- Des développements attendus incessamment
L’ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth, fait face à une accusation provisoire de blanchiment d’argent depuis dimanche dernier. Cette affaire, qui secoue actuellement le pays, implique également Josian Laval Deelawon, directeur de la compagnie My Group, et son comptable, Chandradeo Oomah. Au cœur de l’enquête, une saisie spectaculaire de Rs 114 millions en diverses devises, ainsi que des objets de valeur.
Aux premières heures du samedi 15 février, la Major Crimes Investigation Team (MCIT) a mené une perquisition chez les suspects. Les enquêteurs ont découvert quatre valises contenant d’importantes sommes en dollars, euros, livres sterling, rands et dirhams. Parmi les objets saisis figuraient également des montres de luxe Cartier, d’une valeur estimée entre 295 000 et 371 000 roupies.
Ce n’est pas tout. Lors de la fouille, des documents de voyage et des factures d’hôtels ont été retrouvés, certains au nom de Kobita Jugnauth, épouse de l’ex-Premier ministre. Parmi eux, un récépissé de l’hôtel Le Méridien Windsor Palace à New Delhi, une facture du Royal Club de la même ville pour l’achat de saris et de blouses, ainsi qu’un formulaire de demande de visa pour le Royaume-Uni (UK Visas and Immigration Form).
L’opération, supervisée par le surintendant Vikash Seebaruth, a pris une tournure encore plus spectaculaire lorsque les enquêteurs ont mis la main sur une enveloppe blanche adressée à Pravind Jugnauth. Un élément qui a renforcé les soupçons des autorités quant à son implication directe dans cette affaire.
Déclarations accablantes
Lors de son arrestation, Josian Deelawon a fait une déclaration choc : “Pravind Jugnauth finn donn mwa valiz pou gardé.” Cette déclaration, enregistrée face caméra, alimente la thèse selon laquelle les fonds retrouvés appartiendraient à l’ancien chef du gouvernement.
D’autre part, Chandradeo Oomah, comptable de My Group, a également livré des informations capitales aux enquêteurs. Son interrogatoire a mené à une perquisition supplémentaire dans les locaux de l’entreprise à Pointe-aux-Canonniers. Sur place, la police a saisi des documents, une valise et un petit coffre blanc, renforçant encore davantage les charges pesant sur les suspects.
La Financial Crimes Commission (FCC) a pris le relais de l’enquête. Lors d’une intervention au domicile de Pravind Jugnauth, les agents ont saisi plusieurs téléphones portables appartenant à lui et à son épouse, ainsi qu’une tablette.
L’ombre de la famille Ramdanee
Les enquêteurs ont également élargi leurs investigations à l’entourage de l’ancien Premier ministre. L’hôtel Maradiva, appartenant à Sanjeev Ramdanee, beau-frère de Pravind Jugnauth, a été perquisitionné, mais aucune preuve compromettante n’y a été trouvée.
Néanmoins, cette connexion entre les Jugnauth et les Ramdanee intrigue les autorités. Si aucun lien direct n’a encore été établi entre Sanjeev Ramdanee et les sommes saisies, les documents retrouvés chez Chandradeo Oomah prouvent qu’au moins une partie des fonds aurait été utilisée pour des dépenses de voyage et d’hébergement pour Kobita Jugnauth.
Une tempête politique
Cette affaire pourrait avoir des conséquences majeures sur la scène politique mauricienne. Pravind Jugnauth, qui a toujours proclamé son intégrité, se retrouve aujourd’hui dans une position délicate. D’autant plus que la déclaration de Josian Deelawon pourrait être considérée comme un témoignage-clé devant la justice. Si ce dernier venait à confirmer ses propos sous serment, cela pourrait entraîner de lourdes conséquences judiciaires pour l’ex-Premier ministre.
Malgré la gravité des accusations, les suspects ont été libérés sous caution. Toutefois, les enquêteurs considèrent détenir des éléments concrets contre eux. L’affaire est loin d’être close, et des développements majeurs sont attendus incessamment. La Financial Crimes Commission poursuit ses investigations et d’autres perquisitions pourraient être menées dans les prochains jours. Si de nouvelles preuves venaient à émerger, elles pourraient relancer le dossier et révéler d’éventuelles complicités.
Cette affaire suscite une vive réaction au sein de la population mauricienne. Entre indignation et attente de vérité, les citoyens réclament des explications. La transparence de l’enquête et la réaction des autorités seront déterminantes pour restaurer la confiance dans les institutions.