Rapport de la commission d’enquête sur l’affaire Britam : Roshi Bhadain dans la ligne de mire du gouvernement

Le rapport de la commission d’enquête sur l’affaire Britam, qui avait été soumis au Président de la République le 4 juillet 2021, a été rendu public. Ce rapport constitue du véritable pain béni pour le gouvernement, qui a eu de l’eau dans son moulin pour s’attaquer à un de ses adversaires les plus acharnés : Roshi Bhadain, le bouillant avocat des Avengers.

Le rapport de la commission d’enquête recommande à ce que les autorités compétentes enquêtent s’il y a eu délit de ‘forgery’ par les personnes suivantes : Roshi Bhadain, son ancien conseiller, Akhilesh Deerpalsing, Ebrahim Afsar, haut cadre de BDO Mauritius et Khapre Sandeep, le CEO de BDO East Africa (la firme BDO est une firme d’experts comptables dont les services avaient été retenus par le ‘Special Administrator’ (Yacoob Ramtoola) qui s’occupait des ventes des biens du défunt groupe BAI).

Le rapport recommande aussi que les agissements du dénommé Afsar Ebrahim et de Yacoob Ramtoola soient passés au crible par les autorités concernées pour voir s’il y a des possible délits sous l‘Insolvency Act.

Pour rappel, après l’écroulement de tout le groupe BAI, le gouvernement devait nommer peu après un ‘Special Administrator’, notamment Yacoob Ramtoola, chargé de vendre tous les avoirs de la BAI, incluant les 23 % d’actions que le groupe BAI détenait dans Britam (Kenya), la principale compagnie d’assurances du Kenya.

En juin 2016, le gouvernement de Maurice vend les actions du défunt groupe BAI pour une somme de Rs 2,4 milliards à Peter Munga, un homme d’affaires kenyan qui détenait déjà 16,9 % d’actions au sein de Britam. Ce qui lui permet de devenir l’actionnaire principal de la compagnie. Or, la partie mauricienne n’avait pas retenu une offre de Rs 4,3 milliards d’un acheteur potentiel, la firme sud-africaine, MMI Holdings Ltd. C’était alors Roshi Bhadain qui était le ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance.

En mai 2017, une commission d’enquête avait été mise sur pied sur cette affaire. C’est l’ex-juge Booshan Domah qui avait assuré la présidence, avec comme assesseurs Sattar Hajee Abdoula et Imrith Ramtohul.

Selon elle, il y aurait ‘forgery’ d’un procès-verbal d’une réunion qui se serait déroulé le 18 novembre 2015 à Nairobi. Dans la première version de ce procès-verbal, il y aurait une offre de Peter Munga de l’ordre de Rs 4,3 milliards (pour rejoindre l’offre de MMI Holdings Ltd), tandis que dans la deuxième version, il est fait mention de ‘mutually accepted valuation’, sans préciser le montant. Cette version avait été soumise après que la commission d’enquête avait commencé à siéger, par quelqu’un qui, selon la commission, a senti que « the shoes were starting to pinch ».

Cette commission d’enquête devait qualifier tout le ‘deal’ de « Manowari project », un mot africain qui veut dire ‘sous tapis’. Pour elle, les Mauriciens ont été « taken for a ride » par Peter Munga.