Ritish Ramful : « Le renouveau est bien là »

  • « Le leader a su trouver le juste équilibre en faisant la balance entre les anciens et les nouveaux-venus »
  • « Nous avons un programme à établir et il y a des réformes à apporter, à commencer par une révision des ‘standing orders’. Il y a aussi des amendements constitutionnels qu’il faut faire pour garantir l’indépendance des institutions »
  •  « Il faut qu’il y ait des commissions parlementaires, composés de députés du gouvernement et de l’opposition, avec pleins pouvoirs, qui siègeront en permanence, avec des ‘terms of reference’ bien définis, pour surveiller les ministères et les sanctionner s’il le faut »

Le nouveau secrétaire-général du PTr est un jeune parlementaire. Ritish Ramful, premier député de la circonscription no.12 (Mahébourg-Plaine Magnien), se dit persuadé que « la seule solution pour sortir le pays du gouffre où il se trouve, c’est le PTr, sous le leadership de Navin Ramgoolam ».

Zahirah RADHA

Q : Vous venez d’être nommé secrétaire-général du PTr. Cela doit être une grande responsabilité pour quelqu’un qui est déjà député d’une des plus importantes circonscriptions du pays, n’est-ce pas ?

C’est évidemment une très lourde responsabilité, d’autant que le PTr est l’un des plus vieux partis politiques et qu’il a contribué énormément à façonner l’histoire et le destin du pays. Le PTr a toujours œuvré à combattre l’injustice et à lutter en faveur des intérêts de tous les Mauriciens. Je suis donc très honoré de cette responsabilité et c’est en toute humilité que j’accomplirai cette mission.

Q : Le PTr se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins avec l’urgence de se renouveler et de présenter une politique de rupture. Cela ne doit pas être un exercice facile, vu certaines réactions qu’il a suscitées ?

Il est vrai que le PTr se trouve à la croisée des chemins. Le leader, le Dr Navin Ramgoolam, a opté d’apporter des changements que tout le monde réclamait. Je pense personnellement qu’il a su trouver le juste équilibre en faisant la balance entre les anciens et les nouveaux-venus. Le comité exécutif a été élargi, passant de 240 à 400 membres alors que 2200 demandes d’adhésion avaient été reçues. Ce qui démontre l’intérêt que suscite encore et toujours le PTr. Le bureau politique ne compte, lui, que 40 membres. Le choix n’a bien entendu pas été facile et il n’aurait pas été possible de plaire à tout le monde.

Cela n’empêche pas à quiconque d’avoir sa place au PTr. Le leader l’a d’ailleurs dit : ce n’est pas nécessaire d’être nommé au comité exécutif ou au bureau politique pour pouvoir soutenir ou apporter sa contribution au parti. Je sens, moi, qu’il y a une certaine satisfaction au sein de la population suivant ces changements. Le renouveau est bien là. Et cela nous encourage. Avec le soutien de nos mandants, délégués et sympathisants, nous pourrons aller vers la victoire pour le bien-être de tout un chacun.

Q : Le PTr s’active maintenant à sillonner le pays. Pensez-vous avoir du pain sur la planche, sachant que le PTr se présente comme le challenger principal du MSM ?

L’histoire démontre que le PTr a toujours mené un combat pour que les droits des Mauriciens soient sauvegardés. Milan Meetarbhan l’a d’ailleurs fait ressortir lors d’une conférence tenue dans le sillage du 122e anniversaire de Sir Seewoosagur Ramgoolam que le PTr célèbre en ce dimanche 18 septembre. Aujourd’hui, tous ces droits sont bafoués par le gouvernement actuel. Le pays glisse lentement mais surement vers la dictature, l’autocratie et l’anarchie. Il est plus que jamais important pour que le PTr retourne au pouvoir. Je sais que chaque Mauricien a une place pour le PTr dans son cœur. Il faut sauver le pays qui va de mal en pis. Les institutions ne sont plus indépendantes. Le Parlement et la police ne fonctionnent pas comme il le faut. Le gaspillage des fonds publics est préoccupant. Le dernier rapport de l’Audit en atteste. Le gouvernement a profité de la Covid-19 pour faire du business alors que des Mauriciens mouraient quotidiennement. Le coût de la vie ne cesse d’augmenter…

Q : En parlant du coût de la vie, les prix des carburants viennent d’être maintenus alors que le cours mondial du pétrole poursuit sa tendance baissière. Où est la rationalité de cette décision ?

(Haussant le ton) C’est de l’irrationalité ! Zot pe fer acteurs. Pe fer comédie avec lepep. On veut nous faire croire que le ministre du Commerce s’est opposé à une hausse du prix du diesel alors que les prix des carburants auraient dû être revus à la baisse. Le gouvernement continue de taxer les consommateurs à travers les Rs 2 prélevées pour les vaccins anti-Covid-19 pour pouvoir renflouer la caisse du gouvernement. Zot ine fané depi 2014. Le gouvernement n’a rien fait pour rebooster l’économie avant la Covid-19 et la guerre en Ukraine et en Russie. Les secteurs traditionnels piétinent. Les indicateurs économiques sont au rouge depuis 2014. Mais le gouvernement continue d’endetter le pays. Nous sommes arrivés à une situation où le gouvernement n’a plus de solutions. Le seul recours qu’il lui reste, c’est de continuer à taxer la population.

Q : Le déficit du ‘Price Stabilisation Account’ que plaide le gouvernement pour justifier ce maintien de prix relève aussi de la mauvaise gestion, me diriez-vous ?

Tout à fait ! Vous n’avez qu’à voir le dernier budget. Le gouvernement est tellement endetté qu’il lui a fallu puiser des caisses de la STC, du CEB et d’autres paraétatiques. Le CEB est déficitaire par Rs 3 milliards. La STC est également déficitaire. C’est le résultat de la mauvaise gestion de l’économie.

Q : La façon d’opérer de certaines unités de la police provoque de vives inquiétudes. Pouvons-nous toujours prétendre vivre dans une démocratie quand des gardiens de la loi agissent, dans certains cas, comme des hors-la-loi ?

Il nous faut d’abord nous attarder sur le poste du Commissaire de police. À l’époque, soit au moment de la rédaction de notre Constitution, SSR et d’autres personnalités avaient fait de sorte que des garde-fous y soient inclus pour prévenir certains dérapages. Le poste du Commissaire de police était sujet à ces garde-fous. Mais c’est malheureux que le Commissaire de police est aujourd’hui nommé sous contrat pour voir s’il peut être manipulé avant d’être confirmé à son poste. Cette pratique ne peut être tolérée dans une démocratie car il jette un soupçon sur l’indépendance du CP.

Quant au fonctionnement de la police dans le cas d’Akil Bissessur, disons-le clairement même si je ne commenterai pas sur le fond de l’affaire, si jamais les vidéos intimes circulées émanent de la police pendant que son portable était en possession des enquêteurs, alors les Mauriciens risquent tous de voir une entrave à leur vie privée. C’est très grave. Imaginez, tout ce que vous faites entre les quatre murs de votre chambre ou de votre maison peuvent être rendus publics par les autorités. Kot nou pe vive ? Est-ce toujours la démocratie pour laquelle SSR avait lutté pour tous les Mauriciens ? Le peuple doit pouvoir répondre. Avec ce gouvernement, on se dirige tout droit vers l’anarchie.

Q : Les citoyens n’ont-ils aucun recours face à cette situation ?

Malheureusement, le seul recours dont disposent les citoyens, c’est d’attendre les prochaines élections afin de pouvoir exprimer leur colère.

Q : Nous ne sommes qu’à mi-mandat. La population devra-t-elle encore tout subir jusqu’aux prochaines élections ?

Oui, mais aucun gouvernement ne peut résister à la colère populaire. Quand la population se décidera, ou kapave fer seki ou envi, servi la force komié ou envi, mais le gouvernement devra céder. C’est ainsi que fonctionnent les pays démocratiques.

Q : La population semble actuellement plus préoccupée par le coût élevé de la vie que les dérives du gouvernement…

Les Mauriciens sont de nature à subir les misères du gouvernement pendant cinq ans avant d’exprimer finalement leur colère au moment du vote. Mais nous ne savons pas ce que l’avenir nous réserve. Au niveau du PTr, maintenant que nous avons reconstitué notre exécutif et notre bureau politique, nous allons descendre sur le terrain, dans tous les coins et recoins du pays, pour expliquer aux Mauriciens les dangers qui nous guettent. Au sein de l’opposition, nous faisons notre travail selon nos capacités et nos moyens. Nous allons sensibiliser la population, mais la décision finale reste, bien entendu, entre ses propres mains.

Q : Cette campagne de sensibilisation sera-t-elle accompagnée d’engagements fermes en guise d’alternative ?

La population a déjà eu l’occasion de juger et d’apprécier la performance et les capacités des députés travaillistes au Parlement. Ce sont la plupart de jeunes députés, des professionnels qui maîtrisent les dossiers et qui font un excellent travail. C’est un avant-goût de ce que propose le PTr. Nous avons un programme à établir et il y a des réformes à apporter, à commencer par une révision des ‘standing orders’. Il y a aussi des amendements constitutionnels qu’il faut faire pour garantir l’indépendance des institutions. Tout cela doit être inclus dans le programme gouvernemental et expliqué à la population au moment venu.

Q : Vous parlez d’amendements constitutionnels. Pourquoi pas une deuxième Constitution ?

Notre Constitution garantit les droits de tout un chacun. Elle est basée sur des conventions internationales relatives aux droits humains. Mais nous avons parcouru un bout de chemin depuis 1968 et nous réalisons maintenant que certains gouvernements, comme c’est le cas actuellement, abusent de certaines provisions de la Constitution. Il faut donc venir de l’avant avec d’autres garde-fous pour prévenir d’autres dérapages à l’avenir.

Q : À quels amendements constitutionnels pensez-vous par exemple ?

Concernant les nominations pour les postes constitutionnels par exemple. On ne peut pas nommer des personnes sous contrat, car elles sont alors ‘at the mercy’ des dirigeants du jour et leur indépendance est mise en cause. Je tiens aussi à souligner que la Constitution de Trinité-et-Tobago était similaire à celle de Maurice. Elle a toutefois été amendée en 1976. Des comités parlementaires ont été mis sur pied pour surveiller le fonctionnement des différents ministères sans qu’il n’y ait d’ingérence dans les ‘policy decisions’. Des fonctionnaires peuvent même être interrogés.

Q : Ce n’est pas ce que fait déjà le ‘Public Accounts Commitee’ (PAC) ?

Malheureusement, les ‘terms of reference’ du PAC sont limités. Vous n’avez qu’à voir comment le Premier ministre avait réagi suivant le dernier rapport du président du PAC, Reza Uteem. Le Premier ministre n’avait pris aucune action et avait demandé au député Uteem d’aller à la police s’il le juge nécessaire. Il faut qu’il y ait des commissions parlementaires, composés de députés du gouvernement et de l’opposition, avec pleins pouvoirs qui siègeront en permanence, avec des ‘terms of reference’ bien définis, pour surveiller les ministères et les sanctionner s’il le faut.

Q : Mais pour apporter des amendements constitutionnels, il faut que le gouvernement ait une majorité de trois-quarts. Et si vous n’avez pas cette majorité ?

Ce sont des sujets d’intérêt public sur lesquels l’opposition et le gouvernement peuvent se mettre d’accord. On peut faire des propositions et initier un débat pendant la campagne électorale. Il faut que ces amendements soient inclus dans le manifeste électoral. La population va ensuite juger avant de faire son choix. Et si on les a promis, il faut pouvoir les implémenter une fois qu’on soit au pouvoir. C’est en tous cas ce que moi j’envisage quand on parle d’amendements constitutionnels.

Q : Et qu’en est-il de la réforme électorale ?

Il y a eu beaucoup de débats à ce sujet. Le gouvernement actuel était venu de l’avant avec une loi avant les dernières élections générales sur la réforme électorale et le financement des partis politiques. Malheureusement, le gouvernement voulait que les deux lois passent en même temps. Sur la réforme électorale, malgré certaines divergences sur le ‘best loser system’, nous étions tombés d’accord sur une formule pour le remplacer et qui aurait garanti que les droits de toutes les minorités seraient sauvegardés et pour qu’il y ait une représentation équitable de toutes les communautés du pays.

Par contre, sur le financement des partis politiques, nous étions opposés au financement des partis par le secteur privé. Il était clair pour nous qu’il fallait mettre un frein au financement par le secteur privé pour prévenir la corruption. C’est au secteur public de financer les partis, avec un système qui garantit la transparence et la redevabilité. Mais le MSM a insisté pour que le secteur privé puisse continuer à financer les partis politiques. Je ne sais pas si c’est à cause de Lee Shim, mais finalement, ces lois n’ont pu être votées. C’est un autre débat qu’il nous faudra amener. Bien entendu, une telle réforme passera sans grande difficulté si un gouvernement dispose d’une majorité de trois-quarts.

Q : Pensez-vous que le PTr pourra obtenir cette majorité de trois-quarts pour mettre en œuvre tous les amendements constitutionnels souhaités ?

C’est la population qui le décidera. Nous souhaiterions l’avoir, quoique je pense qu’une opposition est nécessaire dans une démocratie. Le PTr est un ardent défenseur des valeurs démocratiques. Nous viendrons de l’avant avec notre manifeste électoral et la population jugera ce qu’elle doit faire. Attendons voir.

Q : Mais avant les élections générales, il y a d’abord les échéances municipales. Les voyez-vous venir ?

C’est un autre exemple qui prouve que notre démocratie est bafouée. Les municipales ont été renvoyées à deux reprises. Un amendement a été fait pour donner au Premier ministre les pleins pouvoirs pour fixer les échéances municipales à travers un simple règlement. Le Premier ministre dispose d’une période allant jusqu’à juin 2023 pour donner ces élections. Je ne sais ce qu’il y a dans sa tête. Il avait initialement prétexté la Covid-19 pour les renvoyer. Que fera-t-il maintenant ? En tous cas, le PTr est prêt à toute éventualité.

Q : Et quid des négociations avec l’Entente de l’Espoir pour les municipales ?

Notre priorité principale pour l’heure, c’est d’aller vers les Mauriciens. Notre objectif, c’est de consolider nos bases et de reconquérir l’électorat travailliste. Ki l’alliance pou ena, si pou ena, avec ki parti pou fer, sous quelles conditions pou fer, l’avenir nous le dira. Ce qui importe pour l’heure, c’est que le pays passe par des moments extrêmement difficiles. La seule solution pour sortir le pays du gouffre où il se trouve, c’est le PTr, sous le leadership de Navin Ramgoolam. Le PTr a toujours été aux côtés du peuple. Celui-ci n’a jamais autant souffert sous la gestion du PTr. Le Dr Ramgoolam est quant à lui une personne de grande expérience qui ne s’ingère pas dans les institutions. Je le redis, quitte à me répéter, que c’est le PTr sous la gestion de Navin Ramgoolam qui pourra mener le pays à bon port. Je saisis l’occasion pour donner rendez-vous aux Mauriciens à Kewal Nagar ce dimanche 18 septembre.