Recul

Ni le rapport de l’IDEA sur le recul de la démocratie à Maurice ni l’article de ‘Reporters Sans Frontières’ (RSF) qui dénonce les attaques grandissantes contre des journalistes mauriciens n’est une surprise pour nous. C’est malheureusement ce que la presse, l’opposition, les syndicalistes et la société civile se tuent à dire depuis quelques temps. Mais le gouvernement s’étant muré dans l’indifférence, il devra aujourd’hui accepter les conséquences qui en découlent. Principalement la piteuse image que projette désormais notre pays de moins en moins paradisiaque sur le plan international. Ce qui aura un effet certain sur l’investissement, puisqu’il va sans dire que les investisseurs se fient aux indicateurs globaux de bonne gouvernance et de démocratie avant qu’ils ne songent à injecter leurs capitaux dans un pays.

Gone are the days’ durant lesquels Maurice était cité comme un modèle de démocratie en Afrique. Aujourd’hui, il se trouve parmi les huit pays qui ont connu un recul démocratique sur les cinq dernières années. Mais il est clair pour nous que les signes précurseurs d’une démocratie en déclin remontent à 2017 quand le Premier ministre d’alors avait cédé son fauteuil à Pravind Jugnauth. C’est précisément à partir de là, quand le fils a pris le pouvoir des mains de son père sans passer par des élections, que notre démocratie a commencé à voler en éclats. Ce massacre de notre démocratie s’est poursuivi d’une façon encore plus écœurante depuis les élections de 2019, témoins de graves irrégularités. Ironiquement, ce même MSM avait soutenu dans son manifeste électoral en 2014 que « consolider la démocratie est un impératif de stabilité et de développement que nous tenons à cœur ».

Cette promesse est aujourd’hui perdue dans les méandres des abysses où nous a poussés ce gouvernement. Idem pour la pension de vieillesse que le MSM de Pravind Jugnauth avait pris l’engagement de ramener à Rs 13 500. Nos pauvres aînés se retrouvent effroyablement comme les dindons de la farce. Ils ont de nouveau été privés de compensation salariale alors qu’ils font tout autant face à la cherté de la vie que le reste de la population. Ils sont contraints de souffrir en silence, en prenant leur mal en patience, comme leur a demandé cet insensible ministre des Finances. Ils ne seront revalorisés qu’à la veille des prochaines élections parce que leurs votes vaudront alors de l’or. Mais n’essayons pas de comprendre le fonctionnement du gouvernement. Il ne fait que ce qui lui plait et ce qui le sied.

Une baisse des prix des carburants ne convient pas au régime en place, il ne recule donc pas. Puisqu’une baisse des prix lui privera des revenus qu’il lui faut pour financer ses extravagances et remplir les poches de ses proches à travers de juteux contrats. Il se fiche ainsi des revendications populaires. Ou de la grève de la faim d’un brave citoyen de notre République. C’est cette attitude désinvolte et revancharde qui nous a fait reculer sur le plan de la démocratie. Et cette chute se poursuivra tant que le MSM de Pravind Jugnauth sera au pouvoir.