Son nikkah n’est pas reconnu par l’État : Rakiba lutte pour sa pension de veuve depuis un ans

Cette quinquagénaire ne sait plus vers qui se tourner. Plus d’un an après le décès de son époux, Rakiba (prénom modifié) attend toujours que la sécurité sociale lui accorde sa pension de veuve. Le hic, elle n’était pas mariée civilement à son défunt époux. Toutefois, elle possède tous les documents relatifs à son mariage religieux, contracté il y a plus de 25 ans de cela, soit en 1991. Malade, elle ne sait plus comment faire pour nourrir sa famille et acheter ses médicaments.

À cette époque, la Muslim Personal Law et la Muslim Family Council n’existaient pas encore, ce qui fait que le mariage religieux entre Rakiba et son défunt époux n’a pu être enregistré par l’état civil. Cependant, depuis la mort de son époux, Rakiba, aujourd’hui âgée d’une cinquantaine d’années, n’est pas restée les bras croisés. Elle a multiplié les va-et-vient au bureau de la sécurité sociale de Port-Louis.  Mais pour le moment, ses démarches demeurent vaines.

Elle ne sait plus comment faire pour nourrir sa petite famille mais ne désespère pas. « Je voudrais sortir pour aller travailler, mais ma santé ne me le permet pas. Je souffre de l’asthme et du psoriasis. Mes mains et mes pieds sont la plupart du temps affectés et par-dessus tout, je dois m’acheter des médicaments qui coûtent extrêmement cher », nous explique-t-elle. La situation financière chez Rakiba n’augure rien de bon, d’autant plus que les Rs 2 800 qu’elle perçoit comme aide sociale pour envoyer sa benjamine au collège sont loin de suffire.

Au niveau des lois régissant la sécurité sociale, il est stipulé sous la section 4(2) de la National Pension Act et sous la Civil Status (Amendment) Act de 1987, que le mariage religieux n’est pas reconnu.  C’est ce qu’ont dit les officiers à Rakiba. « Mais comment peut-on nier le fait que je suis bien l’épouse de F ? J’ai produit tous les documents requis, dont l’acte de naissance de mes enfants, ainsi qu’un affidavit, en vain », martèle la quinquagénaire.

Cette dernière s’insurge contre certains officiers de la Sécurité sociale, qui « n’ont pas de cœur ». « Parfois, 50 sous mo péna pou mo acheté mangé, zot pas compren sa. Zot dire moi ale rode enn avoué ou enn avocat, ale faire enn case la cour. Manzé mo péna, ki avocat mo pou ale rodé ? Dans Rs 2 800, bizin avoye zenfan lekol, paye la limière, paye delo, pas ress nanié. Mo nepli conné ki pou manzé », dit Rakiba.

Sollicité pour des explications, le service de presse du ministère de la Sécurité sociale est resté injoignable.