Situation malsaine dans un collège à Curepipe : Les élèves se mettent en grève

 

Rien ne va plus dans ce collège de Curepipe, où la ‘Deputy Rector’ du Département ‘garçons’ mène la vie dure aux enseignants comme aux élèves tombant sous son autorité. Vendredi dernier, les élèves ont tenu un ‘sit-in’ dans la cour du collège, où ils demandent, entre autres, le renvoi de celle-ci. Pas moins de douze ‘Heads of Department’ (HoD) ont aussi soumis collectivement leur démission quelque temps de cela, et sont redevenus de simples enseignants. Le ministère de l’Education a été alerté, ainsi que leur syndicat.

Ce n’est pas la première fois que ce collège se fait remarquer. Il y a eu plusieurs plaintes dans le passé, venant soit des enseignants, soit des élèves. Au début, c’étaient seulement un ou deux enseignants ou élèves qui faisaient entendre leurs voix, et avaient été rapidement mis à la porte, selon nos recoupements.

Quelque temps de cela, douze ‘Heads of Department’ du département ‘Filles’, soit englobant presque toutes les matières, ont récemment soumis leur démission, et sont redevenus de simples enseignants. Apparemment, un harcèlement et des pressions continuelles de la part de la ‘Deputy Rector’ à l’encontre des démissionnaires ont motivé cette défection.

Après cette démission, une lettre en date du 17 août, émanant des enseignants du Département ‘Garçons’, qui agissent par solidarité avec leur collègues du Département ‘Filles’, a été envoyée au ministère de l’Éducation et au syndicat des enseignants, faisant état d’une situation malsaine au collège. Les agissements de la ‘Deputy Rector’ ont été pointés du doigt.

Il faut dire que la ‘Deputy Rector’ a une façon bien à elle de faire les choses, selon la teneur de la lettre.

Ainsi, plusieurs enseignants expérimentés, qui ont travaillé au collège pendant plusieurs années, sont constamment humiliés lors des réunions avec la ‘Deputy Rector’, réunions qui sont ponctuées par des menaces et des insultes. Cette dernière laisse ainsi entendre que les enseignants pourraient attendre encore longtemps pour leur augmentation de salaire, ou encore, que les ‘Heads of Department’ pourraient être rétrogradés. Elle les met au pied du mur : ils doivent démissionner s’ils ne peuvent pas soumettre des rapports, qui sont exigés du jour au lendemain.

Les ‘Staff Meetings’ ont maintenant lieu à tout moment de la journée, pendant les ‘short breaks’ ou pendant le ‘recess’. Par conséquent, les enseignants et les ‘Heads of Department’ n’ont pas le temps de déjeuner et doivent retourner en classe immédiatement.

Qui plus est, les enseignants sont même humiliés durant la ‘Morning Assembly’, toujours par la ‘Deputy Rector’, et cela devant tous les élèves de l’établissement. Selon les enseignants, les élèves font maintenant preuve d’un manque de respect envers eux en classe, ce qui leur rend la vie plus difficile.

Les enseignants font souvent la queue après les heures de classe pour pouvoir signer l’Attendance Book. Pourquoi ? Parce que ces registres doivent rester en possession des ‘secrétaires’, mais ces derniers sont pris dans les sempiternelles réunions avec la ‘Deputy Rector’. Une situation difficile pour ces enseignants, qui sont aussi des parents et qui ont leurs responsabilités familiales.

De plus, depuis le confinement, le collège utilise WhatsApp pour communiquer avec les enseignants, une application qui est très utile en temps normal. Mais la ‘Deputy Rector’ envoie message sur message à n’importe quelle heure du jour, des fois même après minuit…

 La ‘Deputy Rector’ fait même fi  aux directives de la PSEA

Depuis le début de l’année, deux enseignants sont considérés comme ‘redundant’ par le management, qui leur fait voir de toutes les couleurs, à travers la ‘Deputy Rector’. Ainsi, jusqu’à  l’heure, ils n’ont pas encore été assignés à une classe quelconque, et passent leur temps à se tourner les pouces dans la ‘Staff Room’, ne sachant pas trop quoi faire.

La ‘Private Secondary Education Authority’ (PSEA) a été saisie de cette affaire. Selon la ‘Deputy Rector’, les deux enseignants en question ne sont pas performants, mais la PSEA n’était pas du tout d’accord avec cette explication et avait demandé au collège de revoir son fonctionnement.

Mais le collège, ou plutôt la ‘Deputy Rector’, a fait fi des directives de la PSEA. Comme mesure de rétorsion, deux stagiaires ont été embauchés pour remplacer les deux enseignants. Pendant huit mois, les stagiaires ont travaillé sans aucun salaire, et à la fin, ont dû quitter leur travail.

Et la hiérarchie du collège dans tout ça ? Selon nos recoupements, le Manager agit  comme celui qui ne voit rien, n’entend rien, et n’ouvre jamais la bouche pour rappeler à l’ordre sa subordonnée, nous fait-on comprendre.

Nous avons essayé d’entrer en contact avec le collège. Au début, on nous a fait comprendre que la ‘Deputy Rector’ n’était pas disponible. Par la suite, le collège n’a répondu à aucun de nos appels. On a aussi appelé la ‘Deputy Rector’ directement sur son numéro personnel mais quand on l’a informé que nous étions de la presse, elle nous a raccroché au nez et n’a plus répondu à nos appels. Non, on ne peut pas dire qu’elle a le sens de la communication. À se demander aussi ce qu’elle enseigne à ses élèves en matière de savoir-vivre…

Hors-texte 1

Un vent de révolte sur le collège…

Pas plus tard que ce vendredi 2 octobre, les élèves se sont mis en grève, filles comme garçons. L’ensemble des élèves protestaient contre la vétusté des infrastructures, mais les filles avaient une raison supplémentaire de manifester : vous avez deviné, ils ne voulaient plus de la ‘Deputy Rector’, en effet…