[Résultats du School Certificate (SC)] Dharam Gokhool: « La majorité de nos enfants est exclue du système éducatif »

Analysant le taux de réussite aux examens du ‘School Certificate’ (SC), Dharam Gokhool trouve d’emblée « malhonnête » que le pourcentage soit « manipulé » pour convenir à la directrice du MES. « L’année dernière, elle avait comparé le pourcentage à celui de 2022 et de 2019. Or cette année, elle choisit de comparer le chiffre à celui de 2019 », déplore l’ancien ministre de l’Éducation, pédagogue de formation. Cela, dit-il, parce que le pourcentage actuel a baissé comparé aux deux années précédentes. En se basant sur les statistiques disponibles, il déplore que la majorité de nos enfants soit exclue du système éducatif, puisque sur chaque lot de 100 enfants, 61 n’ont pas obtenu les cinq crédits. Ce qui les prive non seulement d’aller jusqu’à l’université, mais aussi d’un emploi dans le service civil où cinq crédits, dont dans les matières principales comme les mathématiques, l’anglais et le français, sont réclamés par la ‘Public Service Commission’ (PSC) pour toute embauche. Ce qui lui fait dire que « la politique de la ministre Leela Devi Dookhun-Luchoomun amène l’exclusion ». D’ailleurs, hormis le SC, l’Extended Programme et le système d’Académies ne fonctionnent pas non plus, précise Dharam Gokhool.

Pour venir à bout de ce problème, l’ancien ministre de l’Éducation préconise un retour à l’ancien système de Form 1 to Form VI Colleges. Car ni les réformes d’Obeegadoo ni celles de la ministre actuelle n’ont donné les résultats recherchés. Si le ‘National Certificate of Education’ (NCE) ne marche pas, dit Dharam Gokhool, c’est parce que les étudiants sont déstabilisés et confrontés à un problème d’adaptation lorsqu’ils sont dirigés vers d’autres établissements scolaires. « C’est un problème réel qu’on ne prend pas en considération », regrette-t-il. Mais ce retour à l’ancien système auquel il est favorable doit cependant être accompagné d’autres mesures. « Il ne faut pas qu’on ne répète que le passé », insiste le pédagogue. Les étudiants ne risquent-ils pas d’être pénalisés avec autant de changements sous chaque nouveau gouvernement. « Non », répond-il catégoriquement. « La réforme de 2005 à 2008, par exemple, comportait des éléments de changement, mais aussi de continuité. Par exemple, on avait maintenu le Prevoc qui était précédemment introduit par Steve Obeegadoo », dit-il.

Et quid d’une amélioration de la qualité de l’éducation qui a baissé drastiquement ces dernières années ? Pour Dharam Gokhool, cela passe d’abord et essentiellement par une amélioration au niveau du leadership des collèges, puisque les recteurs, explique-t-il, ont un rôle clé à jouer dans la qualité d’éducation. « Il faut que les recteurs aient une formation de l’Educational Leadership. Aujourd’hui, des recteurs assument ce poste sans avoir une telle formation », souligne-t-il. Ensuite, il faut que la technologie soit utilisée pour améliorer la pédagogie. Et d’ajouter qu’il faut aussi une évaluation de la performance des enseignants. Ce qui est, pour lui, une condition sine qua non. « Cela avait fait l’objet de controverses quand j’avais voulu l’introduire. Mais il est absolument nécessaire d’évaluer si l’éducateur peut répondre à ses responsabilités ou pas. Il faudra le remettre sur la table de discussions et trouver un moyen acceptable », avance Dharam Gokhool. Il est aussi d’avis que les parents doivent assumer leurs responsabilités, en participant dans la politique éducative. « Il nous faut une approche globale, et non pas des mesure piece-meal, pour rehausser le niveau d’éducation », conclut-il.