Résultats de la School Certificate : Le malaise de notre système éducatif

Un mélange d’incompréhension et de colère règnait dans plusieurs collèges de l’île. Ils étaient 18 659 à prendre part aux examens du School Certificate, mais seuls 30 % ont pu franchir la barre des ‘5 credits’ leur permettant de faire leur entrée en Lower VI. 5 518 élèves ont eu le nombre de ‘credit’ requis, tandis que les 13 141 autres vont devoir soit refaire le SC, ou partir dans une école vocationnelle, ou tout simplement mettre fin à leurs études .

Armoogum Parsuramen : « Le système éducatif a échoué »

Or, les réactions ont été vives. Selon l’ancien ministre de l’Éducation, Armoogum Parsuramen, « Le système éducatif a échoué. Cela donne une mauvaise image pour le pays au niveau international. » 

Pour lui, le ministère de l’Éducation devrait savoir gérer cette situation : « la mise en place des ‘5 credits’ devrait avoir un suivi, notamment en terme de l’évolution des élèves. » Il soutient aussi que le ministre de l’Éducation ne devrait pas rester sur la défensive. « Que la ministre ait un ‘open mind’, et qu’elle reunisse tous les parents, les enseignants, le MIE, le MES, entre autres, et toutes les personnes de bonne volonté, sur la situation actuelle », dit-il.

Qui plus est, « L’impact psychologique sur ces enfants n’est pas negligeable. On devrait accepter les realités et les problèmes auxquels le système d’éducation fait face, par exemple les drogues synthétiques, les valeurs dans les écoles, le comportement des élèves etc. Les parents n’ont pas assez d’occasion pour assumer pleinement leurs responsabilités », constate-t-il.

Les commentaires de l’ancienne présidente de la République, Ameenah Gurib Fakim sur sa page Facebook étaient aussi pertinentes : « Je ne pense pas que 70 % ont échoué à l’examen, le système et nos institutions les ont échoués…»

Dharam Gokhool : « On va vers la mort lente de l’éducation publique »

L’ancien ministre de l’Éducation, Dharam Gokhool ne cache pas son inquiétude. Ce dernier nous affirme qu’avec le PSAC, le NCE et le SC, ce sera la mort à petit feu de l’éducation publique de l’ile.

Dharam Gokhool aborde avant tout le taux de réussite des élèves du School Certificate. « Nous constatons que le taux de réussite était de 71 % à 73 % quand le critère pour accéder au Higher School Certificate était de trois ‘credits’. Pour la cuvée de 2019, le taux de réussite est de 70.93 % », nous dit-il.

Le « trompe-œil »  pour privatiser l’éducation publique

Pour lui, il y a une stratégie déguisée : le gouvernement va ainsi graduellement privatiser l’éducation publique, sans que les Mauriciens ne s’en rendent compte.

Ainsi, avec le PSAC, une partie d’élèves vont grimper une marche, tandis que d’autres non. Ensuite vient le National Certificate of Education (NCE) au niveau du Grade 9 (Form III). Après ces examens, une partie va continuer leurs études tandis que d’autres vont arrêter pour des cours polytechniques, alors que beaucoup de parents n’ont pas les moyens de payer ces cours pour leurs enfants.

Finalement, nous avons les 5 ‘credits’ de la Form 5, où encore des élèves seront recalés. Beaucoup devront arrêter leur scolarité et se tourner vers les formations vocationnelles. Donc, graduellement, le PSAC, le NCE et l’exigence des 5 ‘credits’ au niveau du SC vont causer la mort lente de l’éducation publique de l’ile Maurice.

 

Les propositions du Dr Michael Atchia

« On peut fort bien donner la chance à ceux qui ont seulement 3 ou 4 ‘credits’ de monter en L VI »

L’ancien professeur du Mauritius Institute of Education (MIE), le Dr Michael Atchia, nous a fait parvenir des propositions pour permettre aux candidats du SC qui ont eu moins de 5 ‘credits’ en 2019 (et qui ne veulent pas intégrer la filière vocationnelle très valable en elle-même !) de continuer les études académiques en Lower VI en 2020.

« Je crois qu’il faut donner à chacun une chance dans la vie. Ceux qui ont plus de 5 ‘credits’ pourront faire leur HSC, mais il ne faut donner une ‘fighting chance’ à ceux qui ont eu moins de 5 ‘credits’ », nous déclare-t-il.

Ses propositions :

Qu’on laisse ceux qui ont eu seulement 3 ou 4 ‘credits’ de passer en Lower VI. Mais, ils devront compléter les sujets où ils n’ont pas eu les ‘credits’ requis. Par exemple, un élève qui a eu 3 ‘credits’ devra compléter les 2 ‘credits’ restants afin d’avoir les 5 O’ Level nécessaire.

L’élève, en Lower VI, devrait alors se préparer pour les examens ‘O- level pour juin 2021. Il aura un an et demi pour le faire et il aura alors un total de 5 sujets au niveau ‘O-Level’.

En Lower VI, l’élève choisira donc deux sujets ‘A-Level’, sans sujet Subside ni General Paper. À la fin de l’année suivante 2021, l’élève compose ces deux sujets ‘A-Level’.

Au final, cet étudiant aura 5 ‘O-Level’ PLUS 2 ‘A-Level’, comme requis par les ‘University Entry Requirements’. Ainsi, il pourra être admis dans une université. Il y a 55 universités à Maurice, donc une grande diversité de choix

Le Dr. Atchia nous confie qu’un ami à lui a fait le même il y a des années de cela.  Il avait complété deux ‘A-Level’ et ses 5 ‘O-Level’ et a été admis en Irlande dans une université, où il a pu poursuivre ses études en médecine et a décroché son diplôme de médecin, malgré qu’il n’ait pas de HSC.

 « C’est un gaspillage qu’il y ait des classes de Lower VI pour certains sujets avec seulement 5 ou 10 élèves, quand on peut facilement intégrer environ 20 élèves par classe sans coûts additionnels.  Avec le déclin de la population estudiantine, il y a suffisamment de places pour ceux qui feront leur 2 A-Level.