SBM : Affaire Pabari « Les gros palto sont protégés »

Les créances douteuses de la ‘State Bank of Mauritius’ (SBM), totalisant plus de Rs 12 milliards, ont refait surface lors de la dernière assemblée générale des actionnaires de cette banque. Nous nous sommes entretenus avec Raj Ramlugun, un de ceux qui avaient mené la fronde lors de cette assemblée houleuse face au tout-puissant Sattar Hajee Abdoula. Raj Ramlugun dénonce ainsi une culture d’impunité qui est en train de gangrener tout le pays.

Raj Ramlugun, secrétaire d’une association de petits actionnaires minoritaires, et observateur attentif de la société mauricienne, dénonce d’emblée le fait que tous ceux qui sont aux commandes de nos institutions clés sont « des nominés politiques ». « Ces personnes sont censées être redevables envers les institutions qu’ils dirigent, et la population. Cependant, vont-elles vraiment agir dans l’intérêt de l’institution et du pays ? », se demande-t-il.

 « À chaque fois, on peut voir les mêmes personnes qui siègent dans différents ‘boards’ », lâche-t-il d’un ton exaspéré. « Qui plus est, ils ne sont même pas des actionnaires au sein de ces compagnies paraétatiques. Et lorsqu’il y a un problème, ces personnes ne sont pas disposées à répondre aux questions des actionnaires. Qu’en est-il de leur ‘accountability’ envers les actionnaires ? », ajoute-t-il.

Il rappelle que tout ceci mène directement aux scandales. Toujours sous ce même Sattar Hajee Abdoula, des avions d’Air Mauritius avaient été bradés pour ‘di pain di beurre’, alors qu’aujourd’hui, on cherche désespérément à acquérir des avions. « Chaque année, chez nous, les scandales se succèdent mais l’impunité continue de plus belle pour ceux qui sont au sommet », dénonce-t-il.

Il dénonce dans la même foulée cette culture d’impunité qui est en train de gangrener tout le pays. « Les ‘gros palto’ sont en train d’être protégés et se sont les petits actionnaires qui en souffrent. Il y a trop de manquements en ce sens. Nous avons un ‘failure’ dans ce pays, et cela fait des années que cela dure. Depuis l’Indépendance, nous n’avons pas eu de personnes de calibre à la tête des institutions pour prendre les décisions qu’il fallait », constate-t-il. Il trouve cela « inacceptable », alors que le monde a évolué. Maurice est toujours dans la même mélasse, où notre façon de procéder est la même, sans que l’on réfléchisse aux solutions qu’on aurait pu apporter pour mettre un frein à ce favoritisme qui ronge notre pays.

Raj Ramlugun demande ainsi plus de transparence dans la gestion des institutions et des compagnies paraétatiques comme la SBM. Il faudrait aussi dénicher des personnes qualifiées et de calibre pour une meilleure gestion des institutions de l’État. Qui plus est, les personnes qui ne peuvent assumer leur responsabilité devraient ‘step down’. Il propose aussi des comités parlementaires pour un meilleur contrôle des compagnies d’État.