Samraj Mahadia désarçonné par des soupçons de conflit d’intérêt

Scandale au Mauritius Turf Club

Il ne se passe pas une année sans scandales au Mauritius Turf Club. « Make races great again », c’est la devise adoptée par les dirigeants du club hippique avant le début de la saison 2018, mais avant même la deuxième journée, voici un nouveau scandale qui éclabousse le milieu hippique impliquant l’ancien jockey, Samraj Mahadia, qui est devenu avec le temps commissaire de courses au Champ de Mars. Comme quoi, chassez le naturel, il revient au galop ! En attendant l’issue d’une enquête instituée par le club, Samraj Mahadia a été suspendu de ses fonctions vendredi. Ce n’est pas tout, la Gambling Regulatory Authority et la police des jeux suivent le dossier de près et prochainement, il se pourrait également que l’Independant Commission Against Corruption (ICAC) soit appelée à enquêter. 

Depuis quelques jours, plusieurs conversations sur WhatsApp sont en circulation, démontrant la teneur des discussions entre supposément le Stipe, Samraj Mahadia, et un agent mauricien basé à Dubaï. Ce dernier est spécialisé dans le repérage et l’achat des chevaux et négocie pour la venue des jockeys étrangers à Maurice. Les conversations entre les deux hommes ont eu lieu durant la dernière semaine de février et quelques jours avant la reprise de la saison 2018.

Ces conversations tournent autour d’une écurie, particulièrement celle de Ricky Maingard, et d’un jockey en particulier, Richard Oliver, le nouveau venu à Maurice. Le tout commence le 22 février à 9 h 10, selon les captures d’écran WhatsApp entre Samraj Mahadia et l’agent en question. « Hi ! Korek… Maingard p rode ene jockey…gyet kiken pu mw Dubai…Oisin Murphy pu interesse to croire, I like him », semble dire Mahadia à l’agent. Plus on va dans le fond de la discussion qui dure des jours entre les deux compères, mieux on comprend que ce n’est pas une chose nouvelle. Samraj Mahadia va à ce moment-là à l’encontre des règlements du Mauritius Turf Club, soit les Rules of Racing 2018, plus précisément la section 27 (Powers of the Racing Stewards).

Cette section stipule que les Racing Stewards ont comme attributs : « To regulate and control, inquire into and adjudicate upon the conduct of all officials, owners, trainers, riders, bookmakers, clerks, persons attending horses or connected with a horse, persons attending a racecourse and anyone else appointed, employed or engaged in racing and to impose such penalties as they deem appropriate under Rule 11(d) ». Un ancien Stipe qui n’a pas souhaité donner ses explications à découvert explique que Samraj Mahadia s’est disqualifié en tant que Stipe et a fait preuve de négligence professionnelle.

« La section 27(a) du Rules of Racing explique tout. Samraj Mahadia ne peut être à la fois juge et partie. Il a été partie prenante des négociations pour faire venir le jockey, il a été en contact avec les entraîneurs, croyez-vous que lorsque le jockey en question commettra une faute grave, le jugement du Stipe à son égard sera le même ? », se demande notre interlocuteur.

Ce dernier estime que les Terms of Reference de l’enquête initiée par le Mauritius Turf Club devraient permettre l’interrogatoire des entraîneurs cités, dont Ricky Maingard, Shirish Narang et Raj Ramdin. « Il faut savoir si les entraineurs ont sollicité l’aide de Mahadia ou c’est l’inverse. Il faut également savoir quels sont les bénéfices qu’il tire de ces négociations. Donc, toute la question a une seule réponse, il y a bel et bien conflit d’intérêt et c’est à l’ICAC d’enquêter », explique-t-on dans le giron.

Cependant, dans l’une des captures d’écrans, Samraj Mahadia se rend compte du gouffre qui s’ouvre sous ses pieds. Quelques jours avant que le pot-aux-roses ne soit porté à la connaissance du public, Samraj Mahadia envoie un message de détresse à son interlocuteur. La course est déjà lancée, trop tard. « G** banela pé dire moi lor FB in metter mo ine vine agent jockey… R. Oliver. To truve g** to truve p** après to dir to pas snapshot mo msg. Mo aret gagn zafer r tw net », aurait envoyé Mahadia à l’agent avant de revenir à la charge quelques heures plus tard, « Bane adminis et Benoît ine convoque la… eta kisanla to ine send sa snapshot la… coz vrai. Mo pou dehors sinon la… coz la veriter plsss », dit-il.  L’agent ne répond plus à partir de là.

Cette affaire est suivie de près par les autorités compétentes et personne n’a souhaité commenter l’affaire.

Divya Ringadoo informée par WhatsApp ?

La Chief Executive Officer (CEO) de la Gambling Regulatory Authority a-t-elle été mise au courant de cette affaire via WhatsApp ? C’est en tout cas ce que ressort d’une autre capture d’écran que nous avons en notre possession. « The Stipe is Samraj Mahadia, I will give you all proofs », dit le dénonciateur à la CEO qui respond par « Let me know when you have the proof. Without it, I cannot act… ». Sollicitée pour une réaction, Divya Ringadoo était injoignable.