Protocole pénible

La gestion de la crise provoquée suite à l’avis de pluies torrentielles émis par les services de la Météo, jeudi, ne pouvait être plus chaotique. S’il a été décidé assez tôt qu’il n’y aurait pas de classes ce jour-là, par contre, les travailleurs, eux, étaient suspendus à une décision du gouvernement. Si le chef du service civil a tranché dans le vif en se basant sur le protocole existant, Business Mauritius a, lui, tergiversé avant de renvoyer finalement la balle aux chefs d’entreprises, prenant ainsi le soin de s’exonérer de tout blâme au cas où les choses se tourneraient mal. Une décision qui a, comme on pouvait s’y attendre, choqué la classe des travailleurs. Pourquoi ce traitement différentiel entre le secteur public et le secteur privé ? s’est-elle demandée avec raison. Les travailleurs du secteur privé n’étaient-ils pas tout autant à risque que ceux de la fonction publique ou sont-ils dotés de pouvoirs surnaturels leur permettant de résister aux intempéries?

Ce qui nous a surtout interpellés, c’est l’incapacité du ‘National Disaster Risk Reduction and Management Centre’, qui réunit pourtant des représentants de divers secteurs et services, à prendre une décision collective qui soit en faveur de la population dans son ensemble. Pourquoi personne au sein de ce fameux comité de crise n’a-t-il pas élevé la voix contre la décision injuste et arbitraire de Business Mauritius ? En cautionnant une telle décision, le gouvernement, à travers ses représentants, ne s’est-il pas rendu complice du patronat ? Une perception qui a d’ailleurs été accentuée par le silence coupable du gouvernement. Ce n’est que vendredi que le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, a annoncé qu’un comité s’attèlera bientôt à la rédaction d’un protocole global pour les travailleurs. Un autre protocole donc, après celui de « biscuits delo » qui sera revu. Tant mieux !

Cependant, au lieu de s’attarder uniquement sur la révision des protocoles au cas par cas, le gouvernement devrait plutôt aller au fond des choses en revoyant complètement notre mécanisme de gestion de crise. Maurice étant plus que jamais vulnérable aux effets des changements climatiques, nous serons de plus en plus confrontés à ce genre de situation. On ne peut plus se permettre de tirer à hue et à dia. La mise en place d’un nouveau protocole qui soit bien défini et vulgarisé s’avère donc primordiale. Il est aussi impératif qu’un nouveau système d’alerte, basé sur le modèle français ou canadien par exemple, soit mis en place. Il devra être accompagné de consignes précises, ayant force de loi, qui doivent être appliquées aux divers secteurs en cas d’alerte maximale. Ce qui nous permettra alors d’éviter les confusions et les maladresses, comme c’est le cas actuellement…