Test déterminant pour les partis politiques de l’opposition

Partielle au no 18

La première étape de l’élection partielle à la circonscription no 18 a été franchie hier avec le dépôt des candidatures. Il ne reste maintenant qu’un peu plus d’un mois pour que les candidats des principaux blocs politiques convainquent l’électorat de Belle-Rose/ Quatre-Bornes de voter pour eux. Cette partielle, prévue pour le 17 décembre prochain, s’annonce cruciale puisqu’elle permettra de déterminer la force des divers partis politiques de l’opposition à deux ans des prochaines législatives nationales. « Ce sera essentiellement un affrontement entre les partis d’opposition suite au refus intelligent de l’alliance gouvernementale de ne pas y participer. Ce sera un véritable test pour mesurer la force des opposants entre eux, même si on est dans une partielle et non dans une élection nationale. Cela dit, le vainqueur au no 18 devrait avoir la main haute sur les législatives de 2019 mais l’histoire récente a prouvé que désormais, en politique, rien n’est joué d’avance », souligne Shafick Osman, géopoliticien et chercheur associé à la Florida International University, à Miami. Que représentera une éventuelle victoire à cette partielle pour les principaux blocs politiques ? Tour d’horizon…

Zahirah RADHA

 Reform Party

La joute décisive pour Roshi Bhadain

Le pari est très risqué pour Roshi Bhadain. Le leader du Reform Party a joué avec son avenir politique en démissionnant de l’Assemblée nationale, provoquant ainsi cette partielle au no 18. Il affirme représenter l’alternance et la fin des dynasties politiques. Or, l’ancien ministre de la Bonne Gouvernance et ami intime de Pravind Jugnauth avait été l’un des premiers à plébisciter ce dernier comme Premier ministre. L’homme à l’égo surdimensionné pensait alors pouvoir accéder aux plus hautes marches du gouvernement en raflant notamment le portefeuille des finances. Mais le leader du MSM avait visiblement d’autres plans, comme le prouve la mise à mort du Heritage City, un projet cher à Roshi Bhadain. Ce qui a éventuellement poussé ce dernier à quitter le gouvernement dans un premier temps. Bien que le dossier BAI lui collera à la peau, le leader du Reform Party promet d’être un adversaire coriace. Il ne laissera rien au hasard en vue de regagner son siège à l’Assemblée nationale. Quid à négocier en catimini avec le MSM…

PTr

Une victoire qui marquera son retour en force

Une victoire d’Arvin Boolell à cette partielle sera synonyme d’un ‘revival’ du Parti Travailliste. Elle signifiera aussi qu’il a retrouvé grâce aux yeux de la population. Le plus vieux parti du paysage politique à Maurice a connu des moments très difficiles depuis sa débâcle aux dernières élections générales. Les diverses accusations portées contre le leader du PTr, Navin Ramgoolam, et les bisbilles initiales concernant le leadership du parti et les guéguerres intestines n’ont fait qu’empirer la situation. Maintenant que la plupart des charges provisoires contre Navin Ramgoolam ont été rayées, ce qui confirme la thèse de vendetta du gouvernement à l’égard de l’ancien Premier ministre, le PTr mise gros sur cette élection partielle afin de marquer son grand retour sur l’échiquier politique. Le plébiscite d’Arvin Boolell, qui a jusqu’ici une longueur d’avance sur ses adversaires, indiquera qu’une partie du peuple a déjà fait la croix sur les excès passés du PTr et que celui-ci bénéficie d’un regain de popularité. Mais la campagne des travaillistes ne passe pas sans heurt. Déjà, les adversaires du PTr s’en sont donné à cœur joie pour démolir la candidature d’Arvin Boolell après que Navin Ramgoolam ait dit que « si mo pas lor terrain, PTr napa gayn élection ». Cependant, le leader des rouges a tenté de désamorcer la bombe en annonçant, lors du lancement de la campagne électorale du PTr, que le rôle de chef de file du PTr à l’Assemblée nationale reviendra à Arvin Boolell en cas de victoire du PTr. Reste à savoir si l’électorat du no 18 mordra à cet hameçon.

PMSD

Réajustement de son pouvoir de marchandage

Depuis qu’il a quitté le navire gouvernemental en décembre 2016, le PMSD a tenté tous les moyens possibles afin de démontrer qu’il n’est pas un parti « jouisseur ». Il ne rate d’ailleurs aucune occasion pour dénoncer les abus de ses anciens alliés, le MSM et le ML. Le PMSD voit grand et se targue même d’être un des partis incontournables sur l’échiquier politique. Cette partielle démontrera si le parti des bleus a effectivement pris du galon et s’il est à la hauteur de ses ambitions. En cas d’une victoire du PMSD, cela augmentera le pouvoir du marchandage du PMSD quand arrivera l’heure d’un éventuel arrangement électoral. Raison pour laquelle Xavier Duval multiplie sa présence sur le terrain, d’autant qu’il a déjà été élu à trois reprises dans la circonscription no 18. Ce qui ne veut pas dire qu’il en sera de même pour le débutant Dhanesh Maraye, les chances de ce dernier de se faire élire étant assez minimes. Le dérapage verbal de Mamade Khodabaccus en pleine campagne électorale a jeté un froid sur la population. Ce qui pèsera lourd dans la balance au moment où les électeurs feront leur choix lors du prochain scrutin. Sanction ou pas, le mal a déjà été fait. Et les conséquences, est-on tenté de dire, seront lourdes à porter pour le PMSD …

MMM

Du renouveau réchauffé

Afin de montrer qu’il est « plus fort que jamais », comme répétés ad nauseam par les militants, le MMM devra jouer son va-tout pour faire élire Nita Juddoo. Certes, comparé aux autres partis, le MMM ne traîne aucune casserole. Ce qui sera un avantage pour la candidate mauve. Mais le MMM aura du mal à convaincre l’électorat du no 18 pourquoi la candidature de Nita Juddoo n’est bonne que pour cette partielle et non pas pour les élections générales. Le MMM tentera par tous les moyens de gagner cette élection, non pas pour reconquérir le poste de leader de l’Opposition, mais il s’agirait plutôt de montrer qu’il est toujours un parti ‘to be reckoned with’ et de mettre fin à ses défaites consécutives aux divers scrutins. Cette partielle serait rythmée aux rumeurs d’une éventuelle  alliance MSM-MMM. Peut-on donc s’attendre à un quelconque mot d’ordre du MSM en faveur de la candidate du MMM ? On ne perd rien pour attendre.