Une politique verte en échec

Environnement

  • Le moment est venu de tirer la sonnette d’alarme

Émission de dioxyde de carbone, volume croissante de déchets, déforestation pour laisser la place au béton… Autant de plans sur lesquels Maurice connaît actuellement une régression. Pouvons-nous aujourd’hui affirmer que nous vivons dans un environnement sain ? Force est de constater que l’environnement se détériore à la vitesse grand V pendant que les progrès dans la préservation de notre environnement avancent à pas de tortue. La bataille pour préserver notre environnement n’est toutefois pas perdue : il est primordial aujourd’hui d’adopter des mesures radicales pour un avenir qui ne s’annonce pas rassurant, tant sur le plan national qu’international.

Marwan Dawood, Ashley Jacques, Christelle Gourdin, Adila Dandool

Une pollution envahissante à Maurice

Les sources de pollution sont omniprésentes à Maurice.  L’air que l’on respire, nos espaces marins et notre eau potable payent les conséquences d’une absence de politique en matière d’écologie et d’une léthargie au niveau des organismes chargés du respect de l’environnement.

Concernant la pollution de l’air, les principales sources de pollution demeurent les véhicules fumigènes (bien trop nombreux pour un petit pays comme le nôtre), les concasseurs, les cheminées des usines, l’incinération des détritus et la production énergétique à base lourde.

Nos eaux sont très affectées par la pollution. Valeur du jour, plusieurs usines et hôtels déversent leurs eaux usées dans les rivières, qui seront plus tard répandus dans la mer et affecteront de façon grave la faune et la flore marines. Il ne faut pas oublier une autre source importante de pollution de l’eau : quand, au niveau individuel et domestique, les eaux usées vers les cours d’eau et les canaux, qui vont éventuellement en mer.

Le tableau ci-dessous donne une indication du nombre  et du type de plaintes enregistrées par la police de l’environnement.

Catégorie Nombre de plaintes %
Bruit 114 18
Déchets solides 39 6
Pollution de l’air 115 18
Eau usée 78 12
Odeur 76 12
Autres 206 33
Total 628 100

Quelle politique verte pour Maurice ?

En attendant la publication du rapport de 2016 sur l’environnement à Maurice, les dernières indications  sur la situation environnementale à Maurice datent de 2015. Mais ces chiffres nous donnent déjà un aperçu de ce qui nous attend dans un avenir proche. Ainsi, l’émission annuelle du dioxyde de carbone à Maurice tournerait autour de 3 976 tonnes.

Ce qui fait défaut : l’absence d’une politique à échelle nationale pour produire plus d’électricité à partir de ressources renouvelables. L’île Maurice produit aujourd’hui dans les 3 000 GWh d’électricité, dont seulement 23 % sont générés par une source d’énergie renouvelable.

La transition entre l’utilisation des combustibles fossiles et l’énergie verte se fait tout doucement.  Toutefois, le ministre responsable de ce dossier, Ivan Collendavelloo avait affirmé dans la presse récemment que nous allons pendant longtemps encore devoir utiliser les sources d’énergie polluante.

En 2015, Maurice a importé 83,6 % de combustibles fossiles, soit 29,1 % de charbon de terre et 54,5 % des produits pétroliers (gazoline  (10,6 %), diesel (13,7 %), kérosène à double usage (8,2 %), kérosène (0,1 %), carburant d’aviation (8,1 %), essence (16,9 %) et gaz de pétrole liquéfié (5,2 %). Par contre, seulement 16,4 % d’énergie de source renouvelable sont disponibles  à Maurice (hydraulique (0,7 %), éolienne (0,02 %), landfill gas (0,11 %), photovoltaïque (0,14 %), bagasse (15 %) et bois de feu (0,4 %)).

En ce qui concerne l’émission du dioxyde de carbone par secteur, les chiffres sont ainsi pour 2015 :

Secteur Émission (000 tonnes) %
Énergie (Production électricité) 2 407,5 60,6
Manufacturier 337,8 8,5
Transport 1 032,1 26,0
Résidentiel 145,4 3,7
Autres 52,8 1,3
Total 3 975,6 100,0

 

Par ailleurs il est bon de faire ressortir que le nombre de permis Environment Impact Assessment (EIA) octroyés en 2015 a connu une baisse comparativement au nombre octroyé en 2014, d’après le tableau ci-dessous.

Projet EIA
2014 2015
Morcellement 7 2
Industriel 4 4
Hôtellerie 6 3
Logement 8 1
Usines de concassage de pierre 2
Développement portuaire 6 2
Autres 3 8
Total 34 22

 

Des bouleversements climatiques à Maurice

Néanmoins, durant les huit dernières années, on note des changements au niveau du climat mauricien. Il y a des pluies torrentielles plus fréquentes et ce tout au long de l’année. Les cyclones se font plus fréquents mais ils sont moins intenses. Quant à la chaleur, elle augmente d’année en année ce qui contribue aux fréquences des cyclones et pluies torrentielles.

De janvier à mars : l’été austral Vers la fin du mois de décembre, l’été austral s’installe et dure jusqu’à fin mars. Les journées sont particulièrement chaudes à l’île Maurice, les températures avoisinant facilement les 30 °C. Mais la brise marine atténue cette grosse chaleur, l’un des avantages du climat mauricien. À Maurice, cette saison est aussi celle des tempêtes tropicales ou des cyclones.

Avril : la transition vers l’hiver austral Tout comme novembre et décembre, le mois d’avril est certainement la période la plus attrayante pour un séjour à l’île Maurice. Le climat est plutôt sec, les températures en journée sont moins caniculaires et les nuits plus douces que les mois précédents.

De mai à septembre : l’hiver austral ou la saison froide La saison hivernale de l’île Maurice n’a d’hiver que le nom ! Les températures moyennes avoisinent tout de même les 25 °C, du moins quand le temps est ensoleillé. Les soirées et les nuits soient plus fraîches durant ces mois à l’île Maurice, les températures pouvant descendre à 15 °C. Les pluies peuvent être plus fréquentes mais sous forme d’averses éparses et fines.

L’intersaison sèche À partir du mois d’octobre jusqu’au mois de décembre, la chaleur s’installe en journée (jusqu’à 28 °C), bien que les soirées et les nuits sont plus douces. La température ambiante de la mer avoisine les 26 °C. Les pluies sont rares et les vents quasi-inexistants.

Plusieurs espèces végétales et animales menacées à Maurice

Déforestation à grande échelle, déversement massif de pesticides dans les sols et les cours d’eau, d’hydrocarbures dans les mers, surpêche, émission de gaz à effet de serre…  autant de facteurs qui provoquent la disparition de nombreuses espèces, de tous les groupes taxonomiques sur la planète.

16 119. C’est le nombre d’espèces qui sont en voie d’extinction sur la planète. Ces chiffres sont toutefois sous-estimés car ils porteraient seulement sur 3 % de la biodiversité connue. De plus, la biodiversité connue est certainement huit fois moins importante que la biodiversité existante sur la planète.

Selon une étude de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), chaque année il y aurait plus de 20 000 espèces de plantes et d’animaux qui viennent s’ajouter à la liste rouge. Le nombre total d’espèces éteintes a atteint l’an dernier le chiffre de 785 et 65 autres n’existent qu’en captivité ou en culture.

99 % des espèces en voie d’extinction sur la planète sont menacées par les activités humaines. En effet, l’homme le principal responsable d’extinction des espèces. La perte d’habitat et la dégradation sont les principales menaces. L’introduction d’espèces exotiques représente une autre menace importante. Cela inclue par exemple l’introduction de rats ou de chats. Cela avait provoqué notamment la disparition du dodo à Maurice, oiseau quasi mythique qui est devenu le symbole des espèces éteintes. La surexploitation des ressources, les pollutions en tout genre et le changement climatique représentent également des menaces majeures pour les espèces.

L’ile Maurice n’est pas épargnée.  La Mauritius Wildlife Foundation (MWF) a dernièrement recensé au moins 200 espèces de plantes et plusieurs espèces d’oiseaux endémiques qui sont menacées à terme à Maurice.

Ainsi, le pigeon des mares, la crécerelle et aussi l’oiseau-cardinal figurent parmi les oiseaux menacés d’extinction, en raison de la destruction de leur habitat naturel. Le lézard vert et le gecko sont également considérés comme étant vulnérables. Il y a environ 900 espèces de plantes, dont 311 ont été identifiées comme endémiques. De ces 311 espèces, 113 sont en danger et 50 sont menacées d’extinction. Une situation considérée comme préoccupante.

Face à ce danger, les autorités ont décidé de s’embarquer dans un ambitieux projet de protection de toutes les espèces menacées à travers nos zones forestières, comme les Gorges de la Rivière-Noire et Bras d’Eau.

Maurice partie prenante des accords internationaux relatifs à l’environnement

Il existerait plus de 500 traités et autres accords internationaux relatifs à environnement, dont 300 environ ont un caractère régional. Le nombre de ces accords multilatéraux dans le domaine de la protection de l’environnement démontre que ce problème est devenu incontournable dans le cadre des relations internationales. Maurice n’est pas en reste et a déjà ratifié plusieurs de ces accords. Toutefois, leur application dans la politique locale tarde ou fait défaut. Voici quelques-uns des traités ratifiés par Maurice :

  • Maurice est l’un des états qui forment partie de la Convention relative à la protection, à la gestion et la mise en valeur des milieux marins et côtiers de l’Afrique orientale. Notre pays est aussi un signataire du Protocol relatif aux zones protégées ainsi qu’à la faune et la flore sauvages dans cette partie d’Afrique. Les autres États qui sont parties prenantes sont les Comores, la Réunion, le Kenya, Madagascar, le Mozambique, les Seychelles, la Somalie et la Tanzanie. Les deux traités adoptés sont entrés en vigueur le 30 mai 1996.
  • En septembre 2009, un accord fut signé entre le Mauritius Oceanography Institute (MOI), l’Union Européenne et l’Union Africaine pour l’octroi de subventions à hauteur de 1,9 millions d’euros pour la mise en œuvre du programme de la surveillance et du développement durable de l’environnement.
  • Quant au Switch Africa Green Project, six pays en sont concernés notamment Maurice, le Burkina Faso, le Ghana, le Kenya, l’Afrique du Sud et l’Ouganda. Lancé officiellement à Rodrigues en janvier 2016, ce projet vise à promouvoir l’économie verte et l’adoption des pratiques de consommation et de production écologiques durables.
  • L’approche régionale est une meilleure façon d’améliorer la gestion durable des eaux côtières partagées. La 22e Convention des parties (COP 22), qui a eu lieu à Marrakech le 18 novembre dernier, avait réuni plusieurs pays africains et de l’océan Indien. Cet Accord est entré en vigueur le 4 novembre 2016.

 

  • Maurice a été parmi les quinze premiers pays à avoir signé et ratifié l’Accord de Paris, dès le 22 avril 2016, portant sur la protection de l’environnement à l’échelle planétaire. De plus, Maurice avait déjà soumis ses Contributions prévues et déterminées au niveau national (CPDN) le 28 septembre 2015 au secrétariat de la Convention-cadre des Nations-unies sur les changements climatiques.

 

Les voitures écologiques à Maurice : pas encore dans les mœurs

Les premières voitures écologiques ont apparu sur le marché local en 2015, soit deux ans de cela grâce à l’initiative du concessionnaire Leal. C’est le lundi 26 octobre 2015 que cette agence a présenté ses deux nouvelles venues, à savoir la BMW i3 et la BMW i8, à la station-service Total de Belle-Vue, qui a été dotée de la première borne de recharge solaire pour voitures électriques à Maurice.

Dans une déclaration à la presse, Eric Leal, CEO du groupe Leal, a souligné l’importance de ce genre de véhicules pour le pays. « La commercialisation de nouvelles voitures Plug-in et la première borne de recharge solaire marquent un tournant pour Maurice, car cela permet de la mettre sur la carte du monde des pays les plus sensibles au développement durable. La voiture Plug-in BMW i8 a une autonomie toute électrique de 25 km, quand les hybrides non Plug-in, très connues à Maurice, ne font en moyenne qu’approximativement 2 km. Le temps est donc venu pour nous, concessionnaires, d’introduire plus de voitures Plug-in à Maurice », a-t-il déclaré.

Il est à noter que ces types de voitures se veulent à la fois économiques et écologiques. D’ailleurs, la BMW i8 s’est vue attribuer le trophée 2015 de la World Green Car au salon de l’automobile de New York. Quant à la BMW i3, elle s’est vue décerner le trophée 2014 de la World Green Car au salon de Los Angeles.

Selon les statistiques, l’énergie consommée par le secteur du transport représente environ 51 % de la consommation énergétique totale. La facture pétrolière de Maurice s’élève aujourd’hui à USD 2 milliards. Si on se fie à ces chiffres, ces types de voiture seront très bénéfiques pour notre pays et pour la protection de l’environnement.

 

L’économie bleue : la mer nourricière, mais attention à ne pas gaspiller les ressources marines

L’île Maurice est déterminée à promouvoir son secteur océanique comme un nouveau pilier économique. L’économie océanique est importante globalement mais en particulier en Afrique, car un tiers de la population des pays de ce continent habite dans des régions côtières.

Dans une conférence ministérielle en septembre 2016, l’ex-ministre du Tourisme, Xavier-Luc Duval avait expliqué l’importance de stimuler l’investissement dans les projets à l’économie bleue. Il estime que c’est effectivement une industrie clé. Quant à Jamal Saghir, le directeur du développement durable de la région d’Afrique, il espère que les pays africains, qu’ils soient petits États insulaires ou États côtiers, axent leurs économies sur l’océan.