Reprise des activités pour les marchands ambulants : Aucune lumière au bout du tunnel

Les marchands ambulants ont repris le travail ce 1er juillet, et sont à pied d’œuvre pour redémarrer leurs affaires. Toutefois, les clients se font rares. Plusieurs de ces marchands nous expliquent qu’ils se sont lourdement endettés durant ces trois derniers mois, dans le sillage du 2e confinement, et ne savent pas comment faire pour sortir la tête hors de l’eau. La rentrée scolaire prévu ce lundi, est singulièrement venu compliquer les choses.

Nazir Khodadin, un père de famille, habitant Vallée-Pitôt, nous explique qu’il a commencé à travailler jeudi, mais l’atmosphère est monotone. « On ne fait que s’assoir et on attend que des clients veulent bien acheter quelque chose. Mais ils n’achètent pas grand-chose vu la situation actuelle. » Il pense que cette scène se reproduit un peu partout à travers l’île. « Il est normal que les gens n’achètent presque rien, vu la hausse des prix des produits alimentaires », poursuit-il. Il a bénéficié de l’assistance de la MRA, mais cinq ou dix mille roupies par mois ne sont pas suffisantes pour une maisonnée. « Il y a beaucoup de dettes à rembourser », ajoute-t-il d’un ton las.

Même son de cloche du côté d’Amatool Karoo, une habitante de Ste. Croix, qui se sent angoissée par la situation de sa famille. Son mari souffre d’un handicap et il ne peut pas travailler. Les responsabilités familiales sont retombées sur ses épaules. Elle affirme que depuis le matin, elle n’a eu affaire qu’à un seul client. « Ce n’est pas facile ! Pendant les quatre derniers mois, je n’ai pas pu travailler. Je suis lourdement endettée », dit-elle. Selon elle, le gouvernement avait dit aux marchands qu’ils allaient recevoir une allocation mais ils ont attendu en vain. « Je ne peux pas demander de l’aide continuellement aux proches ou aux voisins. J’ai reçu de l’aide une fois pour pouvoir payer les factures mais je ne peux pas encore leur exiger de l’aide. »

Elle a soumis leformulaire de la MRA pas moins de trois fois. Selon elle, les autorités pratiquent une certaine forme de favoritisme. Valeur du jour, elle nous affirme qu’elle n’a reçu aucune aide de ces derniers. « Choisir quoi consommer est devenu primordial. Je n’achète plus que les choses essentielles pour la maison », souligne-t-elle.

Nazleen, une habitante de Vallée-Pitot, déplore la situation dans laquelle les commerçants se trouvent. « Je viens tôt le matin pour travailler. Je fais plusieurs sacrifices afin de faire rouler mon foyer mais en vain, car il n’y pas de clients. Ils n’ont pas les moyens d’acheter nos articles vu l’augmentation des prix », nous explique cette dernière. Elle avait bénéficié de l’aide de la MRA pendant le premier confinement, mais cette fois-ci, pour ces trois derniers mois, aucune aide n’est venue, alors que ses dettes s’accumulent. « J’ai téléphoné à la MRA, mais on m’a dit d’attendre », dit-elle.

Farzana, une mère de famille avec deux enfants, habitant Pailles, nous explique qu’elle n’a pas encore fait les achats scolaires pour ses enfants, vu le manque d’argent. « Pour la rentrée scolaire, il est normal que les enfants ont besoin d’uniformes, de chaussures ou d’autres fournitures scolaires. Mais je n’ai rien pu leur acheter », nous dit-elle, les yeux embués.En outre, elle n’a pas encore payé le chauffeur du van scolaire. Ces trois derniers mois ont été source pour elle de plusieurs problèmes financiers. Elle veut désespérément travailler mais les clients se font rares. Ils évitent de sortir vu le nombre de cas de covid-19 qui continuent d’augmenter, nous dit-elle.