[Réajustement salarial] Narendranath Gopee : « Une formule dépourvue de sens »

Le réajustement des salaires a finalement été annoncé par le gouvernement, dont les ministres Renganaden Padayachy, Soodesh Callichurn et Anjiv Ramdhany, vendredi. Il entrera en vigueur dès ce mois juillet 2024, mais sera payé avec effet rétroactif en août ou septembre. Les hausses varieront ainsi de Rs 600 à Rs 2925 pour les travailleurs des secteurs public et privés qui touchent un salaire de moins de Rs 50 000. Cette annonce est censée apporter un ‘feel-good factor’ dans le pays après la hausse vertigineuse du coût de la vie, mais aussi d’une part, pour prévenir principalement les inégalités salariales causées par la hausse du salaire minimum et d’autre part, pour amadouer les travailleurs à l’approche des élections générales. Sauf qu’elle ne semble pas avoir eu l’effet escompté.

« C’est purement du bluff ! », lance d’emblée Narendranath Gopee, négociateur de la ‘Federation of Civil Service and Other Unions’ (FSCOU) et président de la NTUC. Selon lui, le gouvernement n’avait pas d’autre choix que de venir de l’avant avec ce réajustement salarial suivant les pressions exercées par les travailleurs et les syndicats. « Le gouvernement était coincé. Il a déjà joué toutes ses cartes, et c’était probablement la seule qu’il lui restait », soutient-il. Il dit ne pas comprendre la formule adoptée par le ministre du Travail, Soodesh Callichurn. « Eski li ena ene différente notion de la relativité ? Li dire prend salaire décembre ajoute Rs 4925 lor la, après retire salaire janvier. Saem relativité la sa ? Mo pa trouve aukaine logique ladans. Ki fer ? Ki formule sa ? Ki algorithme fine servi ? » se demande-t-il, en insistant que cette formule est sans queue ni tête.

Le syndicaliste dit comprendre la difficulté qui existe pour amener une relativité salariale dans le secteur privé en raison des 31 entreprises qui sont régies par le ‘Remuneration Order’ (RO) contrairement aux d’autres qui déterminent leurs propres salaires. « Un chauffeur du secteur privé dont l’employeur est régi par le RO peut toucher Rs 12 000 alors qu’un autre peut, lui, obtenir un salaire de Rs 15 000 pour le même travail », explique-t-il. Il déplore ainsi le fait que le gouvernement ait apporté encore plus de désordre que celui qui existait déjà. Or, dit le syndicaliste, pour résoudre ce problème, il fallait d’abord établir une liste selon les différents grades des travailleurs, comme cela existe dans le secteur public, avant de définir une grille salariale principale, connu comme un ‘Master Salary Scale’, avant de faire le réajustement salarial. Ce qui aurait permis un certain équilibre, selon lui.

Narendranath Gopee martèle que l’exercice annoncé par le gouvernement est loin d’un réajustement salarial. « Avec formule Callichurn, aster pou ena ene salaire minimum pou general Worker, ene salaire minimum pou diplômés et ene lot salaire minimum pou gradués », fustige-t-il, en insistant que cela n’a pas de sens. Quant au 5% de réajustement salarial proposé prétendument par le rapport intérimaire du PRB, il demande au ministre Callichurn de le rendre public si celui-ci est effectivement prêt. Le ministre de la Fonction publique, Anjiv Ramdhany, en prend également pour son grade. « 5% la pas réalignement sa. Pas pe dire ou donne ene pourcentage intérimaire parski rapport PRB bizin sorti en 2026. Pas sa mo pe dire ou. Seki mo pe dire ou seki ena ene distorsion salariale par rapport à nouveau salaire minimum de Rs 15 000 ki demane ene réajustement salarial dans le secteur public », lance-t-il.

Notre interlocuteur souligne que la FCSOU a déjà travaillé sur une relativité salariale « bien distribuée » pour la fonction publique. Ce qui permettrait de résoudre les disparités causées par le salaire minimum de Rs 15 000. Or, estime-t-il, le gouvernement a préféré présenter un exercice dépourvu de sens. « Zot pe bluffer. Le gouvernement ne vise que les prochaines élections. Ce n’est qu’une bribe électorale, rien de plus. Pe couyone travailleurs pou fer zot croire que c’est réalignement », conclut-il.