Rentrée des classes : Réduction de la semaine scolaire : Nécessaire mais problématique

La rentrée scolaire est prévue pour le 5 juillet prochain. Comme annoncé par la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookhun Luchoomun, les élèves des différents Grades iront à l’école différents jours de la semaine, avec le protocole sanitaire rigoureusement appliqué. Même si la rentrée se fera dans la transparence et dans le respect des mesures sanitaires, l’inquiétude demeure pour les parents, enseignants et les syndicalistes.

Les modalités de la reprise scolaire sont comme suit. Notons que cette formule sera appliquée jusqu’à la fin du premier trimestre, soit le 27 août.

Pour les élèves du préprimaire

Les écoliers de 3 ans devront se rendre à l’école deux jours par semaine.

Quant aux écoliers de 4 ans, ils devront se rendre dans leur établissement trois jours par semaine.

Pour les élèves du primaire

Les élèves des Grades 1 à 3 devront se rendre à l’école deux jours par semaine et ceux des Grades 4, 5 et 6 devront se rendre à l’école trois jours par semaine.

Pour les élèves du secondaire

Les élèves des Grades 7 à 10 devront se rendre deux jours par semaine et pour les élèves des Grades 11, 12 et 13, ce sera trois jours par semaine.

Les syndicalistes : « Une période d’adaptation difficile »

Vinod Seegum, président de la Government Teachers’ Union (GTU) fait ressortir qu’il sera difficile pour les enseignants et les élèves de s’adapter à ce nouveau mode de travail.

Ce problème d’adaptation sera surtout observé dans les écoles qui comptent plus d’une trentaine d’élèves par classe, comparativement aux établissements qui ont moins d’élèves par classe, car ces derniers auront une plus grande marge de manœuvre.

Toutefois, il se dit conscient que cette décision a été prise par le ministère pour mieux gérer la situation par rapport à la propagation du virus. « Dans un premier temps, nous devons nous adapter à cette façon de travailler, jusqu’à ce que tout redevienne à la normale », dit-il.

Soondress Sawmynaden, l’ex président du syndicat des recteurs des collèges d’État, pense que ce sera difficile de compléter le programme scolaire à temps si les classes se tiendront pendant deux ou trois jours par semaine.

Dans un premier temps, toute l’organisation devra être revue pour pouvoir faire face à cette situation.

Soondress Sawmynaden souligne aussi que les établissements devront trouver un moyen de faire un suivi avec les élèves les jours où ils ne seront pas à l’école.

Les enseignants : Entre espoir et appréhension

Ashwan Allock est enseignant en ‘Business Studies’ au collège Beekrumsingh Ramlallah. Pour lui, étant donné que nous vivons une situation difficile en raison de la pandémie de covid-19, le gouvernement a pris une bonne initiative.

« L’introduction d’une semaine scolaire de deux ou de trois jours pour la reprise est nécessaire car le ministère de l’Éducation ne veut pas mettre en péril la vie des étudiants. Cela permettra de mieux contrôler la situation à l’école », dit-il.

Pour lui, tous ceux responsables, que ce soit les enseignants ou le personnel ancillaire, doivent s’assurer que les mesures sanitaires soient respectées, comme l’utilisation de désinfectant pour les mains, le port du masque et la distanciation sociale dans l’enceinte de l’école.

Il nous explique que cette idée de se rendre à l’école deux ou trois fois par semaine pourrait être la solution idéale car il permet de contrôler et de protéger nos apprenants à l’école. « C’est une bonne décision qui va probablement éviter les attroupements et qui permettra d’observer la distanciation sociale dans les salles de classe », soutient-il.

Outre les étudiants, cette initiative permettra aussi de protéger le personnel enseignant, le personnel non enseignant, ainsi que toute la communauté en général.

Il devait ensuite aborder les problèmes de l’enseignement en ligne pour démontrer que la reprise des classes était nécessaire.

Il avait lui-même donné des cours en ligne pendant deux semaines à travers l’application Zoom. Cette méthode d’enseignement était assez efficace pour les élèves qui disposaient des ressources nécessaires, comme un ordinateur et une connexion Internet. Cependant, pour les élèves qui n’avaient pas ces moyens, une reprise des classes s’avère alors nécessaire.

Il suggère ainsi que lors de cette rentrée, on se focalise sur une récapitulation sur les chapitres qui ont été couverts lors des cours en ligne. « Que nos apprenants ne se sentent pas perdus dans leurs études car il faut avoir à l’esprit la qualité de l’éducation que nous prodiguons », dit-il.

Que se passera-t-il pendant les jours de semaine quand les élèves resteront chez eux ? Lorsque les élèves seront à la maison, il incombera à l’éducateur de s’assurer que suffisamment de ‘homework’ a été remis aux élèves pour qu’ils restent engagés dans leurs études.

De même, la responsabilité des parents est aussi impliquée. Ils doivent surveiller ce que leurs enfants font lorsqu’ils sont à la maison.

Il pense qu’il est possible que l’on atteigne nos objectifs sur le plan académique. « Nous devons rester positifs en ce sens, » conclut-il.

Mutha Pillay, un enseignant de Modern College, pense que ce sera dur pour les élèves et les professeurs.

Il nous explique que certains élèves font plus de dix sujets dans certaines écoles, et le fait de se rendre à l’école pendant seulement deux ou trois jours par semaine leur posera des problèmes.

D’autre part, il est d’avis qu’il n’y aura pas assez de temps pour couvrir tout le programme scolaire.

Au niveau du ‘timetable’, cela posera aussi problème car il faudra tout modifier.

Dans un premier temps, le nombre d’enseignants ne suffira pas dans les établissements, selon lui. Il se demande si le ministère a déjà pris les dispositions nécessaires pour trouver une solution à ce problème.

Un autre problème qu’il fait ressortir : les élèves des différents établissements termineront à la même heure, et il se demande comment faire pour éviter les rassemblements entre les élèves à ce moment-là. Ainsi, il demande au ministère de revoir sa stratégie sur certains points.

 « Dans l’ensemble, c’est une bonne chose pour éviter la propagation de la pandémie mais cela se fera au détriment des élèves », dit-il.

Parents et élèves : « C’est un sacrifice auquel nous devons consentir »

Stéphanie Sagum, mère de trois enfants au secondaire, se dit être inquiète par rapport à cette rentrée.

Vu le fait que les enfants n’iront à l’école que deux ou trois jours par semaine, elle se demande s’ils vont pouvoir assimiler tout ce qu’il y a à apprendre.

Elle pense que ce sera difficile pour les enfants car les classes en ligne ont déjà eu un impact négatif sur les résultats de ses enfants. « Je me demande comment les enfants vont arriver à gérer tout cela ? », s’interroge Stéphanie.

Shazia Mohammed, qui est également mère de deux enfants, se dit craintive par rapport à la rentrée scolaire.

Pour elle, la situation sur le plan sanitaire devient de plus en plus inquiétante, vu que les cas de covid-19 ne cessent d’augmenter.

Selon elle, c’est une bonne idée que les enfants iront à l’école pendant deux ou trois jours seulement par semaine, ce qui minimisera les contacts entre les élèves. Toutefois, cette mesure aura un impact sur les étudiants.

Elle souligne que depuis mars dernier, elle est en train d’aider ses enfants quoique ces derniers aient besoin d’explications approfondies.

« Je suis une femme au foyer et j’arrive à aider mes enfants pendant mes temps libres, mais qu’en est-il des parents qui travaillent ? De ce fait, ce sera difficile pour les enfants de s’adapter a ce nouveau mode de travail », dit-elle.

Nirvi Sagum, la fille de Stéphanie Sagum, est fréquente un collège d’État. Elle nous explique qu’elle est inquiète car ce sera un peu difficile pour elle de ne pas aller à l’école tous les jours.

Elle se demande comment elle va faire si elle rencontre un problème dans une quelconque matière. « Déjà, avec la pandémie, nous avons beaucoup perdu au niveau académique, ce qui a grandement affecté mes résultats. Je ne sais pas ce qui va se passer mais je suis craintive face à cette décision de la ministre de l’Éducation », avance Nirvi.

Certes, elle pense que les enseignants seront toujours là pour aider les élèves mais les choses ne seront plus comme auparavant. Pour elle, les classes en ligne ne portent pas vraiment leurs fruits et elle préfère de loin que les classes se font en face à face avec les profs. Ainsi, si un problème surgit, la discussion peut se faire en classe pour que tous les élèves puissent en profiter.

Shirish Kowal est un autre étudiant au même collège d’État. Selon lui, l’interaction en classe, en face à face, est vraiment importante pour les étudiants, car ils ont tendance à être  distraits lorsqu’ils suivent les cours en ligne.

« Je pense que trois jours par semaine se révèleront insuffisants pour que nous puissions assimiler pleinement le programme de l’école, qui est lourd pour moi et d’autres élèves. Mais étant donné la situation actuelle, je comprends que c’est un sacrifice auquel nous devons consentir », avance-t-il.

Cependant, il espère que les deux jours que les élèves passeront à la maison seront utilisés à bon escient par l’école ainsi que par les élèves.