Ses proches maintiennent qu’il y a eu ‘foul play’

Mort suspecte de David Gaiqui

L’enquête judiciaire pour faire la lumière sur la mort de David Gaiqui en 2020 a débuté ce vendredi 17 février devant la cour de district de Port-Louis. Ses proches maintiennent qu’il y avait plusieurs bleus sur son corps, laissant penser qu’il n’est apparemment pas mort de thrombose coronaire, comme veut le faire croire le rapport d’autopsie.

Pour rappel, David Gaiqui avait fait la une de l’actualité en janvier 2018 après qu’une photo de lui, nu et enchainé à une chaise aux locaux du CID de Curepipe avait été diffusée sur les réseaux sociaux. Il avait été provisoirement accusé de vol par la police, mais cette affaire avait été rayée par le Directeur des poursuites publiques par la suite. David Gaiqui avait alors logé une plainte civile contre la police et l’État pour traitement inhumain et dégradant, et réclamait Rs 50 millions comme dommages.

Mais le 10 mai 2020, il avait été retrouvé inconscient devant l’hôpital Dr. Jeetoo, et un médecin de cet hôpital devait constater son décès. L’autopsie avait attribué ce décès à une thrombose coronaire. Bizarrement, quelques jours avant sa mort, Gaiqui avait reçu des photos du cadavre de Caël Permes, un détenu mort en prison dans des circonstances étranges. La police avait ouvert une enquête sur la source de ces photos. Et coïncidence ou pas, Gaiqui meurt quasiment au même moment.

Le DPP devait par la suite instituer une enquête judiciaire devant la Cour de district de Port-Louis    pour faire la lumière sur ce décès. Le vendredi 17 février 2023, alors que l’enquête judiciaire débute, les policiers assignés comme témoins dans cette affaire, apparemment impliqués dans les sévices que Gaiqui avait subis dans les locaux du CID de Curepipe en janvier 2018, ne se sont pas présentés à l’audience, et s’étaient fait représenter par d’autres policiers.

La veuve de David Gaiqui a témoigné en cour et à une question de Me Anoup Goodary, qui représente les intérêts de la famille Gaiqui dans cette affaire, a fait état des bleus retrouvés sur le corps de Gaiqui. Me Rama Valayden a quant à lui soumis une motion pour que la police fournisse aux avocats qui représentent les intérêts de la famille Gaiqui tous les documents relatifs à cette affaire.

L’affaire a été renvoyée au 21 avril 2023.

Le matin fatidique du 10 mai 2020

Une proche de David Gaiqui nous confie que peu de temps avant sa mort, David Gaiqui confiait aux membres de sa famille qu’il était suivi par certaines personnes louches. Le 10 mai 2020, il s’était rendu à l’hôpital Dr. Jeetoo seul dans sa fourgonnette à partir de son domicile à Pailles. Ses proches devaient apprendre d’un voisin qui avait une caméra CCTV qu’il avait bifurqué vers Grande-Rivière Nord-Ouest au lieu de prendre la direction de l’autoroute.

Ne le voyant pas rentrer, l’épouse de Gaiqui, Roselle Gaiqui, devait l’appeler sur son portable. Une voix d’homme, qui n’a pas encore été identifiée jusqu’ici, devait lui enjoindre de se rendre d’urgence à l’hôpital Dr. Jeetoo car son mari était gravement malade. Mais les proches de Gaiqui maintiennent que selon leurs recoupements par la suite, il était déjà mort vers cette heure-ci.

Les proches de Gaiqui devaient se rendre à l’hôpital en quatrième vitesse. Mais là-bas, ils devaient apprendre que David était déjà mort, et avait déjà été transporté dans une chambre froide, avant même toute identification du corps par un proche. C’est sa sœur et sa femme qui ont identifié le corps et avaient déjà remarqué plusieurs bleus sur son visage.  L’autopsie devait avoir lieu peu après. Une fois cet exercice fini, c’est le beau-frère de Gaiqui qui était alors entré pour identifier le corps.  Il devait quant à lui remarquer plusieurs bleus sur tout le corps de Gaiqui. Ce dernier portait une prothèse (‘vis’) dans sa jambe, qui paraissait tordue et disloquée. Le médecin légiste qui avait pratiqué l’autopsie, et qui avait conclu à une thrombose coronaire, devait lancer aux proches de Gaiqui qu’il comptait tout déballer en cour. Il sera prochainement convoqué comme témoin, selon nos sources.

Les demandes de la famille auprès de la police pour obtenir les images CCTV du trajet de Gaiqui depuis Pailles jusqu’à l’hôpital Dr. Jeetoo ont été vaines. La police a toujours maintenu aux membres de la famille Gaiqui qu’aucune camera qui couvrait ce trajet ne fonctionnait.