Sur la sensibilité de la question du Talaaq (divorce)

Le mariage est encouragé en Islam et ses vertus ont été soulignées dans les textes sacrés. Le Saint Prophète (S.A.W) a lui-même à plusieurs reprises exhorté les gens à convoler en justes noces en disant qu’accomplir le Nikaah c’était compléter la moitié du Deen.  Dans un précédent article que j’ai eu la chance de faire publier dans ce même journal, j’ai pu longuement élaboré sur les facteurs qui contribuent à avoir une bonne harmonie au sein du couple. Toutefois, il peut arriver qu’un couple n’arrive plus à s’entendre et il n’y a d’autre issue que de se séparer amicalement, chacun allant de son côté pour essayer de refaire sa vie. L’Islam, comme on le sait, a permis le Talaaq, le divorce, quoiqu’elle précise que c’est la chose permise qui est la plus détestée auprès d’Allah. Dans un autre Hadith, on apprend même que le Trône d’Allah tremble quand un mari donne le ‘Talaaq’ à sa femme. Tout cela nous a été communiqué dans le but de nous faire comprendre qu’il faut tout essayer pour faire réussir son mariage, qu’il ne faut pas jeter les armes au moindre secousse de la barque. Et surtout qu’il ne faut jamais donner le Talaaq dans un moment de colère.

Quand un couple est arrivé au bord de la rupture, c’est qu’ils ont tout essayé, qu’ils ont tous les deux fait de leur mieux et que finalement cela n’a pas marché. Et là aussi en se séparant, il ne faut jamais donner trois Talaaq d’un seul coup. Arrivé au stade de désaccord profond, le Saint Qur’aan recommande : « Si vous craignez le désaccord entre les deux (époux), envoyez alors un arbitre de sa famille à lui, et un arbitre de sa famille à elle. » [S4 :V35]. Et pendant ces étapes, faîtes appel aux conseils de savants religieux qualifiés et surtout ceux en qui on peut avoir confiance. Pour concrétiser le Nikaah, on fait appel à un Imaam, de même quand le Talaaq a été envisagé on a besoin de l’accompagnement d’un Mufti spécialisé dans les conflits conjugaux. Et il vous conseillera qu’un seul Talaaq suffit et cela se fera devant témoins. Si un Talaaq a été prononcé par le mari et il n’y a eu aucun contact intime entre les époux pendant une période de trois cycles menstruels de la femme et que le mari n’a pas repris sa femme dans son Nikaah, alors le mariage est rompu et la femme est désormais libre. L’avantage avec un seul Talaaq, c’est que non seulement les deux peuvent chacun se remarier de leur côté [après Iddat (le délai prescrit) pour la femme] mais ils peuvent aussi se remarier entre eux si jamais ils le désirent. Il leur suffit de refaire un Nikaah et ils seront à nouveau mari et femme mais le lien qui les unit maintenant reposera désormais que sur deux Talaaq.

Aujourd’hui ce qui nous préoccupe, c’est le taux élevé de divorces surtout parmi les jeunes couples. A peine sont-ils mariés qu’on les retrouve vite divorcés et encore plus vite remariés avec un autre partenaire. Selon notre petite recherche, dans la plupart des cas le divorce a été occasionné par une affaire banale et souvent pour des raisons farfelues aussi. Il y a eu aussi le mariage éclair. A peine le Nikaah a été célébré à l’heure de Assr qu’arrivée l’heure du Maghrib voilà que monsieur Doulha pique une crise parce que sa mère s’est sentie offensée par la nouvelle mariée et pour montrer de quel bois il se chauffe monsieur Doulha flanque les trois Talaaqs à son épouse dans la salle alors que les invités qui se frottaient déjà les mains pour déguster un bon Briani restent bouches bées, ne voulant pas croire ce que leurs oreilles viennent d’entendre. Nous faisons donc un appel à tous nos frères mariés de bien réfléchir avant de donner un Talaaq à leurs épouses. Certes, si une femme est coupable d’infidélité flagrante, de manquements graves, le mari a tout le droit de se séparer d’elle. Mais il ne faut pas agir sur de simples soupçons, sur les ‘palabres’ que les Mauriciens aiment bien faire mijoter. On ne peut pas accuser quelqu’un d’infidélité s’il n’y a pas de preuves accablantes. Il est trop facile de faire de fausses accusations contre des gens innocents.

Nous faisons un appel aux responsables des Madrassas d’inclure dans leur cursus des grandes classes, des sessions pour l’éducation de la vie de mariage et de savoir-vivre à nos jeunes. [Sessions à être dirigées par de vrais professionnels du domaine]. Les associations aussi peuvent faire des formations de préparation pour le mariage afin d’éduquer les gens sur l’étiquette à adopter en tant qu’époux ou épouse. Je salue par ailleurs les efforts qui été faits par certaines associations musulmanes pour organiser des cours sur le mariage tout récemment. Ils ont fait un travail remarquable et il faut les encourager à continuer encore plus. Nous devons apprendre à vivre selon les principes de l’Islam et ça les Imams peuvent aussi nous les enseigner pendant les prêches du vendredi dans la mesure du possible.

Abdus Saboor Mohamed Saleh

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