Profanation

S’il en fallait encore une preuve que la politique et la religion ne font pas bon ménage, on l’a eue à Grand-Bassin vendredi. Que voulait prouver le gouvernement en démolissant une tente qui y était érigée par une association dirigée par Anil Baichoo ? Pourquoi a-t-il fallu qu’il y ait des protestations pour que la police accepte enfin de laisser une des deux structures sur place ? En quelle façon cette tente gênait-elle le bon déroulement du pèlerinage ? Bien évidemment, il y a des règles à respecter et on le concède volontiers. Mais pourquoi avoir recours à des méthodes énergiques quand un simple rappel à l’ordre aurait pu arranger les choses ? En agissant de la sorte, la Task Force n’a fait qu’attirer des critiques, les unes plus acerbes que les autres. Rien que pour cet acte odieux, ce comité mérite un carton  rouge pour avoir transformé un lieu de pèlerinage en un terrain d’affrontements politiques. Au lieu d’agir dans l’intérêt des pèlerins, ils ont profané le caractère spirituel de ce lieu ô combien sacré pour nos compatriotes de foi hindoue.

Cette attitude ne nous surprend guère. Après tout, c’est bel et bien ce même gouvernement qui a renié à sa promesse à l’effet que les membres du gouvernement ne prendront pas la parole lors des fêtes religieuses ou culturelles. D’ailleurs, n’a-t-on pas eu un avant-goût de ce quoi est capable ce gouvernement quand la police, avec tout l’arsenal dont elle dispose, avait tenté de démolir la maison des Rujubali à La Butte à la veille de la fête Eid-Ul-Adha ? Les autorités ont-elles oublié le soulèvement populaire que cela avait entraîné ? Dans un pays multiracial tel que le nôtre, il nous faut veiller à ce que les sensibilités religieuses ne soient pas blessées. Une simple décision hâtive et non-réfléchie au nom du progrès, de la modernité ou de la discipline pourrait embraser le pays. Les conseillers du Premier ministre sont peut-être trop technocrates pour comprendre cette rationalité. Mais Pravind Jugnauth devrait, lui, y prêter plus d’attention.