La semaine écoulée a été très mouvementée depuis la décision du Directeur des Poursuites Publiques (DPP) de ne plus objecter à la remise en liberté conditionnelle de l’avocat Akil Bissessur et de sa compagne, Doomila Moheeputh, devant la cour de district de Bambous, en milieu de semaine. Le représentant du DPP, Me Oberoi Dawoodharry, a surpris plus d’un en cour, mardi dernier, quand il a informé la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnauth qu’il n’avait aucune objection pour qu’Akil Bissessur soit relâché sous caution. Et comme attendu dès lors, sa compagne a également retrouvé la liberté provisoire lendemain. Ils ont dû chacun fournir une caution de Rs 50 000 et signer une reconnaissance de dette de Rs 300 000.
Selon nos sources, cette décision a été prise après que la police ait pris connaissance du rapport préliminaire du ‘Forensic Science Laboratory’ (FSL). Aucune trace d’ADN d’Akil Bissessur ou de Doomila Moheeputh n’a été prélevée sur les colis de drogues saisis à Palma le 19 août dernier. Des sources bien informées nous affirment également que les vidéos se trouvant en possession de la ‘Special Striking Team’ ne sont pas convaincantes. Avec ces récents développements, l’affaire prend une toute autre tournure. Il n’est ainsi pas à écarter que la charge de trafic de drogue soit modifiée à celle de possession de drogue dans les semaines à venir.
Akil Bissessur : « Mone trouve Striking Team pe met kitchose dans tiroir commode »
Entouré de ses proches et de ses hommes de loi après sa libération provisoire, Akil Bissessur a clamé haut et fort son innocence dans cette affaire. Il dit avoir été piégé par la ‘Special Striking Team’. « Quand zot ine rentré, six dimoune ine tappe moi kout matraque, zot ine amene moi lors lili, pe continuer tappe moi, lerla ine pez mo la tête, dans direction ki mo ti pe gueter la, mone trouve ene policier ouvert tirroir pe met ene kitchose », a-t-il expliqué. Il maintient qu’il n’a rien à voir avec cette affaire de trafic de drogue. Interrogé sur le contenu du sac qu’il avait en sa possession le jour de son arrestation, Akil Bissessur a expliqué qu’il contenait des vêtements. « Ti ena zis mo linge la-dans. La veille mo copine ti kot moi, lerla lendemain mone vine kot li, mone saryer mo banne linge », a-t-il soutenu.
Les hommes de loi d’Akil Bissessur et de Doomila Moheeputh souhaitent que l’ADN des policiers affectés à la ‘Special Striking Team’ soit prélevé au plus vite possible. Cette demande a d’ailleurs déjà été exprimée par les enquêteurs du CCID qui mènent cette enquête.
Plainte pour incitation à la haine raciale contre Bissessur
Suite à la déclaration faite à la presse par Akil Bissessur et diffusée en direct sur Facebook par plusieurs médias, l’Assistant Surintendant de Police, Ashik Jagai, responsable de la ‘Special Striking Team’ a porté plainte contre l’avocat pour incitation à la haine raciale, jeudi. Il a aussi rejeté en bloc les accusations à l’effet que de la drogue aurait été plantée au domicile de la compagne d’Akil Bissessur. Selon lui, certains propos rapportés par l’homme de loi ne sont pas appropriés, et portent atteinte à l’intégrité de son équipe. Le CCID a déjà ouvert une enquête sur cette affaire, et Akil Bissessur devra prochainement fournir ses explications concernant les propos qu’il a tenus par rapport aux statuettes de divinités qui avaient été saccagées chez sa compagne durant la descente de la ‘Special Striking Team’.
Rama Valayden veut obtenir les onze vidéos filmées par la police
Rama Valayden, qui représente Akil Bissessur à titre gracieux, a adressé plusieurs demandes au Commissaire de police, Anil Kumar Dip, dans une lettre en date du 9 septembre 2022. Il demande au CP de rendre public les images de onze vidéos non-éditées et incluant l’horodatage, filmées par la police le jour de l’arrestation de l’avocat et de sa compagne, soit dans la soirée du 19 au 20 août. Selon lui, la police n’a utilisé que deux de ces vidéos durant les comparutions d’Akil Bissessur en cour.
Ces vidéos permettront d’établir, selon Rama Valayden, l’heure exacte où la police était présente au domicile de la compagne d’Akil Bissessur, Doomila Moheeputh, à Palma et l’heure exacte où le couple a fait son apparition sur les lieux. Cela permettra aussi d’établir les propos échangés entre les éléments de la ‘Striking Team’ et Akil Bissessur, Doomila Moheeputh et sa belle-mère, ainsi que les jurons des forces de l’ordre lancés à leur encontre. Ces vidéos, insiste Rama Valayden, permettront d’établir la chronologie de la perquisition, et plus important encore, où se trouvait Akil Bissessur au moment où selon la police, il tirait la chasse d’eau pour évacuer la drogue.
Le Commissaire de police est pour sa part intervenu sur les ondes d’une radio privée le vendredi 9 septembre pour dire, en substance, qu’il est facile pour un avocat de venir dire que la drogue a été plantée chez lui. « Il n’est pas dans l’intérêt de la police d’aller planter de la drogue chez qui que ce soit », devait-il lancer. Lui donnant la réplique un peu plus tard sur les ondes de la même radio, Rama Valayden a affirmé que le Commissaire de police doit penser en termes de la Constitution et de l’État de droit, et qu’il doit y avoir une transparence dans ce que fait la force policière. L’ASP Jagai, qui a aussi fait une déclaration radiophonique, s’est défendu en disant qu’il exerce au sein de force policière depuis 30 ans et qu’il n’a jamais connu un tel problème.