, dont l’authenticité n’est pas remise en question, il est clairement mentionné que « further to our meeting held on Monday 18 February 2019 at the level of the Ministry of Energy and Public Utilities (MEPU) […] we wish to confirm the following: […] (ii) Trash energy will be remunerated at Rs 4. 445/ kWh and fixed during the 3 year extension ». Qui dit donc vrai ? Le prix de « trash energy » a-t-il déjà été fixé ou pas ? « Non !», rétorque une source proche du dossier qui qualifie cette polémique comme une « tempête dans un verre d’eau » puisque, dit-il, l’accord ne pourrait être finalisé tant que le conseil des ministres ne l’a pas encore approuvé. Toutefois, cette même source ne nie pas que les modalités de l’accord concernant une extension du contrat pour une période additionnelle de trois ans ont déjà été conclues avec Alteo. D’où cette fameuse correspondance en date du 19 février précisant, entre autres, que le prix de « trash cane » a été fixé à Rs 4. 45/ kWh.

Mais pourquoi les négociations ont-elles eu lieu au bureau du ministère de l’Énergie et non au CEB et à travers le « Negociating Panel » ? À cela, notre source explique qu’il revient au gouvernement de définir la politique énergétique du pays et puisque l’utilisation de la bagasse comporte une dimension sociale étant liée aux petits planteurs, le ministère de tutelle doit y avoir un droit de regard. Toutefois, insiste-t-elle, même si la rencontre a eu lieu au bureau du ministère de l’Energie, c’est un technicien du ministère qui y a participé et non le ministre lui-même. Toujours est-il que le prix de « trash energy » a été revu à la hausse durant cette réunion. Et qui a, par la suite, obtenu le feu vert du board du CEB. La question qu’on se pose cependant : puisqu’il incombe au ministère de l’Énergie d’appliquer la politique énergétique du gouvernement, est-ce que le technicien de ce ministère aurait pu donner son consentement concernant cette hausse sans la bénédiction de son chef, soit le ministre lui-même ?

Une roupie cadeau

Les parties de l’État se défendent également en disant que de toutes les façons, il aurait fallu débourser le même prix, soit Rs 4. 45/ kWh, pour payer le charbon. « Des 70 millions unités qui devraient être produites à partir du charbon, 3 millions seront produites par la trash cane sur une base pilote. On aurait dû payer Rs 4. 45/ kWh pour le charbon de toute façon. C’est le même prix qu’on paie pour la trash cane, avec l’avantage toutefois que celui-ci relève de l’énergie verte. Je ne vois pas où est le mal ? » nous explique une autre source. N’est-ce pas quand même une injustice envers les petits planteurs qui ne devraient percevoir qu’une roupie sur les Rs 4. 45 ? Réponse cinglante : « Zotte pe gagne sa ene roupie sans fer nanrien, pou cadeau, tandis ki Alteo éna bane coûts notamment collection des feuilles, baling, compaction, etc ».

Cette affaire qui fait grand bruit en ce moment n’est pas près de terminer. Elle est même suivie de très près par le Bureau du Premier ministre, apprenons-nous.