[Trafic de drogue et blanchiment d’argent] La FCC resserre l’étau sur les frères Baptiste et un entrepreneur de Tyack

Une vaste opération de la Financial Crimes Commission (FCC), appuyée par le Groupement d’intervention de la police mauricienne (GIPM) et la Special Support Unit (SSU), a conduit cette semaine à l’arrestation de trois suspects et à la saisie de plusieurs biens d’une valeur estimée à plus de Rs 15 millions. L’affaire met en lumière des soupçons persistants de blanchiment d’argent lié au trafic de drogue.

Mardi matin, les frères Robby et Roddy Baptiste, originaires de Roche-Bois et de Terre-Rouge, ainsi que Mohammad Faraz Ibne Hoseny, directeur de F & Z Transport Ltd et habitant de Tyack, ont été conduits sous escorte armée dans les locaux de la FCC. Les enquêteurs ont simultanément procédé à des perquisitions dans plusieurs régions, notamment à Roche-Bois, Rivière-des-Anguilles et Cap-Malheureux. Les saisies incluent une Suzuki Ertiga, deux motos Aprilia, une Toyota Corolla, une Mazda, deux Toyota Hilux, un BMW X6 et un Ford Raptor. Une maison érigée sur un terrain de 517 m² à Cap-Malheureux, évaluée à Rs 10 millions, figure également parmi les avoirs placés sous scellés.

Présentés devant la cour de district de Rivière-du-Rempart, les frères Baptiste ont vu leur demande de remise en liberté conditionnelle rejetée. La FCC a soutenu que leur libération risquait de compromettre l’enquête. Ils demeurent donc en détention provisoire, sous une accusation initiale de blanchiment d’argent. À Souillac, le magistrat a en revanche autorisé la mise en liberté conditionnelle de Mohammad Faraz Ibne Hoseny. L’homme d’affaires a dû déposer deux cautions de Rs 500 000 chacune, signer une reconnaissance de dette de Rs 30 millions et se conformer à une série de restrictions : couvre-feu de 21 h à 5 h, obligation de pointer quotidiennement au poste de police et interdiction de tout contact avec les témoins.

Les investigations de la FCC s’inscrivent dans la continuité d’affaires plus anciennes. Robby Baptiste avait déjà été interpellé en 2021 par l’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU) à Rose-Hill dans une saisie de drogue à Karo-Kalyptis. Quant à Roddy Baptiste, il avait été arrêté en 2019 après la découverte à son domicile de plus d’un million de roupies en liquide et de matériel de conditionnement de stupéfiants.

Ces éléments renforcent les soupçons des enquêteurs, qui suspectent les deux frères d’avoir bâti un patrimoine sans rapport avec leurs revenus déclarés. La FCC cherche également à établir si l’entreprise de transport de Faraz Hoseny a servi de façade à des opérations de blanchiment.

Si Faraz Hoseny continue de clamer son innocence et affirme gérer une société légalement enregistrée auprès de la Mauritius Revenue Authority (MRA), les enquêteurs estiment que les acquisitions immobilières et automobiles dépassent largement ses capacités financières.

L’affaire, qui met en lumière les flux financiers occultes du narcotrafic, est loin d’être close. Les trois suspects devront désormais justifier l’origine de leurs avoirs devant la justice, alors que la FCC multiplie les recoupements pour démanteler les circuits de blanchiment.