Ti crétin off Ti frère on

EDITO

 

L’île Maurice est en pleine ébullition. Le Metro Express suscite un vif intérêt de part et d’autre. Alors qu’ils sont de plus en plus nombreux à le dénoncer, surtout après les récents événements survenus à Résidence Barkly et La Butte, l’absence de Paul Bérenger sur le terrain pour dénoncer les démolitions inhumaines pour faire place à ce projet d’envergure menaçant d’anéantir sur ses rails meurtriers les rêves et les souvenirs de plusieurs familles laisse perplexe. Certes, quelques membres du MMM étaient effectivement présents sur les lieux. Était-ce uniquement pour la galerie ? Probablement. Le silence complice de Paul Bérenger en cette journée fatidique du 25 juillet aurait finalement pesé plus lourd que les vociférations de Rajesh Bhagwan. Bérenger, on le sait, avait déjà signifié son intention d’aller de l’avant avec le Metro Express si jamais le parti revenait au pouvoir. Cela afin d’éviter au pays de payer des compensations colossales comme dans le cas Betamax. Mais cela ne l’avait pas empêché de dénoncer l’opacité entourant ce projet. Comment donc interpréter le silence troublant du leader du MMM sur la façon éhontée de faire du gouvernement le jour même des événements ? Pourquoi cet ancien Premier ministre, ex-leader de l’opposition et actuel député a-t-il attendu une semaine pour dénoncer les agissements inacceptables des autorités ?

Certains affirment avoir trouvé la réponse : la saison de « koz-kozé » serait de nouveau « on » entre le MMM et le MSM. Et la partielle au no 18 servirait de prélude à un éventuel arrangement électoral entre les deux partis. Tandis qu’on arrive à la date butoir pour émettre les ‘writ of elections’, soit le 20 septembre, il devient de plus en plus évident que le gouvernement, sachant qu’il se dirigera vers une cuisante défaite, n’alignera pas de candidat à la partielle au no 18. Cependant, si le MSM ne veut pas d’une opposition renforcée avec un député encombrant en la personne de Roshi Bhadain, ou que les bancs du PMSD se consolident avec un nouveau venu, soit Dhanesh Maraye, le parti orange n’aura d’autre alternative que de soutenir la candidate Nita Juddoo du MMM. Le MSM ne pourrait prendre le risque que Bhadain ou Maraye soit élu. L’ancien ministre de la Bonne Gouvernance et le PMSD ont déjà fait un tort immense au MSM quand ils ont abandonné le navire Lepep (anti-Lepep plutôt). La victoire de l’un ou de l’autre sera synonyme d’une claque sonore de l’électorat au MSM. Une éventualité que le parti soleil ne pourrait envisager s’il veut projeter l’image d’un gouvernement stable et solide. Le MMM représenterait ainsi son seul salut.

Bien qu’il se croie toujours « plus fort que jamais », on voit mal comment le MMM refuserait un coup de pouce du MSM.  Car, du fond de son cœur, Paul Bérenger doit savoir qu’il ne pourra aller seul aux élections sans faire des concessions majeures au sein de son propre parti d’abord. Comme faire face aux récalcitrances de ceux qui ne veulent pas qu’il soit l’unique candidat au poste de Premier ministre, par exemple. Un arrangement avec le MSM calmerait aussi les ardeurs des députés mauves qui en ont marre de chauffer éternellement les bancs de l’opposition. Il lui conviendrait donc d’accepter la main que lui tend Pravind Jugnauth et de jouer le rôle d’une opposition loyale jusqu’à ce que les choses soient officialisées. Les injures du genre « ti crétin » cèderaient alors place aux louanges style « ti frère ».