Un détenu menotté victime de ‘inhumane and degrading treatment’ de la part d’un policier

Après les vidéos faisant état de torture policière…

Alors qu’une récente vidéo faisant état de brutalité policière est devenue virale sur les réseaux sociaux, et alors qu’on a en tête les vidéos tristement célèbres faisant état de torture policière (et qui semblent avoir été reléguées aux oubliettes), on se demande s’il y a eu un changement appréciable dans le comportement abusif de certains policiers, qui se croient tout permis.

Voilà encore une autre vidéo de brutalité policière qui circule sur les réseaux sociaux, depuis ce mercredi 2 novembre. Selon nos informations, il s’agit d’un détenu âgé de 17 ans. Ce dernier qui était menotté, se faisait malmener par un policier dans la cour du poste de police de Rose-Hill. On voit clairement dans la vidéo que le jeune homme avait été frappé par le policier à plusieurs reprises, et avait même été aspergé de gaz lacrymogène.

L’avocat Anoup Goodary exprime sa désapprobation totale avec les agissements du policier envers cet adolescent. « Il est clair qu’il y a eu un dérapage de la part du policier dans le cadre de ses fonctions », souligne-t-il. Vu que ce dernier frappait continuellement le détenu, l’avocat devait citer la section 7(1) de la Constitution, à l’effet que « no person shall be subjected to torture or to inhumane or degrading punishment or treatment », et décrit les actions du policier comme étant « inhumaines » dans ce contexte. « Je ne vois aucune raison pour que le policier agisse ainsi. C’est un ‘abuse of physical power », dénonce Anoup Goodary. Concernant l’utilisation de gaz lacrymogène, l’avocat nous explique que « c’est dans des cas exceptionnels qu’il est utilisé. Un policier doit savoir s’en servir, dépendant de la situation.»

« ‘If excessive force has been used, then it is wrong’. Il est totalement illégal que la police fasse preuve de force et de violence excessive envers les détenus », résume l’avocat. Il admet que le travail d’un policier est complexe et souvent des fois, stressant. « Il est parfois difficile pour un policier de garder son calme », concède-t-il. Il préconise que pour remédier au comportement abusif de certains policiers, il faudrait une meilleure formation en ce sens, pour former les policiers sur la non-violence. « Si ou perdi ou calme, ou nepli enn policier », conclut-il.

Ranjit Jokhoo, ancien inspecteur de la ‘Major Crime Investigation Team’ (MCIT), soutient que « la police doit utiliser le gaz lacrymogène dans des circonstances spécifiques ». Notamment, quand le prévenu est dans une situation dominante, par exemple, quand les policiers sont submergés par une foule. Il souligne toutefois que la police ne doit pas s’en servir « indiscriminately ». Y a-t-il un manque de formation des policiers en ce qui concerne l’utilisation de certains équipements ? « Dans l’ensemble, la force policière est bien formée pour utiliser les armes et les équipements qui sont leur attribués », dit-il. « Les policiers savent dans quelles circonstances précises il faut utiliser tel ou tel équipement. »

L’ancien inspecteur de la MCIT admet qu’il est vrai qu’il y a certains membres de la force policière qui abusent de leurs pouvoirs et agissent mal envers les détenus. Il rappelle que la police, en exerçant son autorité, doit agir dans des paramètres légaux. Il ajoute aussi qu’il y a déjà tous les ‘rules and regulations’ et autres ‘standing orders’ nécessaires pour sanctionner les policiers qui agissent en dehors du cadre de la loi.

Les effets du gaz lacrymogène

Le Dr. Yasheel Aukhojee, médecin, nous explique que les gaz lacrymogènes sont des produits chimiques qui provoquent une irritation de la peau, des voies respiratoires et des yeux. « En général, l’exposition aux gaz lacrymogènes peut causer une sensation d’étouffement et une détresse respiratoire », nous explique le généraliste.

En outre, les gaz lacrymogènes peuvent également provoquer des brûlures chimiques ou des réactions allergiques. Si la personne concernée souffre des problèmes respiratoires préexistantes, telles que l’asthme, elle a un risque plus élevé de développer des symptômes graves.

Le Dr. Aukhojee souligne qu’une exposition prolongée aux gaz lacrymogènes ou à une dose élevée de ces gaz, peut entraîner une insuffisance respiratoire et même la mort.