Vallée-Pitot a été décrété zone rouge depuis le lundi 24 mai, et cela jusqu’au lundi 7 juin. C’est une angoisse palpable qui étreint la population de cette localité, largement prise par surprise. Beaucoup se demandent si une telle mesure était vraiment nécessaire, alors que seulement deux cas ont été recensés dans cet endroit. Nombreux aussi sont les commerçants qui sont dans le flou en ce qui concerne l’octroi du ‘Special WAP’ pour pouvoir alimenter leurs magasins en denrées alimentaires. Dans ce reportage, nous vous invitons à découvrir le quotidien de plusieurs habitants dans cette zone rouge.
Shabeenaz Taher, 43 ans, une habitante de l’endroit, a été prise de panique quand elle avait appris que Vallée-Pitot a été décrété zone rouge. Elle s’est ainsi inquiétée s’il serait possible d’approvisionner sa famille en produits alimentaires. « Heureusement que nous avons une boutique près de chez nous, qui nous aide à nous approvisionner sans trop de problèmes. On ignore combien de temps cette situation durera », ajoute-t-elle. Ce qui l’a frappée : l’absence des habitants dans les rues, qui sont d’ordinaire bondées. Shabeenaz, qui a déjà subi le test PCR, pense que les habitants ont peur de sortir. Elle nous explique qu’elle compte se faire vacciner aussitôt que possible.
Président d’une mosquée à Vallée-Pitot, Reza Parouty nous explique que la mosquée reste fermée indéfiniment. Pour lui, il n’était pas nécessaire de décréter toute la localité zone rouge, alors qu’il y a seulement très peu de cas. « Mais on ne peut rien y faire, comme c’est la décision des autorités », ajoute-t-il, résigné. « Il faut attendre et suivre l’évolution de la situation. »
Adam Kinoo, commerçant à Vallée-Pitot, se demande comment il va faire pour approvisionner sa boutique, alors qu’aucune livraison ne pourra être effectuée dans cet endroit. « Au poste de police, les policiers eux-mêmes ne savent pas très bien ce qu’on doit faire. Un ‘Special WAP’ sera-t-il accordé aux commerçants pour l’approvisionnement ? Je me demande moi-même si le ‘Special WAP’ me permettra de sortir en dehors de la zone rouge, et si les livreurs seront autorisés à nous apporter des articles », nous indique le commerçant. Ce dernier exige ainsi une clarification de la part des autorités concernées sur plusieurs points, bien qu’il comprenne la gravité de la situation.
Son commerce va-t-il manquer d’articles? Adam Kinoo nous répond par la négative. Depuis que des rumeurs circulaient à l’effet que Vallée-Pitot serait décrété zone rouge, il avait déjà approvisionné sa boutique avec plusieurs articles. Quand la zone rouge avait été annoncée le lundi 24 mai, Adam Kinoo a remarqué que ses clients se sont rués pour le ‘panic buying’. Il doit ainsi les rassurer, notamment en ce qui concerne l’approvisionnement en produits alimentaires. « Je ferai le maximum pour ne pas laisser les habitants en difficulté », ajoute-t-il.
Kalim, un commerçant de 42 ans, a lui appris la nouvelle à travers un ami. « Mon ami m’a téléphoné pour m’informer que Vallée-Pitot a été décrété zone rouge. J’ai eu la confirmation sur les réseaux sociaux en suivant la conférence de presse du ministre Jagutpal. On était un peu surpris car on n’avait pas vraiment entendu de cas de covid-19 à Vallée-Pitot. Si on avait su qu’il y avait des gens positifs à Vallée-Pitôt, on aurait pu nous préparer psychologiquement », souligne-t-il.
Ce commerçant, qui a son magasin à la rue Farquhar, ignore combien de cas ont été recensés à Vallée-Pitot. Il est néanmoins soulagé car son frère et sa sœur, qui habitent en dehors de la zone rouge, pourront faire rouler son magasin. Kalim a remarqué que depuis que Vallée-Pitot a été décrété zone rouge, les personnes ne sortent que rarement, encore moins que durant le confinement.
Riyaad Peertum, travailleur social
« Inacceptable de décréter toute une localité comme zone rouge après un ou deux cas »
Le travailleur social Riyaad Peertum, du centre Al-Hudaibiyaah, avait déjà été mis au courant que Vallée-Pitot deviendrait une zone rouge, même avant l’annonce officielle du ministre de la Santé.
« Il est inacceptable qu’avec seulement un ou deux cas, on décrète toute une localité comme zone rouge. Pour moi, c’est un peu prématuré qu’on ait mis Vallée-Pitot en zone rouge », déplore ce jeune travailleur social.
Dès que cette annonce avait été faite, il avait sécurisé le centre Al-Hudaibiyaah avant tout. « Vu que Vallée-Pitot est une zone rouge, on prendra encore plus de précautions pour continuer à servir les personnes dans le besoin », soutient-t-il.
Il dit suivre la situation de près, principalement en ce qui concerne la distribution des produits alimentaires aux familles démunies de la région. La distribution de ces produits reprendra à partir de la semaine prochaine, nous indique-t-il.
Pour les funérailles, tous les protocoles nécessaires sont appliqués à la lettre.
Imran, boulanger : « On ne nous a pas accordé suffisamment de temps »
À la boulangerie Citadel, le boulanger Imran nous confie qu’il y avait des rumeurs persistantes que la région serait décrétée comme zone rouge. Il dénonce toutefois le fait qu’on ne leur a pas accordé suffisamment de temps avant de decréter la zone rouge.
Cet habitant de Vallée-Pitot souligne l’importance du ‘Special WAP’ pour l’achat de matières premières, et s’attend que le gouvernement prend tout cela en considération.
Il souhaite toutefois que les habitants de Vallée-Pitot coopèrent ensemble, pour le bien-être de tout un chacun. « Ici, à la boulangerie, nous respectons à la lettre toutes les consignes sanitaires que les autorités ont mises en place, et on fait de notre mieux pour satisfaire les habitants de l’endroit », dit-il. Notre interlocuteur se dit satisfait aussi que ses clients respectent tous les gestes sanitaires.
Ackbar, marchand forain : « Un autre coup dur qui nous tombe dessus »
Ackbar (prénom fictif), marchand forain, nous explique sa situation difficile suite à la pandémie de covid-19. Son seul gagne-pain : son travail comme marchand. « Déjà, depuis le dernier confinement l’an dernier, nous avions eu vraiment beaucoup de peine pour pouvoir nourrir notre famille. Là, avec la deuxième vague, c’est encore plus dur. De plus, on a des frais additionnels et les dépenses des enfants ont augmenté », déplore-t-il.
Il se demande avec anxiété quand la foire rouvrira, pour qu’il puisse enfin travailler. « Cela fait plus de trois mois qu’on ne travaille pas, et alors qu’on attendait le 1er juin pour entendre une bonne nouvelle, voilà un autre coup dur qui nous tombe sur la tête, avec les restrictions liées à la zone rouge », dit-il.
Résultats du PSAC et dépistage à Vallée-Pitot
En ce jeudi 27 mai, deux évènements ont focalisé l’attention dans la zone rouge, soit la proclamation des résultats du PSAC et le dépistage au centre de Naw-N-Sha et dans un centre près de la mosquée Eid-Gah.
Pour rappel, les derniers examens ont eu lieu dans un contexte particulier, avec la menace de la deuxième vague de covid-19 en arrière-plan.
L’école primaire Sunnee Surtee a été le centre de proclamation des résultats, où les élèves des autres écoles (dont certaines sont en dehors de zone rouge) ont dû venir pour obtenir leurs résultats. Ce qui a causé une pagaille et une inconvenance majeure, alors que les parents et les élèves ont dû attendre pendant assez longtemps dans une chaleur ardente pour recevoir les résultats, qui n’avaient pas encore été déposés dans cette école.
Le dépistage dans la région s’est déroulé entre 13 et 16 h et s’est poursuivi le lendemain car plus d’une centaine d’habitants ayant fait le déplacement n’ont pu se faire dépister le même jour. Les habitants sont sortis en grand nombre pour subir le test PCR. Petits et grands ont accompli leur devoir, non seulement pour se protéger mais aussi pour protéger leur famille et leur entourage.