Ça ne sent pas la rose…
- L’inaction du ministre Ivan Collendavelloo pointé du doigt
Cinq hauts cadres de la Wastewater Management Authority (WMA) ont été suspendus de leur fonction le 30 juin dernier. Ils rejoignent ainsi 9 autres employés suspendus de ce corps paraétatique depuis août 2016 pour des raisons apparemment injustifiées. Leur porte-parole, Mahen Bucktowar, président de la WMA Employees Union (WMAEU) qui maintient que les suspensions ne sont pas justifiées critique vertement Ivan Collendavelloo, ministre de l’Énergie et des Utilités publiques pour son indifférence et son parti-pris face à ce problème.
Suite à la nomination d’un proche du gouvernement au poste de chairman de la WMA, en l’occurrence Sulaiman Hansrod, rien ne va plus au sein de cette entreprise paraétatique. « Depuis janvier 2015 que les employés de la WMA font face à plusieurs problèmes. Avant 2015, il n’y a eu aucune suspension », déplore Mahen Bucktowar.
La suspension de ces cinq employés par la direction de la WMA serait la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Le syndicaliste monte au créneau et dénonce les agissements du chairman de ce corps paraétatique. Selon ses dires, plusieurs employés subissent les caprices du chairman. Ils travaillent sous pression, et ont le sentiment de pouvoir perdre leur emploi à tout moment.
Parmi les 5 employés suspendus, on retrouve un divisional manager, un work manager, un engineer, un senior engineer et un comptable, soit quatre hommes et une femme. Il est à noter que ces employés vont continuer à percevoir leur salaire sans rien faire. Apparemment, l’employée suspendue a eu un malaise et a été hospitalisée quand elle a reçu sa lettre de suspension.
Une vendetta politique ?
Serait-ce une vendetta politique ? C’est la question que se pose le représentant des employés du WMA. « Le ministre Collendavelloo ignore les syndicats. Il ne fait que défendre le chairman bec et ongles », affirme le président de la WMAUE. Il se demande pourquoi seuls les avocats de Collendavelloo Chambers ont été retenus pour siéger sur le comité interne sur la WMA.
- Le ministre se défend et réclame des preuves de la part du syndicat
Mahen Bucktowar précise par ailleurs qu’il existe plusieurs problèmes internes à la WMA. Le syndicat envisage des manifestations dans les jours à venir afin d’alerter l’opinion publique. L’intervention du Premier ministre, Pravind Jugnauth, est aussi sollicitée dans cet imbroglio.
Réaction du ministre
Ivan Collendavelloo : « Impensable que je nomme une Chairperson qui ne partage pas ma vision »
Suite à ces suspensions et les allégations du président du syndicat de la WMA, Sunday Times a recueilli l’avis du Deputy Prime Minister Ivan Collendavelloo sur ce sujet. Nous vous proposons l’interview qu’il nous a accordée dans son intégralité.
- La nomination de Sulaiman Hansrod est-elle une nomination politique ?
Ivan : Le Wastewater Management Authority (WMA) est constitué par une loi spécifique de 2000. En vertu de la section 8(2) de cette loi, le Président est nommé par le Ministre. Il est donc clair que c’est une nomination politique. Sulaiman Hansrod est nommé d’abord parcequ’il s’aligne sur ma politique et ma vision. Il serait impensable que je nomme une Chairperson qui ne partage pas ma vision. Par ailleurs, Sulaiman Hansrod est un Chartered Engineer de l’Institution of Civil Engineers (UK) qui a donc des compétences en tant qu’ingénieur. Il a présidé le Conseil d’Administration dans le droit fil des mes directives de politique générale et je dois dire qu’il a réussi à assainir la gestion de cette autorité qui perdait des milliards de roupies tous les ans comme en témoignent les rapports d’audit année après année. Cette année pour la première fois, Hansrod peut fièrement se prévaloir d’un quasi clean audit report. A part le vieux problème de repaiement des emprunts gouvernementaux, les grands dépassements généreusement accordés aux contracteurs n’existent plus. Ce qui veut dire que les connections domestiques se font à plus grande allure. Et là, je salue la coopération du syndicat ainsi que tous les employés qui ont retrouvé un sens de direction. Le Board est un Board qui travaille efficacement sous la férule de son excellente Chairperson.
- Quelle est la raison pour laquelle 5 employés ont été suspendus de leurs fonctions le vendredi 30 juillet dernier ?
Ivan : C’est une question qui relève du Board et non pas de moi. Je crois comprendre qu’un comité d’enquête a trouvé certains éléments qui ont mené le Board à cette décision. Je n’en sais pas plus et j’attends le rapport du Board avant de comprendre ce qui s’est passé.
- S’agit-il d’une vendetta politique comme affirment les responsables du syndicat de la WMA ?
Ivan : J’espère que le Board ne fait pas de vendetta politique. Ce serait aller contre les directives générales que j’ai données à ceux que j’avais nommés au Board. Il faut dire que la majorité des membres du Board sont soit des fonctionnaires de valeur ou des représentants d’institutions qui n’ont rien à faire avec la politique. Je vois mal ces personnes faire de la politique au niveau d’un Board. D’ailleurs, je ne m’intéresse pas à la couleur politique des employés de l’autorité. Je veux qu’ils fassent leur travail correctement.
- Le syndicaliste Mahen Bucktowar vous blâme pour votre indifférence et votre parti-pris. Vos commentaires ?
Ivan : C’est un peu contradictoire. Je ne donne que des directives générales et je ne m’ingère pas dans la direction générale de l’entreprise. Je pense que le syndicaliste devrait étaler ses preuves plutôt que de lancer des phrases en l’air.
- Est-ce seulement des avocats de Collendavelloo Chambers qui ont été choisis pour siéger sur le comité d’enquête à la WMA ?
Ivan : Collendavelloo Chambers n’existe plus. Je ne suis plus avocat. Ce cabinet est maintenant dirigé par Veda Balamoody, député de l’Opposition. S’agissant du fact finding committee mis sur pied dans cette affaire, il fut dirigé par Me Doorga que je connais à peine. Il a été choisi soit par le Board soit par le General Manager. La procédure veut qu’il y ait une enquête au niveau de l’autorité. Elle est conduite par le General Manager. Il n’y aurait rien d’anormal à ce qu’un avocat faisant partie de l’ex-Collendavelloo Chambers soit retenu pour un travail spécifique. Je rappelle que les senior legal advisers de la Waste Water sont Mes Bucktowonsing, Senior Attorney et Patrice de Spéville, Senior Counsel. Pas ce qu’on qualifierait d’agent du Mouvement Libérater n’est-ce pas ?