Un nouveau centenaire à la Rue La Paix : Le ‘marsan lagazette’ soufflera ses cent bougies ce jeudi

Le club des centenaires comptera un membre de plus ce jeudi , en la personne de Mohamed Hossen Lallmahamode. Veuf, il passe son temps à déambuler dans les rues de Port-Louis, où les habitants le connaissent bien et gardent de cet habitué de la rue La Paix l’image d’un homme de principes qui a toujours su garder des liens d’amitié avec tout un chacun.

Mohamed Hossen Lallmahamode est né à Curepipe le 12 septembre 1919, et soufflera ses 100 bougies ce jeudi . Il est le benjamin de 5 enfants, soit 3 garçons et 2 filles. Hossen a passé son enfance à Gustave Collin et Camp Le Juge à Curepipe avec ses amis, dont il se souvient encore d’ailleurs.

Son père était boulanger. Il emmenait le petit Hossen avec lui lors de ses déplacements. Vers la même époque, il a dû rester au chevet de sa mère pendant 5 ans, qui était souffrante, jusqu’à ce qu’elle décède.

Il a effectué de brefs passages aux écoles primaires de Curepipe, de Melrose, de Montagne-Blanche et de Médine. Il abandonna les bancs de l’école alors qu’il était en quatrième, quand sa famille et lui s’installent à Grande-Rivière. « À l’époque, la vie n’était pas aussi facile que maintenant. Je devais travailler pour prêter main-forte à mon père », explique-t-il.

Hossen est alors âgé de 10 ans. Il est employé dans la cour d’un ‘Blanc’ à Curepipe pour y effectuer des travaux domestiques contre un salaire de Rs 12 mensuellement. Sa patronne l’aimait comme son fils. « Madame-là ti pe amen moi camper Trou-aux-Biches », se remémore-t-il.

Ses souvenirs de la Seconde Guerre mondiale

Hossen cuisinait pour son père et ses frères jusqu’à l’âge de 27 ans, quand il se joignit à l’armée britannique lors de la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, de 1946 à 1949, Hossen a accumulé les bons souvenirs dans l’armée. Il avait été posté à Tell-El-Kabir, en Egypte. « Nous devions nous placer dans de longues queues pour prendre nos repas et dormir dans des tentes après avoir bossé sans cesse », se rappelle le vieil homme. Il a aussi eu la chance de faire un tour devant les pyramides de Gizeh et de visiter le palais du roi Farouk. Un de ses plus beaux souvenirs de son voyage demeure le ‘Jubb Yussef’ à Galilée en Egypte, le puits mentionné dans le saint Coran, où les frères du prophète Yousouf l’avaient précipité.

De retour à Maurice, Hossen s’oriente vers la charpenterie et la maçonnerie. Il a même participé à la construction du jardin de la rue Magon à Plaine-Verte.  Vers la même époque, Hossen devait épouser Karima, qu’il prénommait affectueusement Momeen, alors qu’il avait 34 ans. Il louait une maison à la rue Magon après son mariage pour ensuite emménager à la rue Pagoda. De cette union sont nés cinq enfants, soit quatre filles et un garçon.

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Hossen en compagnie de son épouse, Momeen, durant un des bons moments de la vie du couple

De charpentier à vendeur de journaux

Hossen nous raconte qu’un beau jour, son beau-père lui propose de venir vendre des journaux avec lui tout près de l’hôtel Ambassador. Depuis, Hossen est connu comme ‘marsan lagazette’. « Je devais marcher ou pédaler ma bicyclette pour aller chercher les journaux. Les matins, je vendais L’Express et les après-midis, Le Mauricien. Les journaux se vendaient en sous à cette époque. Le temps que j’étais absent pour aller chercher les journaux, mes enfants s’occupaient des ventes. Ils sont aussi devenus débrouillards tout comme moi », nous narre Hossen avec un brin de fierté. C’était notamment sa fille Dina qui l’aidait souvent à vendre des journaux.

À l’exception de sa fille Taz, tous les enfants  d’Hossen ont trouvé l’herbe plus verte ailleurs. Ils se sont établis en Écosse, à Londres et au Pakistan. Hossen s’est déjà rendu chez ses enfants en Écosse et à Londres. Après le décès de sa mère en février 1990, Taz s’est assurée que son père ne manque de rien. « Elle s’est occupée de notre père pendant bientôt trente ans. Nous sommes tous très reconnaissantes envers Taz pour ce qu’elle a fait durant notre absence. On ne pourra jamais lui rendre cela », nous lancent les sœurs de Taz. Elles sont ravies que leur père n’ait pas contracté de maladie malgré son âge avancé, hormis un faible problème de vue.

Avec ses enfants, ses 16 petits-enfants et 11 arrière-petits-enfants, dont le plus jeune est âgé de seulement 10 mois, tandis que le plus grand est âgé de 19 ans, Hossen compte souffler ses 100 bougies bien entouré de sa famille. Une cérémonie religieuse aura lieu, pour remercier Dieu de lui avoir toujours gardé en bonne santé et robuste. « Allah mem konner kouma lin garde moi ziska sa laz la… », nous lance-t-il, avant de prendre congé.