- « Michel Lee Shim n’a rien à faire avec la commission d’enquête sur la drogue »
Ses dénonciations à la commission d’enquête sur la drogue ont finalement eu raison de Raouf Gulbul. Samad Goolamaully n’est pas satisfait pour autant. Il dit attendre de pied ferme que Raouf Gulbul entame des poursuites légales contre lui. Ce qui lui donnera « l’occasion de dévoiler tout ce que nous savons sur lui »…
Zahirah RADHA
Q : Samad Goolamaully, vos dénonciations, et celles d’Ashley Hurrhangee, à l’encontre de Raouf Gulbul à la commission d’enquête sur la drogue l’ont finalement contraint à démissionner de la Gambling Regulatory Authority (GRA) et de la Law Reform Commission (LRC). Vous attendiez-vous à ce dénouement ?
R : Au temps où nous étions encore en bons termes, Ashley Hurrhangee et moi-même l’avions conseillé de faire les choses honorablement et de ‘step down’. Mais il s’était accroché à ces postes. Je pense qu’il a finalement pris la décision qui s’imposait.
Q : Pour quelles raisons vos relations avec ce Senior Counsel, dont vous étiez très proche, se sont-elles détériorées au point où vous l’avez traité de menteur et d’hypocrite devant la commission d’enquête sur la drogue ?
R : J’aimerais d’abord préciser que nous n’avons dit que la vérité devant la commission. Il est vrai que, pendant 15 ans, nous avions des relations très privilégiées avec Raouf Gulbul. C’est pour cette raison d’ailleurs qu’il avait fait appel à nous pour que nous menions campagne pour lui en décembre 2014. Mais depuis, il s’est passé des choses très graves. D’où notre amertume envers lui. Raouf Gulbul ne tient qu’à ses intérêts personnels.
Q : Des choses très graves, dites-vous. De quoi s’agit-il exactement ?
R : Je ne pense pas que la presse soit le forum approprié pour en discuter. Je pense qu’en temps et lieu, il y aura peut-être des batailles juridiques, comme l’a dit Raouf Gulbul lui-même. Nous l’attendons de pied ferme. D’ailleurs, nous l’encourageons à prendre des actions légales contre nous. Cela nous permettra de dévoiler tout ce que nous savons sur lui.
Q : Pourquoi attendez-vous qu’il prenne des actions légales pour tout déballer ? Dans un souci d’intérêt public, ne devriez-vous pas le faire au plus vite ?
R : Tout ce qui a trait à l’intérêt public, nous l’avons déjà dit à la commission. Ce ne serait pas éthique de ma part de le révéler en public puisque celle-ci poursuit toujours ses travaux. Au niveau personnel, ce serait quelque peu ‘cowardly’ de ma part de le dire publiquement. Mais les choses se sont envenimées depuis une rencontre qu’on a eue avec Raouf Gulbul, à sa requête, à Ébène. Ce qui m’a d’abord étonné c’est qu’il a effectué un ‘body search’ sur nous. Ce qui démontre clairement qu’il y avait déjà à ce moment-là un ‘complete breakdown of trust’. Qui plus est, j’étais dégoûté par la teneur des discussions qui ont ensuite eu lieu.
Q : Vous aviez défié Gulbul de révéler dans quelles circonstances il a obtenu un ticket du MSM. Y a-t-il eu un deal quelconque ?
R : Je lui ai posé une question et c’est à lui de répondre. Il nous traite aujourd’hui de toutes sortes d’insanités, mais qui avait négocié pour qu’il ait de ticket ? Il veut faire croire qu’il y a un complot ourdi par moi, Hurrhangee, Bottesoie, Jeeva, Siddick Islam, Nashela Vavra, son neveu et Sabir Gungaparsad contre lui. Selon lui, toutes ces personnes mentent et il n’y a que lui qui dise la vérité. It doesn’t make sense. Ceci dit, je m’attends à toutes sortes de représailles de sa part.
Q : Est-ce que la direction du MSM vous a-t-il contacté pour avoir des éclaircissements par rapport à toute cette affaire ?
R : Effectivement. J’ai dit ce que je pouvais à certaines personnes. Mais vous savez, sir Anerood Jugnauth était déjà au courant de certaines choses depuis la campagne électorale. Lors d’une rencontre que j’avais eue avec lui au début du mois de décembre 2014, il m’avait dit « mone tendé éna un peu banne figir pas correct ki pé fréquente zotte campagne ». Il n’était pas content que des gros bras et des personnes impliquées dans des affaires illicites soient ‘involved’ avec les candidats. D’ailleurs, il y avait beaucoup de problèmes et de tensions au no 3 à cause de Raouf Gulbul et SAJ en était conscient. Raison pour laquelle Anwar Husnoo ne voulait pas faire campagne à ses côtés. Malheureusement, Gulbul ne nous a jamais écoutés. Il pensait que ses clients pouvaient le faire élire.
Q : Vous avez dédouané Pravind Jugnauth quant aux allégations faites par Peroomal Veeren contre lui. Avez-vous évoqué, au préalable, cette question avec le Premier ministre ?
R : Non. Je ne lui ai pas parlé depuis le début des travaux de la commission.
Q : Pouvez-nous nous dire qui avait financé la campagne électorale de Raouf Gulbul ? Est-ce Peroomal Veeren, Jean-Michel Lee Shim, les deux, ou y en avait-il d’autres ?
R : J’ai dit tout ce que j’avais à dire concernant Peroomal Veeren à la commission. Quant à Lee Shim, je suis assez surpris que son nom soit évoqué puisqu’il est un businessman et s’il a décidé de financer un parti, c’est sa prérogative. Je peux vous dire, et je suis catégorique dessus, que Michel Lee Shim n’a rien à faire avec la commission d’enquête sur la drogue. Est-ce qu’il a financé la campagne de Gulbul ? Je ne saurais vous dire puisque je n’étais pas responsable des finances. Mais même s’il l’a fait, je ne vois pas où est le problème.