Scandales liés à la Covid-19 : Dose de rappel sur les démissions survenues ailleurs

Mauvaise gestion, scandales, non-respect des consignes sanitaires… La Covid-19 a soumis bien de gouvernements à travers le monde à rude épreuve. Elle continue d’entraîner dans son sillage diverses démissions, des fois pour des raisons nettement moins graves que celles que nous connaissons chez nous.

Ici, les 100 000 personnes descendues dans les rues de la capitale pour réclamer la démission du Premier ministre n’ont pas suffi pour qu’il retienne la leçon, contrairement à la Mongolie où le chef du cabinet ministériel Khurelsukh Ukhnaa a pris la porte de sortie après des manifestations réunissant quelque 5000 personnes pour dénoncer le traitement inhumain d’une jeune mère infectée.

À Maurice, les ministres enfreignent les mesures sanitaires sans qu’ils ne soient inquiétés par la police. La gestion calamiteuse couplée des scandales d’achat de médicaments et de Pack and Blister, du décès des patients dialysés, de la manipulation éhontée des chiffres, du manque d’effectifs, d’oxygène et de médicaments et d’absence d’un plan cohérent de planification, entre autres, restent tous impunis.

Dans notre île, réclamer la démission du ministre de la Santé est équivalent, selon ce dernier, à une insulte envers le personnel médical. Petite dose de rappel pour rafraîchir la mémoire de nos élus concernant quelques démissions survenues cette année-ci.

Équateur

La campagne de vaccination au centre d’une valse de démissions

En Équateur, il y a eu, dans le sillage de la Covid-19, une valse de ministres de la Santé au début de 2021. Plusieurs titulaires à ce poste ont dû démissionner en pleine campagne de vaccination. Juan Carlos Zevallos a été le premier à soumettre sa lettre de démission à la fin de février. Il faisait l’objet d’une enquête policière après avoir favorisé l’inoculation des membres de sa famille, dont sa mère de 87 ans, au profit des membres du personnel médical. Une démission que le Président Lenin Moreno avait acceptée bien qu’il fut d’avis que Zevallos avait bien géré la crise sanitaire.

Succédant à Juan Carlos Zevallos, Rodolfo Farfan a dû lui aussi démissionner de son poste trois semaines après avoir prêté serment, toujours pour des raisons liées à la campagne de vaccination anti-Covid. Mauro Falconi n’a pas, non plus, tenu plus de trois semaines comme ministre de la Santé. Sa faute : la lenteur excessive de la campagne de vaccination pour les personnes âgées.

Inde

Remaniement majeur après une crise sanitaire majeure

La population appelait à la démission du Premier ministre indien après une crise sanitaire majeure provoquée par un manque d’équipements, de médicaments et d’oxygène dans les hôpitaux publics. Narendra Modi a réagi en procédant à un remaniement majeur de son cabinet ministériel. Douze ministres ont dû démissionner dans la foulée, dont celui du ministre de la Santé Harsh Vandhan ainsi que le ministre des Technologies et de l’Information Ravi Shankar Prasad. Ce dernier était vu d’un mauvais œil après des règlementations qu’il avait apportées concernant les réseaux sociaux. Rings a bell ?

Irak

Al-Tamimi viré après l’incendie meurtrier d’un hôpital Covid

Le ministre irakien de la Santé Hassan al-Tamimi a été suspendu par le Premier ministre Moustafa al-Kazimi en mai, soit dix jours après qu’un terrible incendie ait ravagé un hôpital dédié au traitement des patients atteints de la Covid-19 à Baghdad. L’incendie avait été causé par l’explosion des bonbonnes d’oxygène stockées sans que les conditions de sécurité ne soient respectées. 82 personnes, dont des patients se trouvant sous respirateurs, y ont péri et plus d’une centaine d’autres ont été blessées. Un drame qui a provoqué l’indignation du peuple irakien qui a réclamé la tête d’al-Tamimi.

Royaume-Uni

Un baiser lui coûte son poste ministériel

« Nous nous devons d’être honnêtes envers les gens qui ont tant sacrifié pendant cette pandémie, quand nous les avons déçus comme je l’ai fait en enfreignant les consignes ». C’est ce qu’a écrit le ministre de la Santé britannique Matt Hancock dans sa lettre de démission adressée au Premier ministre Borris Johnson en juin de cette année. Il était accusé d’avoir enfreint les règles sanitaires en embrassant sa conseillère dans son bureau, au sein même du ministère, alors que les accolades étaient interdites. Des photos et des images de cette embrassade ayant été étalées dans les médias, Hancook n’a eu d’autre choix que de s’avouer vaincu et de prendre la porte de sortie.

Argentine : Vaccins privilèges

Ses amis favorisés, Gonzàles Garcìa sommé de plier bagages

Il était au centre d’un scandale connu comme le « vaccins privilège ». Sommé par le président Alberto Fernandez de soumettre sa démission après des révélations selon lesquelles il aurait proposé à ses amis de se faire vacciner contre la Covid-19 sans prendre rendez-vous, Ginés Gonzáles García s’y est plié. « Je démissionne de mon poste de ministre de la Santé en réponse à votre demande expresse », a-t-il écrit dans sa lettre de démission le 19 février dernier.

Jordanie : Décès survenus suite à un manque d’oxygène

Nabidat accepte la responsabilité morale et démissionne

Sept patients sont décédés dans un hôpital public dans la province de Balqa après une coupure dans l’approvisionnement en oxygène. Ce qui a contraint le Premier ministre jordanien Bishr Al-Khasawneh à exiger la démission du ministre de la Santé Nadhir Abidat. Ce dernier s’y est résigné, en acceptant la « responsabilité morale » de ce drame.

Auparavant, soit en février, le roi Abdallah II avait également approuvé la démission de deux autres ministres pour non-respect des mesures sanitaires. Il s’agit du ministre l’Intérieur Samir Al-Moubaidin et celui de la Justice Bassam Al-Talhouni. Ces derniers étaient présents à un événement qui réunissait plus de personnes que le nombre autorisé.

Pérou 

Mazetti et Astete paient le prix fort de la première dose secrète

La vaccination a également été au cœur d’une polémique au Pérou. Deux membres du cabinet ministériel ont dû rendre leur tablier en février 2021 dans le sillage d’une vaccination secrète avant même le lancement officiel de la campagne de vaccination pour les populations prioritaires. La démission de la ministre de la Santé Pilar Mazetti a été suivie de celle de la ministre des Affaires étrangères Elizabeth Astete. Celle-ci a reconnu avoir commis une « grave erreur » en se faisant vacciner en catimini. 

Plus récemment, plus précisément au début de ce mois de novembre, le ministre de l’Intérieur Luis Barranzuela Vitere a démissionné suivant des allégations de violation des restrictions sanitaires liées à la tenue d’une fête d’Halloween chez lui à Lima. « J’ai pris la décision démocratique de démissionner irrévocablement du poste de ministre de l’Intérieur, rejetant les fausses accusations portant atteinte à ma carrière professionnelle, dans le souci de respecter la gouvernabilité et de faire honneur à la confiance du président de la République », a-t-il dit.

Slovaquie : Accord secret pour l’achat du vaccin Spoutnik V

Le gouvernement de Matovic renversé

Une crise politique provoquée par un accord secret concernant l’achat du vaccin russe Spoutnik V a poussé le Premier ministre slovaque Igor Matovic et son gouvernement à démissionner en mars de cette année. Matovic avait finalisé cet accord en dépit de l’opposition de ses partenaires de la coalition gouvernementale.  

Mongolie : Transfert inhumain d’une jeune mère atteinte de la Covid-19

Ukhnaa et son gouvernement prennent la porte de sortie après des manifestations populaires

Plus de 5 000 personnes sont descendues dans les rues d’Oulan Bator en janvier 2021 pour dire « BLD » après le transfert inhumain d’une jeune mère, positive à la Covid-19, et de son bébé dans un centre de traitement de maladies infectieuses après son accouchement. Le hic, elle était vêtue d’un simple pyjama malgré la température glaciale. Une image qui a choqué le peuple mongolien qui a réclamé la démission du Premier ministre. Khurelsukh Ukhnaa et son cabinet ont soumis leur démission dès le lendemain de ces manifestations populaires.