Sherrygate : Le hold-up du chef de lakwizine

Nos confrères de Top TV remettent ça… après la vidéo sur ‘Serenitygate’ et celle sur ‘Maradivagate’, une nouvelle vidéo a été postée ce vendredi 25 octobre sur la page Facebook de Top TV. Cette fois-ci, il est question de Sherry Singh, aussi connu comme étant le ‘chef’ de ‘Lakwizinn’, et de ses manigances à la tête de Mauritius Telecom. Si dans les premières vidéos, les scandales se chiffraient en termes de millions, voire de centaines de millions de roupies, cette fois-ci, on entrevoit des scandales à hauteur de plusieurs milliards… de quoi donner le tournis !

Avec l’arrivée au pouvoir de l’Alliance Lepep en 2014, Sherry Singh sera propulsé à la tête de Mauritius Telecoms (MT), en remplacement de Sarat Lallah comme CEO le 23 janvier 2015. Or, MT est une veritable vache à lait, avec des profits dépassant le milliard en 2015… Ainsi, un dénommé Avinash Mattarooa, le bras droit de Sherry Singh, va incorporer Green Space Ltd en 2015, à peine deux semaines après l’arrivée de Sherry Singh aux commandes de MT. Green Space Ltd va obtenir plusieurs contrats de MT. C’est Avinash Mattarooa qui va mettre Sherry Singh et l’avocat Samad Goolamally en relation d’affaires.

Dès son installation aux commandes de MT, un projet tient à coeur  Sherry Singh: notamment le projet pour l’installation de cables en fibre optique, un projet valant plusieurs milliards de roupies.

Le témoignage renversant de Deepak Persand

Un homme à la voix hésitante témoigne à visage découvert sur la vidéo de Top TV, ce qui permet de voir clair dans le jeu de Sherry Singh. Cet homme est Deepak Persand, un entrepreneur qui va obtenir d’importantes faveurs de Sherry Singh dans le cadre de l’installation de cables en fibre optique. Pourquoi ces faveurs ? Ce dernier serait intervenu lors du mariage du frère de Sherry Singh, Aditya Singh, avec une jeune femme d’une autre communauté, alors que les proches de cette dernière ne voyaient pas d’un bon œil ce mariage.

Pour ce cadeau de mariage, Sherry Singh veut lui allouer des contrats dans le cadre de l’installation de cables en fibre optique, alors que ce dernier n’a aucune expérience en la matière. Il proposera  donc à Deepak Persand d’aller négocier avec Forwardcom pour des commissions en retour. Cette compagnie a travaillé avec MT sous l’ancien régime pour l’installation de fibres optiques, mais il est prevu de « l’asphyxier », tout comme d’autres compagnies comme elle.

Le 15 novembre, un accord officiel  est enteriné au bureau de l’avocat Samad Goolamally. Tin & Tan Ltd, la compagnie de Deepak Persand, obtiendra des commissions de Rs 300 pour chaque connexion facturée par Forwardcom à Rs 1 400. L’accord est ainsi finalisé pour un contrat de Rs 190 millions pour Forwardcom, tandis que Deepak Persand percevra une commission totalisant Rs 75 millions de roupies.

Or peu de temps après, Forwardcom n’obtient plus de contrats et va refuser de payer des commissions à son tour à Deepak Persand, car il n’obtient plus de travail…

Le grand déballage commence alors

Forwardcom enverra une lettre à Pravind Jugnauth le 9 mai 2016, faisant état que le géant chinois Huawei, le principal contractant du gouvernement pour l’installation de cables en fibre optique, aurait reçu des instructions de ne plus lui fournir de contrats, avec l’arrivée de Sherry Singh. Ce qui est clair dans tout cela, c’est que Pravind Jugnauth est au courant de toute l’affaire… qui sera vite étouffée avec l’intervention d’un émissaire qui calmera tous les protagonistes.

‘Marsgate’

C’est le jounal en ligne Samedi Plus, qui a récemment révélé le scandale ‘Marsgate’, concernant le cable sous-marin entre Maurice et Rodrigues. Le projet, au coût intitial de Rs 800 millions, a vite été revu à la hausse et a passé à Rs 1,6 milliards. La question posée par le journal : où sont passées les Rs 800 millions en plus  ?

Contrairement à ce qui avait été prévu sous Vishnu  Lutchmeenaraidoo comme ministre des Finances, le coût intitial était de Rs 800 millions, et le financement déjà trouvé. Mais en 2016, Pravind Jugnauth, en tant que ministre des Finances, va allouer le contrat à MT, qui sera alors responsable de la source de financement. Et le coût du projet explose et passera à Rs 1,6 milliards.

Le cable a bien été raccordé le 17 novembre 2018, mais  cela a ouvert la porte à d’autres opportunités, celle de connecter les foyers rodriguais au fibre optique… De là, les interrogations foisonnent. À qui sera alloué le contrat à Rodrigues ? Quelles sont les compagnies qui vont bénéficier ? Qui va bénéficier de commissions ?

Des cables de cuivre valant Rs 24 milliards disparaissent dans la nature

La question valant plusieurs milliards : où sont passées tous les cables en cuivre qui ont été enlevés pour faire de la place au fibre optique ?  Selon Kailash Persand, une partie de ce  cuivre a été revendu à une compagnie indienne, où Samad Goolamally aurait agi comme facilitateur

L’enquête des journalistes de Top TV les mènera vers une plainte  qui avait été déposée en Cour suprême par un ancien employé et actionnaire de MT, Raj Rughoonath, au sujet de la vente de cuivre.

Ainsi, la compagnie indienne Tradeway, a acheté 500 tonnes de cuivre, mais tout en étant le ‘lowest bidder’. Raj Rughoonath a  aussi consigné une plainte à l’ICAC, car ce manque à gagner est au détriment des actionnaires de MT.

Or, il s’agirait de cuivre de très bonne qualité, entre Rs 80 000 et Rs 100 000 la tonne. Il s’agirait en outre d’une masse colossale de cuivre qui a été enlevée, soit plus de 300 000 tonnes pour faire de la place au fibre optique. Un simple calcul donne le tournis quand à la valeur totale du cuivre qui a été enlevé. Il s’agit d’une somme astronomique de Rs 24 milliards ! Pour Raj Rughoonath, il faut poser la question à Sherry Singh. Où est passé ce cuivre ? À qui a-t-il été vendu ? Des appels d’offres ont-ils été lancés ?

Le projet Safe City

Pour terminer, la vidéo fait aussi référence au projet Safe City, totalisant la somme faramineuse de Rs 16 milliards,  dont le contrat a été alloué à MT et à Huawei sans passer par aucun appel d’offres. Un projet garanti par l’État, garantie offerte par le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth en personne.

Safe City, comme on le sait, comprend l’installation de 4 000 caméras sur 2 000 sites à travers toute l’île.

La question qui se pose : comment se fait-il que Sherry Singha dispose d’autant de pouvoirs au sein de MT pour jongler ainsi avec des milliards ?  Un élément de réponse réside dans le fait qu’il est aussi le conseiller personnel du Premier ministre, et que ses va-et-vient au Prime Minister’s Office sont légions.

 

MT et Top TV à couteaux tirés

Dans un communiqué en date du 26 octobre, Mauritius Telecom affirme pour sa part que la vidéo de Top TV, « hautement diffamatoire, induit la population en erreur ». Selon le communiqué, les allégations de Top TV sont « fausses et malveillantes ». Le communiqué précise entre autres que les points avancés ont déjà été répondus publiquement dans le passé. « Mauritius Telecom déplore le manque d’éthique de Top TV/ Top FM, qui n’a pas jugé utile de chercher la version officielle de la compagnie pour son enquête », fait ressortir le communiqué.

MT compte donc engager des poursuites légales contre Top TV/ Top FM.

Top TV a lui aussi émis un communiqué en date du 26 octobre et dénonce « une tentative désespérée de cet organisme de cacher la vérité sur les agissements de son CEO, Sherry Singh » et que son enquête est basée sur des recherches approfondies et des preuves irréfutables.

Top TV affirme qu’elle « attend de pied ferme toute action judiciaire à son encontre. Elle réclame une enquête minutieuse sur les compagnies qui n’ont plus obtenu de contrats après la nomination de Sherry Singh ; tous les contrats alloués sans passer par des appels d’offres, et sur le cuivre enlevé et vendu, entre autres.