Sa démission était-elle liée au refus du projet d’un bar à l’Unicity ?

Steeve Magdeleine pointé du doigt

  • Les conseillers s’opposaient à la vente de boissons alcoolisées dans la smart city de Médine en raison de sa proximité avec un complexe éducatif 

Pour quelles raisons Steeve Magdeleine avait-il démissionné comme président du conseil de district de Rivière-Noire, trois mois à peine après son élection, avant de se faire réélire avec le soutien d’une nouvelle équipe ?  Si officiellement, il avait affirmé ne pas pouvoir compter sur la collaboration des conseillers, cet argument ne tiendrait pas la route, selon certains. « Nous l’avons soutenu dans toutes ses démarches. Il a d’ailleurs été élu grâce à notre soutien », souligne Kemraz Ortoo, conseiller du village de Gros-Cailloux. Les seules fois où Steeve Magdeleine a été désavoué par le ‘Permits & Business Monitoring Committee’ (PBMC) remonte au 11 et 23 janvier derniers. « Les deux fois, les trois conseillers siégeant sur ce comité, dont je fais partie, ont objecté à l’octroi d’un permis à Médine Ltd en dépit de l’insistance de Steeve Magdeleine de le lui accorder. C’est à la suite de ces objections qu’il a démissionné en évoquant un manque de soutien. Ce qui nous fait croire qu’il y aurait anguille sous roche », poursuit le conseiller.

L’affaire remonte à décembre dernier. Dans une lettre datée du 20 décembre 2017, la compagnie Médine Ltd a fait une demande pour l’octroi d’une ‘No Objection Letter’ afin qu’elle puisse opérer un restaurant, incluant un bar, au sein du complexe sportif de l’Uniciti (ndlr : la nouvelle smart city de Médine). Dans cette correspondance, le promoteur souligne que son plan de développement, soumis avant qu’elle n’obtienne son ‘Building and Land Use Permit’ en mai 2016, incluait un ‘bar building’. Cette demande a été passée en revue lors d’une réunion du PBMC le 11 janvier de cette année mais la décision fut renvoyée pour la prochaine séance. « J’ai hésité quand j’ai appris la teneur de cette demande parce que l’Unicity compte aussi un complexe éducatif, dont un campus universitaire. De par mon expérience, je sais qu’on ne peut pas permettre qu’un bar opère dans les parages d’un complexe éducatif. J’ai donc consulté le Chief Executive (CE) du conseil et il a confirmé mes doutes. Raison pour laquelle nous (ndlr : les trois conseillers) avons finalement objecté à l’octroi de ce permis », explique Kemraz Ortoo. Or, le président et le vice-président ne voulaient pas l’entendre de cette oreille. « Steeve Magdeleine ti pé dire ène projet high-class sa, bizin donne  feu vert », dit-il.

Démission et réélection

Selon Kemraz Ortoo, ce serait suite au refus des trois conseillers d’obtempérer que Steeve Magdeleine aurait finalement démissionné comme président. « Quand il a constaté qu’on ne le soutiendrait pas dans ses viles démarches, il a trouvé un autre moyen, communal je dirais, pour constituer une nouvelle équipe afin qu’il puisse aller de l’avant avec l’octroi de ce permis », allègue notre interlocuteur. Celui-ci maintient que le conseil ne peut accepter qu’un bar opère à proximité d’un complexe éducatif. « C’est contre les règlements ! », tonne-t-il. « Ki pou arrivé si demain ène ti la boutique près kot ène lekol fer ène demande pou vende boissons alcoolisées ? Eski nou pou kapave accepté ? Mais si nou accepté pou Médine, nou pou bizin accepter pou bane ti commerces osi », soutient-il. Kemraz Ortoo déplore également l’attitude de Steeve Magdeleine. Ce dernier, avance-t-il, a essayé de leurrer la population en cachant les motifs réels de sa démission.

J.F.Dorestan, Chief Executive :

« Le comité a refusé sur une question de principe » 

Le Chief Executive (CE), J.F. Dorestan, est catégorique. « Le comité a rejeté cette demande sur une question de principe.  Si on accepte d’allouer ce permis à Médine Ltd, on sera contraint d’octroyer des permis similaires à d’autres commerces se trouvant à proximité des établissements scolaires », avoue-t-il.

Steeve Magdeleine : « Ma démission n’avait rien à voir avec ce projet !»

« Ma démission n’avait rien à avoir avec ce projet. C’est la MRA qui octroie ce permis. Le conseil devait simplement donner son feu vert en émettant une ‘no objection letter’. Je pense sincèrement qu’on aurait dû approuver cette demande parce qu’il faut qu’on s’ouvre au développement. Mais malheureusement, il y en a qui manquent de vision. J’accepte cependant les divergences d’opinions. Je n’ai rien à me reprocher », dit le président du conseil de district de Rivière-Noire.