Une tentative de cover-up ?

Décès d’Eddysen Pachee

  • Policiers, médecins légistes, hommes de loi : personne n’est sur la même longueur d’onde

Après le décès d’Eddysen Pachee, survenu le lundi 26 mars suite à une arrestation musclée, la police est une nouvelle fois sous les feux des projecteurs. La famille de la victime et bon nombre d’internautes qui ont vu la vidéo circulant sur la Toile crient à la brutalité policière. Le lendemain, la famille a demandé une contre-autopsie de la victime afin d’écarter tout soupçon sur son décès. Dans la même journée, les limiers de la Major Crime Investigation Team (MCIT), de la Scene of Crime Officers (SOCO) et des photographes ont passé la cellule où était incarcéré le suspect au peigne-fin.

Sharone Samy / Chitanjali Goolaup

Le mercredi 27 mars, plusieurs policiers affectés au poste de police de Rivière-du-Rempart ont dû se rendre au CCID. Tous ceux qui étaient présents ce jour-là au poste de police ont dû donner leur version des faits. Une source de la police nous le confirme : un grand nombre de policiers sera interrogé.

Eddysen Pachee était connu des services de police. Le jour où il a été appréhendé, il était à son domicile, en train de préparer des doses de drogue synthétique. Selon sa femme, il aurait été victime de brutalité policière peu après son arrestation. Il est décédé suite à un œdème cérébral, selon l’autopsie pratiquée par le Dr Sudesh Kumar Gungadin. Toutefois, la famille rejette la thèse d’une mort par overdose, car le jour où sa femme s’est rendue à l’hôpital, il y avait des traces de sang sur les draps. De plus, la victime avait les côtes cassées et portait plusieurs blessures au corps.

Révélations troublantes

Lors de son arrestation, le bruit courait qu’Eddysen Pachee aurait été lynché par les membres du public mais pour l’heure, il n’y a eu aucune arrestation. Une source dément catégoriquement cette rumeur : « Piblik  pa ine bat li, ce la police mem ki derriere tousala. Si vraimem piblik ti bat li, kifer pa fine ena arrestation ? Ena magouille derrière tousala  », nous dit-elle.

Le jour de l’arrestation, les policiers étaient munis de matraques et de gaz lacrymogène, une chose dont la police n’a jamais fait état. Après l’arrestation d’Eddysen Pachee, ce dernier a été frappé et a dû se rendre à l’hôpital pour y recevoir des soins. Apparemment, aucune formalité n’a été effectuée, comme cela se fait normalement dans le cas de transfert de prisonniers d’un poste de police vers l’hôpital.

Certains policiers sous l’influence de l’alcool 

La même source nous relate que certains policiers étaient sous l’influence de l’alcool et auraient frappé Eddysen Pachee peu après son arrestation. La nuit tombée, le prisonnier, qui était pris de douleurs atroces à l’estomac et à la tête depuis la journée, est transporté à l’hôpital. Hélas, Eddysen Pachee rendra l’âme aux petites heures du matin dans des circonstances troublantes.

Les caméras de surveillance au poste de police de Rivière-du-Rempart, apprenons-nous, se seraient montrées révélatrices. Sur l’un des enregistrements, on peut voir un policier descendre les marches, muni d’un ‘Tonfa Baton’ et cela le jour de l’arrestation.

Contre-autopsie 

L’autopsie pratiquée par le Dr Sudesh Kumar Gungadin confirme que la victime est morte d’un œdème cérébral et qu’il avait des côtes fracturées. Il n’aurait pas voulu s’aventurer sur ce qui a pu provoquer ces blessures internes. De son côté, la famille de d’Eddysen rejette toute thèse de mort par overdose. D’où la décision de ses proches de faire venir un médecin légiste réunionnais pour pratiquer une contre-autopsie sur la victime. Mais ils se heurteront à un refus catégorique du ministère de la Santé dans cette démarche.

Dans la journée du vendredi 30 mars, le Dr Jean-Marie Partezne avait reçu une autorisation temporaire. Bizarrement, le chef du département médico-légal, le Dr Sudesh Kumar Gungadin s’y oppose et a même accusé l’avocat Ravi Rutnah, dont les services ont été retenus par la famille Pachee, de mauvaise foi. La contre-autopsie était toujours attendue jusqu’à fort tard dans la soirée de vendredi.

Très remontée et prise au dépourvu, la famille du défunt est restée sur sa faim. L’un de ses proches dit ne rien comprendre à ce qui se passe, « Depi boner pe atane, letemps vini pe dire pas pou donne lekor, pas gagn droit, nek pe aler vini kot avocat, nepli koner ki pou fer dan sa zistwar la », nous dit-il, exaspéré.

Le même soir, les va-et-vient chez l’avocat Ravi Rutnah n’en finisaient pas et le jour suivant, la famille était toujours en attente d’un dénouement. C’est toujours dans le flou total, car un autre élément viendra s’ajouter à la liste. Le rapport du FSL risque de tout chambouler. Une overdose, apprenons-nous, n’aurait pu causer un œdème de cette abondance. Du côté des avocats, Ravi Rutnah et Anoup Goudary semblent être en désaccord sur certains points. Le corps est toujours à la morgue de l’hôpital Dr. Jeetoo. Finalement, l’expert réunionnais est retourné à la Réunion, bredouille.