Cette semaine, nous allons vous faire découvrir les régions de Valetta et de Vuillemin, deux localités situées toujours dans la région de Quartier-Militaire. Si la région de Valetta est réputée pour sa digue scénique et ses cachets touristiques, Vuillemin est par contre moins chanceuse car la plupart de ses habitants sont plongés dans une extrême pauvreté.

Valetta

La digue de Valetta, lieu fort pittoresque

Nombreux sont les pêcheurs et les habitants de l’Est qui viennent s’adonner à la pêche ou organiser des excursions aux abords de la digue de Valetta. Ce lieu qui est sous la responsabilité de la propriété sucrière Mon Désert Alma ne serait pas bien entretenu, selon les dires des habitants.

L’eau provenant de cette digue est aussi utilisée par la CWA pour desservir les villages de Saint-Pierre, Alma et Moka, après avoir été purifiée par des filtres mobiles.

Le restaurant Pépé, incontournable pour les touristes

Situé à proximité de la digue, le restaurant Pépé, aussi connu comme le Green Lagoon, attire bon nombre de visiteurs étrangers et mauriciens dans cette partie de l’île. Mitradev Luckeeram, le gérant de ce commerce, affirme que Valetta est un endroit calme et paisible.

D’emblée, il fait un pressant appel aux autorités pour que des nettoyages réguliers aient lieu aux abords de la digue. Aussi, il demande à ce qu’un terrain de foot soit aménagé à l’intention des jeunes de la région et des habitants en général.

Le ‘Sub Hall’ de Valetta propose toute une panoplie d’activités aux habitants de cette localité. «Nous proposons diverses activités comme des tournois de carrom, de dominos et de snooker à l’ intention des jeunes de la localité. Nous organisons aussi des activités pour les aînés, le ‘response’ des habitants est très positif », explique Ashock Soomirtee, le responsable de ce centre.

Vuillemin 

Vuillemin : une pauvreté absolue et désespérante

Vuillemin est l’une des localités les plus peuplées de la région de Quartier-Militaire. Elle compte à elle seule environ 3 000 habitants. Considérée comme une poche de pauvreté par les travailleurs sociaux, la plupart de ses habitants vivent dans des conditions précaires.

En parcourant les ruelles de ce quartier, une image désolante s’offre à nos yeux. Les conditions de vie dans lesquelles vivent les membres de la famille Pierre-Louis et Lamode choquent beaucoup. Marie-Dorisdé Lamode, âgée de 48 ans, nous fait part de son calvaire.  Sa maison est un véritable fourre-tout. Une unique pièce sert à la fois de cuisine et de chambre à coucher. Une masure à l’image des autres maisons de Cité Vuillemin, des amas de tôle, sans portes ni fenêtres, sans toilettes ni salle de bains. Certains habitants n’ont pas le choix que de se rendre dans les bois à côté pour faire leurs besoins. Les déchets jonchent le sol, pour le bonheur des moustiques et des rats.

La maison de Marie-Dorisdé est une pièce unique d’environ quatre mètres carrés : on voit trois lits en piteux état, des vêtements éparpillés çà et là, ainsi qu’un espace cuisine. « Kan lapli tomber, dilo rente partou dan lakaz. Nou lakaz ossi coulé. Nou ine fer plizir demars ek National Empowerment Foundation mais nou pankor gagne okenn réponse », explique cette mère de 9 enfants. Toutes générations confondues, ils vivent à … 18 personnes dans cette bicoque en tôle !

Abondant dans le même sens, Vianka Pierre-Louis affirme qu’elle ne sait plus à quel saint se vouer, d’autant plus que toutes ses démarches se sont révélées infructueuses. « Mo bane zenfan pane gagne matériel scolaire. Mo gagne boucou difficultés pou envoye zot lekol », déplore cette mère de famille.

L’absence de drains provoque le désespoir

Lors de grosses averses, l’endroit devient « invivable », nous explique-t-on. Ils sont nombreux à réclamer à ce que les autorités leur construisent des drains afin que l’eau des pluies soit évacuée dans les rivières ou les étangs. Il existe aussi un gros problème de fourniture d’eau. Selon les temoignages de certains habitants, ils ne reçoivent l’eau que le matin.

Les espaces libres sont transformés en de réels dépotoirs, donnant ainsi l’occasion aux moustiques ou autres insectes de pulluler.

Sanjana Dewkurrun : une jeune fille qui montre la voie

Elle est l’une de ces rares jeunes qui consacrent leur temps libre à faire du bénévolat et de se mettre au service des plus démunis. En effet, depuis quelque temps déjà, Sanjana Dewkurrun accueille les enfants de Cité Vuillemin dans le village hall de la localité pour les aider à faire leurs devoirs. « Outre le soutien scolaire, j’anime aussi des classes de morale et des activités à l’intention des écoliers », explique Sanjana. Elle déborde d’énergie et essaie d’encourager les jeunes de sa localité à participer aux activités ludiques et récréatives pour les éviter de sombrer dans les fléaux sociaux. Elle est épaulée par un collègue, Yudish Mandhub, qui lui aussi offre des cours particuliers gratuitement aux enfants de la localité.

Impossible aux habitants de s’adonner à leurs loisirs

Les habitants indiquent qu’ils existent un réel manque de loisirs à Vuillemin. « Le terrain de volleyball et le boulodrome (où se pratique le jeu de pétanque) sont dans un état d’abandon. La plupart des gadgets de jeux aménagés dans le jardin d’enfants ne fonctionnent plus », déplore Jean-Marc Dalais, un habitant. Il lance un appel pour que les autorités fassent le nécessaire.

Il demande aussi à ce qu’une pièce additionnelle soit ajoutée à l’actuel village hall, car les après-midis des activités sont organisées à l’intention des écoliers… tandis que faute de place, les adultes sont laissés pour compte.

World Knits: une usine au service des habitants

Implantée en 2001 dans la région de Vuillemin, World Knits est l’une des plus importantes compagnies de textile de la région. Elle emploie 1 350 travailleurs, dont une bonne partie est issue de la région de Valetta et de Vuillemin. « Notre compagnie de textile porte aussi une attention particulière au bien-être des habitants de la région. Durant les fêtes de fin d’année, nous offrons des cadeaux aux enfants de l’endroit. De plus, nous nous occupons aussi de l’école maternelle de St. Léon », explique Preety Cowlessur, Factory Manager à World Knits.

Quatre ans que le terrain de foot est impraticable !

 Quatre ans. C’est le nombre incroyable d’années que le terrain de foot de Vuillemin est hors de service. Christopher Lemerle, membre de l’équipe de football Vuillemin United, exprime sa tristesse que le terrain de foot de la région soit toujours impraticable.  «Boukou zeness Vuillemin ine decourazer ar sport akoz nou pa gagne terrain mem pou pratiqué. District Council nek fer reunion mais nou pa tane nanien », s’insurge ce footballeur.

Nous avons mis la puce à l’oreille de l’attaché de presse du Ministre de la Jeunesse et des Sports concernant le terrain de foot. Il nous a rassuré que son ministère compte faire un suivi sur les doléances des footballeurs de Vuillemin. Souhaitons que le ministère dresse bientôt un plan de réhabilitation du terrain.

Ce village abrite aussi une pépinière, renommée pour ses nombreux plantes et fleurs.

Afzal Goodur: conseiller de village et ‘Monsieur Météo’

Aussi  connu comme « Monsieur Météo » sur les réseaux sociaux, Afzal Goodur fait la fierté de sa localité. En effet, ses messages sur Facebook concernant la pluviométrie font le buzz parmi les internautes. D’ailleurs, durant le passage du cyclone Carlos à Maurice, certains n’ont pas hésité à affirmer que les prévisions d’Afzal Goodur étaient plus précises que celles de la station météorologique de Vacoas ! « La météorologie est un passe-temps et une passion pour moi », affirme-t-il.

Âgé de 46 ans, Afzal Goodur est le propriétaire d’un commerce à Cité Vuillemin et fait du ramassage scolaire avec son ‘school bus’. Il est aussi le conseiller du village council de Quartier-Militaire. Il affirme que Vuillemin est un endroit calme et tranquille mais souligne toutefois qu’il existe un problème majeur de pauvreté. « Nous avons un gros problème de drains dans la région. Le terrain de foot de la localité n’est toujours pas praticable. Je souhaite de tout cœur que les autorités vont résoudre ces problèmes au plus vite », lance-t-il.