‘Recount’ ordonné dans la pétition électorale de Jenny Adebiro : Les juges font état de « glaring and unexplained discrepancies »

Les juges Aruna Narain et Denis Mootoo, dans un jugement en date du 21 janvier, ont ordonné un recomptage des voix entre Jenny Adebiro et Ivan Collendavelloo dans la circonscription no 19 (Stanley / Rose-Hill).  Selon les directives des juges, ce sera l’Acting Master & Registrar de la Cour suprême qui effectuera le ‘recounting’, en présence de la pétitionnaire, du premier défendeur et de toute autre personne en droit d’être présente dans un centre de dépouillement le jour des élections. Le commissaire électoral doit produire dans les plus brefs délais devant l’Acting Master & Registrar les bulletins de vote de la circonscription no 19 et d’autres documents pertinents. À la suite de cet exercice, le ‘Returning Officer’ devra déclarer dans le centre de dépouillement de la circonscription no 19 le ou la candidate qui a obtenu le plus grand nombre de voix.

Dans leur jugement, les juges écrivent que : “There are good grounds for believing that there have been mistakes in the counting of the votes, which the fourth respondent [NdlR : le ‘Returning Officer’] or the representative of the second respondent [NdlR : le Commissaire électoral] has not sought to explain or justify.” Ils ajoutent que : “The figures in the Recapitulation of Votes form on which the fourth respondent [NdlR : le ‘Returning Officer’] based himself to declare candidates elected cannot in the circumstances be relied upon.”

Les juges ont aussi pris en considération l’étroit écart qui sépare Jenny Adebiro et Ivan Collendavelloo (NdlR : seulement 92 voix d’écart) et pensent qu’il y ait une réelle possibilité que cette différence ait été causée par des erreurs dans le processus de décompte. Les juges expliquent qu’ils sont conscients que Jenny Adebiro s’est focalisée sur la ‘Computer Room’ pour demander un ‘recount’ et non sur l’exercice de récapitulation des votes par le ‘Returning Officer’.  Toutefois, vu les “glaring and unexplained discrepancies in the Recapitulation of Votes form”, le fait que les autres défendeurs n’ont pas objecté à un ‘recount’, et le besoin de “uphold the integrity of the electoral process, including the counting process, we hold that a recount may exceptionally be ordered in this case on grounds not averred in the election petition”.

Jenny Adebiro : « La vérité commence à éclater »

Jenny Adebiro se dit « soulagée » suite à cette décision de justice. « Justice a été rendue », lâche-t-elle. Pour elle, sa patience a porté ses fruits et la vérité commence à éclater. Elle dit attendre le grand jour du ‘recount’ et s’attend à ce que les résultats soient positifs.

« Cela n’a pas été facile pour moi. Deux ans de travail ont été perdus pour rien », dit-elle. « Mais il ne faut jamais regarder en arrière ». Elle se sent encore plus forte après ce jugement. Elle tient à remercier tous ceux qui l’ont soutenue dans sa démarche de déposer une pétition électorale.

Ivan Collendavelloo : « Laissons la justice faire son travail »

Ivan Collendavelloo s’est montré plutôt avare en commentaires, bien que sa brève déclaration en dit long sur son état d’esprit. « Il est important de savoir que c’est l’Acting Master and Registrar qui fera l’exercice de décompte et non le Commissaire ou la Commission électorale ». Il dit attendre les résultats de ce nouveau décompte avant de faire de commentaire.

Bérenger : « Appel solennel au Commissaire électoral pour qu’il ne fasse pas de volte-face »

Paul Bérenger a, lors de la conférence de presse de l’Alliance de l’Espoir tenue hier, lancé un appel solennel au Commissaire électoral Irfan Rahman pour qu’il ne fasse pas de volte-face dans la pétition électorale au no. 1 ainsi que dans les autres cas où il y a eu des anomalies relevées sur la base des documents fournis par la Commission électorale. « Qu’il consentisse à ce qu’il y ait un recount là où des « discrepancies » ont été notées. Il n’a pas le droit de faire de volte-face », a-t-il soutenu, en ajoutant que le Commissaire électoral sera jugé sur l’attitude qu’il adoptera.

Le leader de l’Opposition a, pour sa part, affirmé qu’il ne coûtera pas plus d’une demi-heure au Commissaire électoral de vérifier les documents dont il dispose et de « come clean » dans l’éventualité qu’il y a d’autres irrégularités, d’autant qu’on est à la veille des élections municipales. « Élections c’est pas ene farce », a insisté Xavier Duval.

Me Sanjay Bhuckory, qui avait représenté Raj Ringadoo lors de la contestation de l’élection d’Ashok Jugnauth, nous explique qu’il ne faut pas se précipiter pour généraliser en ce qui concerne les autres pétitions électorales où un ‘recount’ a été demandé. « Chaque pétition doit être prise sur ses propres mérites », nous fait-il comprendre.  Selon lui, la balle est dans le camp du Commissaire électoral. Il dit être confiant que ce dernier fera ce qui doit être fait dans les autres pétitions électorales où un ‘recount’ a été demandé.

Il nous explique que l’élément de certitude est très important dans une démocratie et que les juges ont eu raison de mettre des restrictions. Il s’agit d’élus du peuple et l’on ne peut pas contester leur élection pour un oui ou pour un non, à tout bout de champ. C’est pour cette raison qu’un pétitionnaire a une échéance très restreinte de 21 jours pour déposer sa pétition électorale.