Un an après la disparition de Raeef lors d’un accident de la route La famille Auckburally remonte péniblement la pente

 

Après la perte d’un être cher, la réalité semble très dure à vivre pour les proches. Cela fait déjà un an depuis que la famille Auckburally vit avec ce chagrin difficile à surmonter. Le 6 janvier 2018, Raeef Auckburally meurt à l’hôpital, suite à un terrible accident de la route survenu à Bagatelle dans la nuit du 4 janvier 2018, après que son véhicule a fait un dérapage et s’est embouti contre une rambarde. L’accident s’est produit à cause d’un effet dit d’aquaplaning sur le lieu de l’accident, causé par le temps pluvieux ce jour-là.

Cette perte tragique devait plonger les proches de Raeef dans une profonde tristesse. Désormais, l’avenir s’annonce sombre pour la famille en son absence. Fouad Auckburally, le père de Raeef, se souvient avec difficulté du jour de l’accident. « Il pleuvait abondamment », se rappelle-t-il. « Raeef avait pris la voiture et était parti acheter de quoi manger pour sa fiancée, Amira, que Raeef allait épouser en juin 2017. Mais au fil des heures, ne le voyant pas venir, je l’ai appelé sur son portable, mais sans succès. Nous avions cru à ce moment-là qu’il était peut-être à proximité de la maison. »

Fouad Auckburally était loin de se douter que la route avait déjà choisi son fils comme victime. Il essaie de rappeler son fils à plusieurs reprises. C’est finalement la voix d’un policier qu’il entendra à l’autre bout du fil.  Ce dernier lui annonce que son fils a été victime d’un accident et que le SAMU l’a transporté à l’hôpital de Candos . « À cet instant, j’ai dit à sa mère de prendre quelques vêtements de Raees et on s’est précipité à l’hôpital », dit-il.

« En arrivant aux soins intensifs, un infirmier qui me connaissait m’avait d’emblée dit d’invoquer Dieu car Lui Seul pouvait sauver mon fils. C’est là que j’ai su qu’il luttait entre la vie et la mort. Mon fils était très mal en point. Je dois ici remercier le personnel soignant de l’hôpital Candos, pour leur dévouement à sauver Raeef », témoigne-t-il.

Raeef était toujours aux côtés des démunis

« Raeef était un garçon très aimable et exemplaire.  Il était architecte de profession. Il travaillait dur, tard dans la nuit, et établissait ses plans. Il se réveillait à l’heure pour la prière du matin avant de s’apprêter à se rendre au travail. Il gérait bien sa vie professionnelle et familiale. On n’a jamais eu à subir de reproches le concernant. Il savait bien maintenir les liens  avec ses parents », confie le père. « Il a passé beaucoup de temps à aider les gens. Tout le monde parlait toujours en bien de Raeef. Tous les mois, Raeef et son groupe d’amis préparaient des repas pour les pauvres. Il a aussi beaucoup contribué aux œuvres de bienfaisance »,  se remémore le père.

Noorjahan, la mère de Raeef, rejoint son mari en expliquant aussi que son fils a souvent été aux côtés des démunis. Selon elle, il y avait des signes prémonitoires de sa mort. Le jour du drame, Noorjahan raconte que ce dernier lui avait fait part d’un mauvais rêve. « Il nous a donné des signes qu’un malheur frapperait. En tant que sa mère, je l’ai alors conseillé de rejeter ces mauvaises pensées et d’invoquer la protection divine. »

Pour la famille Auckburally, le deuil pour leur fils est une épreuve très dure à surmonter, ce qui entraîne une angoisse permanente et aiguë. Cette détresse est extrêmement difficile à vivre car elle rompt le sens de la vie. Leur douleur a atteint son paroxysme face au deuil pour Raeef.  Noorjahan révèle qu’elle a dû lutter contre une dépression majeure depuis la mort de son fils.

Fouad Auckburally, Noorjahan et leur fils Ehaab
Fouad Auckburally, Noorjahan et leur fils Ehaab

Elle ajoute qu’il ne se passe pas un jour sans que ses autres enfants, Mouaaze, Ehaab et Alizah ne pensent à leur frère. « Notre famille a vécu des moments pénibles après le décès de mon fils. Ça va nous prendre beaucoup du temps pour se remettre de sa mort. Il nous a laissé des beaux souvenirs inoubliables », dit Noorjahan.

Cela a été le cas pour son fiancé, Amira, qui a aussi dû subir une souffrance énorme. « Elle m’appelle tous les jours comme elle appelait mon fils. Elle me remonte le moral en me rassurant que j’ai perdu un fils mais que j’ai retrouvé une nouvelle fille en elle », dit Noorjahan d’une voix émouvante.

Le deuil suite à la mort de Raeef a été très intense et particulièrement long à traverser. Derrière une vie de famille tranquille, se cache une bataille angoissante à livrer contre soi-même : celle de trouver un sens à l’avenir. « Cette tragédie ne nous a accordé aucune possibilité de préparation, psychologique ou matérielle, rien ne l’a laissé se présager.  Au début, nous avions lutté pour donner un sens à cette perte. Le choc de son décès nous a fortement ébranlés mais nous réalisons que nous sommes impuissants à changer la décision d’Allah. Néanmoins, son absence sera toujours là, à chaque instant de notre vie », explique le père.

Il ajoute : « Nous souhaitons finalement remercier toutes les personnes qui nous ont soutenus et réconfortés et qui nous ont aidés à traverser cette épreuve douloureuse. Nous avons été tellement touchés par les nombreux gages de support et de sympathie que nous avons reçu des proches, des voisins, des médecins, des amis. Nous tenons donc aujourd’hui à exprimer notre sincère gratitude envers vous tous. Nous vous remercions infiniment pour votre précieux soutien et votre gentillesse. »

Hors-texte

« J’avais déjà attiré l’attention des autorités sur le danger en ce lieu »

 « Je prends ici l’entière responsabilité de mes propos. En tant que taximan, j’ai auparavant attiré l’attention du ministère des Infrastructures publiques sur le danger présent pour les usagers de la route sur le lieu de l’accident. J’ai même été aux côtés des ingénieurs de la Road Development Authority (RDA) pour leur montrer le risque d’accident en temps pluvieux.  Mais mes propositions sont tombées dans l’oreille des sourds. Rien n’a été fait pour protéger les automobilistes. Si vous saviez combien d’accidents ont eu lieu là où j’ai perdu mon fils ! Sur une distance de 400 mètres, je leur ai proposé d’appliquer du béton ciré. Cela fera 5 ans que le ministre Nando Bodha est aux commandes du ministère des Infrastructures publiques, mais lui, il n’est intéressé qu’avec le tracé Terre Rouge-Verdun », déplore Fouad Auckburally.