[Un chirurgien, une mission] Le Dr Riaz Sohawon au service des petits cœurs mauriciens

Le Dr Riaz Sohawon est chirurgien cardio-vasculaire adulte et pédiatrique. Son parcours impressionnant l’a mené de la Russie à l’Inde en passant par l’Irak, avant de revenir exercer dans son île natale. Il a voulu repousser les frontières de la chirurgie cardio-pédiatrique dans un pays où cette spécialité était quasi inexistante.

Après sa scolarité au Collège Royal de Port-Louis, Riaz Sohawon a obtenu une bourse pour poursuivre ses études en Russie. Là-bas, il a complété sa formation en médecine générale avant de se spécialiser en chirurgie générale, puis en chirurgie vasculaire. Une seconde bourse l’a conduit à approfondir ses connaissances en chirurgie cardio-vasculaire. De retour à Maurice, il a débuté comme médecin généraliste à l’hôpital du Nord avant de rejoindre le centre cardiaque de Pamplemousses.

En 2019, conscient de l’absence de spécialistes en chirurgie cardio-pédiatrique à Maurice, le jeune homme a saisi l’opportunité de se former en Inde grâce à une fellowship dans un grand établissement à Chennai. Pendant deux ans, il y a perfectionné ses compétences, devenant ainsi l’un des premiers chirurgiens cardio-pédiatriques de Maurice. Depuis 2020, il partage son temps entre Maurice, au Cardiac Center et à la City Clinic de Port-Louis, et l’Irak, où il se rend trois fois par an pour opérer des enfants.

Une spécialité vitale et passionnante

Selon le médecin, la chirurgie cardio-pédiatrique est une spécialité relativement nouvelle, datant de moins de 25 ans, mais d’une importance cruciale. En effet, les enfants naissant avec des malformations cardiaques graves risquent leur vie sans intervention chirurgicale. « C’est une chance unique de sauver ces jeunes vies et de leur offrir une existence normale », affirme le Dr Riaz Sohawon avec passion.

Son parcours a été marqué par des rencontres inspirantes, notamment le Dr Prashant Shah, un éminent chirurgien cardio-pédiatrique indien. Leur rencontre a été déterminante, et le Mauricien a eu l’opportunité de travailler à ses côtés au Namar Heart Hospital à Chennai, où il est encore aujourd’hui listé comme chirurgien.

Les défis de la pratique à Maurice

À Maurice, selon le spécialiste, la faible démographie de l’île se traduit par un nombre relativement restreint de cas de pathologies cardiaques pédiatriques. Il estime que quarante enfants environ par an nécessitent une intervention chirurgicale pour des malformations cardiaques. Cependant, les infrastructures locales ne sont pas encore totalement adaptées à la prise en charge des cas les plus compliqués.

« Nous manquons de personnel spécialisé, notamment des intensivistes cardiaques pédiatriques, et de certains équipements. Chez les enfants, les anomalies cardiaques peuvent varier considérablement en complexité. Certains cas sont relativement simples, comme de petits trous dans le cœur qui nécessitent une intervention chirurgicale. Cependant, d’autres enfants présentent des malformations beaucoup plus complexes. Par exemple, certains naissent avec des valves cardiaques manquantes ou mal formées. Dans d’autres cas, les artères qui devraient alimenter le corps sont absentes ou mal positionnées. Un autre problème courant est la sténose de l’aorte, l’artère principale : certains enfants naissent avec une aorte anormalement étroite ou petite. Ces anomalies nécessitent des interventions chirurgicales délicates pour reconstruire ou réparer les structures cardiaques, avec l’objectif de rétablir une fonction du cœur aussi normale que possible », explique-t-il.

« Un nouveau centre cardiaque devrait voir le jour à Côte d’Or, équipé pour répondre à ces besoins. En attendant, la collaboration avec des équipes étrangères permet de pallier ces lacunes et de former les professionnels locaux. Les parents sont en attente de solutions locales, et nous faisons tout notre possible pour pouvoir y répondre », ajoute-t-il.

Une passion dévorante mais gratifiante

Le Dr Riaz Sohawon admet que la profession de chirurgien cardio-pédiatrique nécessite beaucoup de sacrifices. « Cela prend beaucoup de temps, et malheureusement, cela signifie parfois négliger un peu la famille. Les cas pédiatriques cardiaques sont souvent très compliqués et nécessitent une attention constante », confie-t-il.

Malgré ces défis, les satisfactions sont nombreuses. « Voir un enfant guérir et retrouver une vie normale, c’est la plus grande récompense. De plus, les remerciements des parents et des patients sont une source constante de motivation. Je me souviens tout particulièrement d’un bébé de huit mois que j’ai opéré et qui est maintenant un enfant en pleine santé. Ses parents me remercient toujours et ne cessent de me rappeler combien cette intervention a changé leur vie », raconte-t-il.

Le Dr Riaz Sohawon est optimiste quant à l’avenir de la chirurgie cardio-pédiatrique à Maurice. Il espère que bientôt, tous les enfants pourront être soignés localement, sans avoir à se rendre à l’étranger. « Nous progressons petit à petit et gagnons en expertise », dit-il. La collaboration internationale et l’amélioration continue des compétences locales sont au cœur de sa vision.

Une vocation inspirante

Pour les jeunes médecins ou étudiants en médecine, le chirurgien cardio-vasculaire a un message clair : « La médecine est une vocation. La chirurgie cardio-pédiatrique, bien que complexe et exigeante, est incroyablement enrichissante, et offre la satisfaction immense de sauver des vies ainsi que d’apporter du bonheur à des familles entières. Il faut être dévoué, c’est une spécialité qui est en constante évolution et qui a besoin de passionnés. »

Le Dr Riaz Sohawon incarne l’espoir et la détermination. Grâce à lui, la chirurgie cardio-pédiatrique à Maurice a un avenir prometteur, offrant aux enfants mauriciens une chance de vivre une vie longue et épanouie. Son parcours démontre qu’avec de la passion et de la persévérance, il est possible de développer des spécialités médicales de pointe, même dans un petit pays insulaire comme Maurice.

Delphine D.