Une rentrée placée sous le signe d’une grosse appréhension

Nine-Year Continuous Basic Education

  • Yahya Paraouty : «La ministre doit démissionner » 

La fameuse réforme éducative, la Nine-Year Continuous Basic Education (NYCBE) aborde sa deuxième phase d’implémentation cette année avec l’entrée des premiers participants au Primary School Achievement Certificate (PSAC) en grade 7, en remplacement du traditionnel Form 1.  C’est demain, mardi 08 janvier que quelque 13 165 étudiants feront la transition entre primaire et secondaire.  Une rentrée cependant placée sous le signe d’une grosse incertitude. Plusieurs enseignants appréhendent la mise en pratique du curriculum élaboré.

Marwan Dawood

Ca y est ! C’est parti pour la mise en forme du Nine Year Schooling avec les premiers élèves qui entreront en grade 7 après leurs examens du Primary School Achievement Certificate (PSAC) en 2017. Cependant, des voix se font entendre pour cause, la mauvaise gestion de plusieurs sujets entourant le projet de réforme éducative.  D’un côté plusieurs enseignants se retrouvent plongés aujourd’hui dans une incertitude extrême concernant leur avenir et de l’autre des parents mécontents du collège obtenu par leur enfant.  Ils sont plusieurs à contester la décision du ministère sur les choix des collèges et exigent un changement d’institution au plus vite… la situation frôle le chaos !

Selon le président de l’UPSEE (Union of Private Secondary Education Employees), Yahya Paraouty, c’est une réforme imposée.  « Le PSAC est un fiasco ! Ils sont nombreux les parents qui sont dans l’incertitude concernant l’avenir de leur enfant et de même pour les enseignants », affirme-t-il avant d’ajouter que le ministère oblige les collèges d’État à prendre plus d’enfants en Grade 7. «Si auparavant un collège d’État avait trois classes de forme 1, aujourd’hui le collège doit en avoir 4 ou 5. Cette obligation fait que le nombre d’enfants dans les collèges privés diminue et le nombre d’enseignants reste fixe. Zot pou empliss parceki pena zeleve », dit Yahya Paraouty.

Ce n’est pas le seul souci des enseignants. Selon nos informations, ceux qui n’ont pas obtenu le minimum requis pour aller en Grade 7 seront eux envoyés dans l’Extended Stream.  Qu’est-ce que c’est que l’Extended Stream ? Cette terminologie remplace dans le fond et la forme la classe prévocationelle.  Si auparavant les enfants en prévoc avait leur cursus à eux, avec la réforme ils devront faire le même curriculum que les autres.  Cette problématique soulève une nouvelle question sur le rôle des enseignants. « Bann enseignants pas conné ki pou fer.  Ministère nek dire zot suive meme curriculum. Kisanla pou enseigne sa ? Tousala ine fer sans dialogue », martèle Yahya Paraouty.

L’autre problématique de la réforme demeure l’allocation des collèges aux enfants. Pierre, un habitant de Rose-Hill verra sa fille aller au collège à Curepipe. Pourtant il insiste que ce collège ne figurait pas dans les choix qu’il avait faits sur le formulaire d’admission.  «Mo pas ti choisir sa collège la pou mo tifi, mais ministère ine dire ki li bizin ale labas. Pena choix ! », affirme ce père incertain.  Comme Pierre,  ils sont nombreux à avoir le même problème.

«Leela Devi Dookhun fait pire que ses prédécesseurs »

Yahya Paraouty est très remonté contre la ministre de l’Éducation et le dit à qui veut l’entendre. « Aujourd’hui quatre anciens ministres de l’Éducation sont out ! Zot dan caro cannes ! Pourtant ils ont travaillé eux ! Madame la ministre fait pire que ses prédécesseurs », dit le syndicaliste qui réclame dans la même foulée la démission de Leela Devi Dookhun-Luchoomun.

Hors-texte

Situation chaotique à venir

Les résultats du School Certificate (SC) tomberont dans les jours à venir soit le 17 janvier selon toute probabilité et Yahya Paraouty émet une nouvelle fois des inquiétudes.  « Il n’y a pour le moment aucune alternative pour ceux qui auront uniquement 3 crédits en SC. Ils ne pourront faire le HSC selon la formule de 5 crédits imposés par le ministère. Que vont-ils faire ? Aller dans la rue ? La ministre ne fait que faire de la politique sur la tête de nos jeunes », dit-il.