Royaume-Uni : l’heure de la revanche pour Rishi Sunak, qui succède à Liz Truss

Battu début septembre par Liz Truss dans la course à Downing Street, Rishi Sunak a décroché sa revanche, lundi, en devenant le nouveau Premier ministre britannique. Petit-fils d’immigrés d’origine indienne ayant accédé à l’élite britannique par ses études, il devient à 42 ans le premier chef de gouvernement non blanc du Royaume-Uni

La roue a tourné pour Rishi Sunak en moins de 50 jours. Battu par Liz Truss début septembre pour succéder à Boris Johnson, Rishi Sunak a été désigné lundi 24 octobre nouveau Premier ministre du Royaume-Uni.

Alors que les mesures budgétaires annoncées fin septembre par Liz Truss mettaient le feu aux marchés et faisaient chuter la livre à son plus bas historique, l’ancien ministre des Finances de Boris Johnson était resté extrêmement discret.

Pourtant, Rishi Sunak avait bien prévenu les conservateurs durant la campagne cet été que le programme de sa rivale relevait du “conte de fées” et que ses réductions massives d’impôts entraîneraient une hausse des coûts d’emprunt.

Le multimillionnaire Rishi Sunak, ancien banquier accusé par certains d’être un technocrate déconnecté de la population, revient donc sur le devant de la scène avec une crédibilité au plus haut.

Pour ses partisans, le message de Sunak, lors de la précédente campagne pour Downing Street, sur la nécessité de faire preuve de prudence économique pour lutter contre l’inflation a montré qu’il est l’homme de la situation. Sa prudence budgétaire, à cause de laquelle il avait été jugé trop centriste et trop lisse, rassure désormais.

L’été dernier déjà, ce conservateur, petit-fils d’immigrés indiens, était le candidat préféré des députés tories. Mais face à Liz Truss, il avait payé pour avoir claqué la porte du gouvernement Johnson début juillet, suivi ensuite par une soixantaine de collègues. Il a été accusé d’avoir trahi Boris Johnson, avec lequel il reste à couteaux tirés. La base du parti, qui avait le dernier mot, lui avait préféré Liz Truss.

Partisan du Brexit

Rishi Sunak a été élu député du Yorkshire (nord de l’Angleterre) en 2015. À peine cinq ans plus tard, il accède à 39 ans au poste très convoité de ministre des Finances, peu avant le début de la pandémie de Covid-19.

Ce partisan du Brexit de la première heure a gagné en popularité en distribuant des milliards de livres d’aides publiques pendant la pandémie de Covid-19.

Mais sa fortune, amassée lors de sa carrière dans la finance et par le biais de son mariage avec Akshata Murty, fille d’un multimilliardaire indien, indispose parfois, alors que les Britanniques se serrent la ceinture.

Face à ces critiques, ce fan de la saga Star Wars renvoie à son histoire familiale, une histoire à succès comme les conservateurs les aiment.

“Je suis ici grâce au dur labeur, au sacrifice et à l’amour de mes parents”

Né le 12 mai 1980 à Southampton, sur la côte sud de l’Angleterre, Rishi Sunak est l’aîné de trois enfants et le fils d’un médecin généraliste du système de santé public et d’une pharmacienne. Nés en Inde, ses grands-parents ont immigré en Afrique orientale britannique dans les années 1960.

“Ma famille a immigré ici il y a 60 ans. (Ma mère) tenait la pharmacie locale de Southampton. C’est là que j’ai grandi, dans la boutique, livrant les médicaments. J’ai travaillé comme serveur au restaurant indien au bout de la rue”, a-t-il raconté lors de la dernière campagne pour le leadership. “Je suis ici grâce au dur labeur, au sacrifice et à l’amour de mes parents.”

Rishi Sunak a, cependant, très vite accédé à l’élite en fréquentant le Winchester College, un très chic pensionnat pour garçons. Il a ensuite étudié la politique, la philosophie et l’économie dans les prestigieuses universités d’Oxford, en Angleterre, et de Stanford, aux États-Unis.

Avant d’entrer en politique, il a travaillé dans la finance, en particulier chez Goldman Sachs, et fondé sa propre société d’investissement.

Ce père de deux filles a prêté serment sur la Bhagavad Gita, un texte sanskrit considéré comme l’un des écrits fondamentaux de l’hindouisme, quand il a été élu député en 2015.