Taslima Ramjan, mère de famille et entrepreneuse : « Que les parents soutiennent leurs filles victimes de violence conjugale »

Taslima Ramjan, une habitante d’Union Park dans la trentaine, est une femme forte et courageuse. Entrepreneuse, elle essaie d’élever ses enfants avec de bonnes valeurs, et elle est déterminée à ce que ces dernièrs ne connaissent pas les difficultés qu’elle a elle-même connus dans son enfance. Son message aux femmes : ne jamais subir la violence domestique sous aucun prétexte.

Taslima Ramjan est âgée d’une trentaine d’années. Elle est la mère de deux enfants, âgés de 4 et de 7 ans Cette habitante d’Union Park a débuté dans l’entrepreneuriat depuis 4 ans. Elle prépare et vend des achards et des gâteaux salés, entre autres. Son mari, qui est ‘supervisor’ dans une compagnie, l’aide énormément dans ses livraisons.

Taslima Ramjan nous confie qu’elle vient d’une famille pauvre. Elle se souvient des difficultés auxquelles elle-même et sa famille ont dû faire face. La famille menait une vie très indigente dans une maison en feuilles de tôle. Son père était mentalement déficient, et c’était sa mère qui a dû travailler dur dans une usine pour pouvoir élever Taslima et son frère ainé « dans une société où les garçons ont plus de droits et de valeurs que les filles », selon elle. Sa mère a tout fait pour que son frère et elle ne manquent de rien. Pour elle, sa mère est une femme exemplaire. Selon Taslima, ses parents ont toujours été très compréhensifs, que ce soit envers elle ou envers son frère.

C’est aussi grâce à la pension que touchait son père que les enfants ont pu partir à l’école. Elle nous confie que des proches venaient dire à ses parents de veiller à ce que son frère reçoive plus d’éducation qu’elle. Or, Taslima a pu convaincre ses parents du contraire sur ce plan et a pu poursuivre ses études jusqu’au HSC.

Elle a donc adopté le même raisonnement pour élever ses deux enfants. Taslima leur a toujours inculqué de bonnes valeurs, en leur apprenant de menus travaux ménagers, comme ranger leur lit. Selon elle, ses enfants savent qu’il faut tout le temps ranger leur chambre avant de se brosser ses dents.

Comment voit-elle l’évolution de la femme en 2021 ? « Les femmes ne sont plus comme avant. Ellesne se fient pas seulement au salaire de leurs maris, et elles veulent toujours faire quelque chose pour être plus indépendantes », dit-elle.

Que pense-t-elle sur la capacité des femmes ? Taslima Ramjan pense qu’une femme peut faire tout ce qu’un homme peut faire. Elle est même d’avis que les femmes sont parfois plus talentueuses que les hommes, mais ne démontrent pas cela, et c’est pour cela que les hommes pensent que les femmes sont faibles.

Quel est son point de vue sur la violence domestique ? Elle nous dit qu’elle connait des femmes de son village qui subissent la violence conjugale. Elle demande aux femmes de ne pas rester silencieuses, peu importe les problèmes auxquels elles doivent faire face, et de refuser de subir la violence sous toutes ses formes. « Au contraire, il faut les dénoncer », selon notre interlocutrice.

 « Même les mères demandent à leurs filles de subir et de rester. Que feront ces dernières si leurs parents ne les soutiennent pas ? », s’interroge-t-elle. Elle s’insurge du fait que ces femmes ne portent pas plainte vu l’absence de soutien et d’encadrement de la part de leurs parents, mais aussi parce que les femmes ne peuvent pas être indépendantes sur le plan financier. Taslima Ramjan lance un appel aux parents de ne pas laisser souffrir leurs filles aux mains de leur maris.

Selon elle, il y a aussi des femmes qui subissent tout entre les mains de leur mari pour leurs enfants, mais c’est une attitude qu’elle n’admet pas, « parce que cela finira mal, vu que les enfants peuvent perdre leur mère ou parce qu’ils peuvent se retrouver traumatisés. »

La jeune femme déplore aussi la mentalité de certains parents qui ne laissent pas leurs filles poursuivre leurs études et qui favorisent leurs fils quand il s’agit d’acquérir des connaissances. « Ce sont les parents même qui découragent leurs filles », assène-t-elle. Taslima maintient qu’il y a certaines personnes qui pensent toujours que les filles doivent rester à la maison et qui mettent en pratique cette façon de penser, et relèguent ainsi leurs filles au second plan.

Pour Taslima Ramjan, sa force réside dans ses enfants. « Je veux que mes enfants reçoivent les choses que je n’ai pas pu avoir dans mon enfance », nous confie cette mère. Elle ne souhaite pas que ses enfants connaissent les mêmes difficultés auxquelles elle a dû faire face. Elle ressent toutefois un moment de faiblesse quand elle repense aux sacrifices qu’a endurés sa mère, qui aide encore Taslima à fabriquer ses achards.

Si elle le pouvait, elle aurait voulu prendre sous son aile des femmes en difficulté pour travailler avec elle, et pour qu’elles soient indépendantes. Elle demande aux femmes d’être plus solidaires les unes envers les autres, surtout avec celles qui traversent des moments difficiles.

   SARAH KHODADIN