Traître !

Appelez-le comme vous le voulez : un ouragan, un séisme, un tsunami… Des secousses, nous les avons définitivement ressentis. Pas à cause de la tempête dans un verre d’eau provoquée par les propos de Joanna Bérenger. Mais surtout en raison du troisième round des révélations faites par Sherry Singh sur le plateau de TéléPlus vendredi soir. Ce qui a causé un tremblement d’une magnitude jusqu’ici inexistant à Maurice ! Des dénonciations qui ébranlent l’Hôtel du gouvernement. Les évidences concrètes sont irréfutables et ont été servies sur un plateau au Premier ministre au lendemain même de sa déclaration, jeudi, à l’effet qu’il attendait toujours les preuves que l’ex-CEO de Mauritius Telecom disait détenir. Des preuves qui mettent à nu les mensonges de Pravind Jugnauth. Des preuves qui démontrent qu’il a agi dans l’illégalité. Des preuves qui confirment ses intentions de trahir son pays et son peuple au profit d’une puissance étrangère. Des preuves qui sonnent le glas pour lui et pour son gouvernement.

Les jours de Pravind Jugnauth au pouvoir sont désormais comptés. Sa place n’est plus au ‘Prime Minister’s Office’ (PMO), mais bien en prison. Car ce qu’il a fait relève d’une activité criminelle. Il n’a plus d’autre choix que de ‘lev paké allé’. Car il est une honte pour les fonctions qu’il occupe et qui exige qu’il se range du côté de son peuple et de son pays à tout moment. Or, c’est le contraire qu’il a fait en cédant aux pressions externes. Il n’est ni plus ni moins qu’un ennemi des Mauriciens et de Maurice. En d’autres mots, il est un traître ! Raison pour laquelle il ne fait même plus l’unanimité dans son propre camp. D’où le parfum d’une vague de démissions qui émane de la Government House depuis vendredi soir. Il ne s’agirait pas là pas de défections orchestrées comme il y en a de nouveau eu au MMM en fin de semaine, histoire de détourner l’attention du public. Mais des démissions qui pourraient bien être provoquées par un profond malaise qui ronge certains élus depuis les allégations de l’ancien ‘blue-eyed boy’ du Premier ministre.

Le cœur du problème c’est que, ‘sniffing device’ ou pas, dès qu’il y a eu de « data capture », soit une interception du trafic internet, sans la permission du consortium gérant le câble SAFE, un acte illégal a été commis en vertu de l’ICT Act et de la ‘Data Protection Act’. Sous les instructions catégoriques du Premier ministre. Et avec la collusion de l’Inde qui reste, malgré tous nos liens d’amitiés et bilatéraux, une force étrangère. Et qui, logiquement, ne devrait avoir aucune influence sur notre souveraineté ou sur nos données. Or, atteinte à notre souveraineté, il y en a eu. Violation de nos données personnelles, il y en a eu également. Confirmant, dans la foulée, les allégations de haute trahison contre le Premier ministre. D’ailleurs, cette « data capture » n’était qu’un préambule de ce qui allait inévitablement suivre. Soit l’installation d’un ‘sniffing device’ qui permettrait à un ‘third party’ de renifler les données entrantes et sortantes sur notre réseau de télécommunications.

Ce qui nous ramène à l’importante exemption accordée par Maurice à l’Inde concernant l’importation d’équipements informatiques. Cette décision a été entérinée suivant un amendement fait le 6 mai dernier à une réglementation tombant sous l’ICT Act. Et qui permet exclusivement au Haut-commissariat de l’Inde d’importer des équipements informatiques ou de télécommunications pour le compte du gouvernement mauricien sans devoir fournir de détails et sans obtenir d’autorisation spéciale, comme c’est le cas pour les autres importateurs. D’où nos questions : quel équipement informatique la mission diplomatique indienne, installée à Ébène, voulait-elle importer dans le plus grand secret ? S’agit-il d’un équipement contenant le logiciel espion Pegasus qui fait l’objet de scandale en Inde ou encore le Tek Fog, l’appli hautement dangereuse utilisée par le gouvernement Modi pour manipuler des messages et orienter l’opinion sur les réseaux sociaux ? Concernait-il un appareil calibré pour le ‘sniffing’ ? Était-ce pour protéger notre sécurité nationale ou avait-il des visées d’espionnage et de contre-espionnage ? 

Tout indique, à ce stade, qu’il y a eu un complot à haut niveau. Qu’il soit le réel comploteur ou un simple exécutant dans cette sordide affaire, Pravind Jugnauth a fauté. Irrévocablement. Qu’il démissionne immédiatement s’il lui reste un peu de dignité. Et que le CP Anil Kumar Dip l’arrête sans tarder s’il travaille effectivement en toute indépendance comme il le prétend. Personne n’est au-dessus de la loi. PERSONNE. Et surtout pas pour un délit aussi grave contre le pays et le peuple.