Le Premier ministre a-t-il enfin compris que le Speaker Sooroojdev Phokeer, élevé au rang de GCSK et GOSK par le MSM, lui ferait plus de mal que de bien à l’approche de la dissolution de l’Assemblée nationale ? La question se pose, bien que rien ne confirme, à ce stade, qu’il y aurait un nouveau président « in the chair » dans les jours ou les semaines qui suivent. Au départ perçu comme un « asset » pour le gouvernement, notamment en agissant comme goalkeeper en faveur de la majorité, nombreux sont ceux qui pensent au sein du cabinet ministériel et du Sun Trust qu’il n’est maintenant plus qu’une « liability ». Un poids lourd qu’il sera difficile pour le gouvernement de porter, surtout dans un contexte électoral. Et pour cause ! Sooroojdev Phokeer a franchi la ligne rouge cette semaine, non seulement envers des parlementaires, dont Eshan Juman qui a été escorté hors de l’Hémicycle par une armada de policiers de l’Assemblée nationale suivant ses instructions, mais aussi envers des employés de l’Assemblée nationale.
En effet, le ‘Technical Advisor Broadcast Matters’, Shiam Persand, a démissionné de son poste avec effet immédiat cette semaine. Cela, à peine quatre mois après avoir pris ces fonctions. Ce dernier a catégoriquement refusé de commenter son départ. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il n’est pas le seul qui s’est retrouvé dans cette situation. Une ancienne attachée-de-presse, qui avait travaillé sous le précédent gouvernement travailliste avant de venir prêter main forte au gouvernement MSM après le changement du régime, avait également été contrainte à la démission l’année dernière. Elle n’avait assumé ses fonctions au bureau du Speaker que trois mois, d’octobre à décembre 2023. Auparavant, plus précisément en avril 2023, la Clerk de l’Assemblée nationale, Safeena Lotun, avait également tiré sa révérence. Les raisons de tous ces départs n’ont jamais été évoquées officiellement. Dans les couloirs de l’Hôtel du gouvernement toutefois, ces raisons relèvent d’un secret de polichinelle. Et elles pointent toutes vers une seule personne : le Speaker Sooroojdev Phokeer.
Manipulation d’images
Ce qui se passe entre les quatre murs du bureau du Speaker ressemble à une série d’horreur, nous dit une source bien renseignée qui a ses entrées et sorties à l’Hôtel du gouvernement. Selon elle, les employés devant travailler sous la tutelle de Sooroojdev Phokeer vivraient constamment dans l’angoisse. Bullying et insultes font partie de leur lot quotidien, nous confie-t-on. D’ailleurs, même les policiers qui travaillent sous ses ordres ne seraient pas épargnés. Du moins, c’est le sentiment qu’ont les députés qui se sont faits expulsés par le Speaker. « Bane policiers la dire nou sorti, sinon nou pou gagne problème avec Speaker », nous confie un député qui a l’habitude d’être « ordered out ». Mais pire, il semble qu’il a des choses plus sinistres qui se déroulent au bureau de l’Assemblée nationale. On évoque ainsi la manipulation des images des travaux parlementaires qui sont rediffusées tous les jours de midi à 14h dans la journée et de 20h à 22h tous les soirs.
Antécédents
Pointé du doigt à plusieurs reprises dans le passé, y compris pour son passage à l’ambassade d’Égypte où il assumait les fonctions d’ambassadeur avant d’être rappelé au pays suivant son mauvais comportement, Sooroojdev Phokeer avait stupéfié tout le monde lorsqu’il avait lancé un sonore « look at your face » au député Rajesh Bhagwan en août 2021. Ce qui avait poussé le principal concerné à dire que Sooroojdev Phokeer était « out of order ». Mais pas que. Les parlementaires travaillistes avaient même adressé une lettre au Président de la République, en tant que garant de la Constitution, pour dénoncer son comportement répréhensible. En vain. Le Speaker a récidivé sans cesse, osant même se montrer sous un angle encore plus grossier et indécent. On se souviendra ainsi du ‘Rest In Peace’ qu’il avait lancé à Shakeel Mohamed alors que ce dernier assumait les fonctions de leader de l’Opposition.
Alors que des voix au sein même du gouvernement s’ajoutent désormais à celles de l’Opposition et de la population, le Premier ministre Pravind Jugnauth, qui l’a toléré pendant tout ce temps, maintiendra-t-il cet ancien agent de son parti en poste ? Attendons de voir.