Renouvellement de la carte d’identité biométrique :Quelle l’urgence ?

photo d'llustration

Encore des dépenses inutiles pour l’État mauricien ? Le ministre de la Technologie a annoncé durant son discours budgétaire la semaine dernière qu’il est envisagé de remplacer la carte d’identité biométrique actuelle, un projet qui pourrait coûter dans le milliard de roupies, en se basant sur le coût de l’actuelle carte. Un retournement de veste surprenant de la part du gouvernement de Pravind Jugnauth, qui avait même logé une affaire en Cour suprême pour contester l’actuelle carte.

Selon le ministre de la Technologie, Deepak Balgobin, dans son discours budgétaire la semaine dernière : « It is proposed to replace the current Mauritius National Identity Card (MNIC) by state-of-the-art technology, with enhanced security features, and which could be used to provide a wider spectrum of customised e-Services. My Ministry, which will be the technical arm of this project, and the Civil Status Division have already worked on this project, and as indicated, it will be implemented by 2023 ».

Toujours selon le ministre Balgobin, le Mauritius National Identity Card Scheme, (MNIC) introduit en 2013, est arrivé à terme car ce dernier est en opération depuis environ 10 ans. « It is now high time to revamp the whole system », dixit le ministre.  À l’époque ce projet avait coûté aux alentours de Rs 1,1 milliards. La question sur toutes les lèvres : est-ce un autre gaspillage du gouvernement, alors que l’on vient de traverser un deuxième confinement et que la situation économique est au bord du gouffre ?

Le député travailliste Patrick Assirvaden nous indique qu’il attend plus de renseignements sur ce sujet de la part du ministre de la Technologie, Deepak Balgobin, car il avait souligné dans le passé qu’il y aura une nouvelle carte d’identité biométrique à partir de 2023. « On préfère qu’il vienne s’expliquer sur ce changement et combien cela coûtera. On ne doit pas oublier que ce gouvernement était contre l’introduction de la nouvelle carte identité biométrique. Il avait mené une campagne contre et avait même saisi la Cour suprême », avance-t-il.

Le député rouge s’interroge si la carte d’identité biométrique est une priorité dans la situation actuelle : « Est-ce que c’est une priorité du pays alors qu’il y a une crise sanitaire ? Il n’y a plus d’argent et il faut puiser des réserves pour faire la nouvelle carte identité. » Pour lui, il est clair que c’est un gouvernement qui n’a aucun sens des priorités.

Chedumbrum Pillay, ancien ministre : « Pou kokin enkor ! »

 « Cela confirme que nous avons un gouvernement ‘mafia’», nous déclare l’ancien ministre de la Technologie, Tassarajen Chedumbrum Pillay. Il estime que c’est une décision saugrenue alors que le pays traverse une crise sans précédent, que la situation économique est catastrophique et qu’il faut taxer l’essence et le diesel au détriment des automobilistes, pour pouvoir faire rouler le pays. « Quelle est la nécessité de changer la carte d’identité maintenant ? », se demande-t-il.

L’ancien ministre de la Technologie poursuit que l’ancienne carte identité existait depuis 1987. Il a été remplacé en 2013 par une nouvelle carte identité qui est là depuis environ 7 ans, et que le gouvernement actuel veut faire remplacer. Il ne mâche pas ses mots : « Pou bez cash enkor ladan et pou kokin enkor ! »

Selon lui, il y avait plusieurs ‘features’ qui n’avaient pas encore été ajoutés dans la carte biométrique et qui pourraient y être ajoutés, sans déranger quoi que ce soit. Il insiste qu’on pouvait aisément changer seulement le ‘hardware’ des ordinateurs et des imprimantes, et que cela ne coûtera pas des milliards.

« C’est Pravind Jugnauth lui-même qui avait contesté la nouvelle carte biométrique et qui avait aussi logé une affaire en Cour suprême. D’ailleurs, il avait lui-même refusé de faire sa propre carte d’identité. Qu’est-ce qu’il fait maintenant ?», fustige-t-il.

Kugan Parapen, économiste : « Le moment de diminuer les dépenses ! »

L’économiste Kugan Parapen se pose la même question sur l’urgence de changer la carte identité biométrique. « C’est le moment de diminuer les dépenses et de relancer les activités économiques et créer de nouveaux piliers pour l’économie », nous affirme Kugan Parapen.