[VIDEO] Chandranee Juggessur, veuve à 43 ans

 

Elle fait rouler les autobus individuels de son défunt mari

Chandranee Juggessur est une veuve de 43 ans. Elle a perdu son mari, Rishi,  il y a un an, qui est mort de cancer, et depuis elle a hérité de la responsabilité du business familial, qui était géré par ce dernier. En effet, son mari était le propriétaire de deux autobus individuels, qui effectuent les trajets autour de Rivière-des-Galets et de Chamouny. En outre, Chandranee a la responsabilité de ses trois enfants, dont une fille et deux garçons. Pour une femme, gérer des autobus n’est pas chose facile, mais Chandranee le fait malgré les obstacles.

Chandranee Juggessur, de son nom de jeune fille, Goordyal, est née à Surinam. Il y a 20 ans, Chandranee a rencontré l’amour de sa vie, Rishi, aussi connu comme Ashish, qu’elle devait épouser par la suite. Seulement six jours après leur mariage, Rishi apprend qu’un de ses amis est sur le point de vendre un autobus. Celui-ci essaie tant bien que mal de réunir la somme d’argent nécessaire. Apres plusieurs sacrifices, le jeune couple réussit à faire l’acquisition de ce vieil autobus bringuebalant. Petit à petit, les Juggessur commencent à agrandir leur business. Ils vont pouvoir faire l’acquisition d’un deuxième bus en 2002.

Chandranee, comme mère de famille, s’occupait de la maison et des enfants. Habitant Chamouny, ils ont eu une fille, Joshni, qui a aujourd’hui 20 ans. Cette dernière souffre d’un handicap et fréquente des écoles spécialisées. Les deux fils du couple Jugessur sont Aniketh, 17 ans et Himesh, 12 ans. Aniketh suit une formation dans la mécanique tandis que le benjamin est toujours à l’école. « Je m’occupais de la maison car mon mari s’occupait des autobus, mais en ce qui concerne la paperasse, c’est moi qui devait m’occuper de cela car mon mari avait arrêté l’école très tôt », nous explique Chandranee.

La quadragénaire nous décrit son époux comme un homme exemplaire qui a tout fait pour sa famille. D’origine humble, Rishi a été marchand de fruits et ouvrier dans les usines, entre autres boulots, avant de devenir propriétaire d’autobus. Rishi Juggessur a pu construire une belle maison pour sa petite famille. Ils étaient heureux quand il y a environ deux ans, Rishi découvrit qu’il souffrait de cancer. Pendant huit longs mois, c’est le va-et-vient à l’hôpital Victoria à Candos mais l’entrepreneur devait succomber à sa maladie et poussera son dernier soupir en août 2018, à l’âge de 49 ans.

Elle fait tout pour maintenir l’entreprise à flot

Chandranee se sent perdue dans un premier temps, elle qui n’avait aucune connaissance dans ce domaine, et ne savait quoi faire. Mais seulement quelques jours après les funérailles de son époux, elle décide de ne pas baisser les bras. Elle entreprend toutes les démarches nécessaires pour que le business se maintienne à flot. Ces démarches ont pris six longs mois, mais elle a été forte devant l’adversité. « Il a fallu que je reste forte, vu que j’avais trois enfants sous ma responsabilité, et puis j’avais aussi promis à mon mari que je continuerais de bien veiller sur son business.»

Elle rencontre toujours de nombreuses difficultés. Par exemple, quand le bus a des défaillances mécaniques, elle doit elle-même chercher les mécaniciens, car elle ne comprend rien dans ce domaine. Toutefois, avec l’aide de son fils Aniketh, et aussi de son neveu Shubham, qui sont toujours à ses côtés, elle arrive à tenir le cap. Elle explique qu’être propriétaire de bus individuel demande beaucoup de vigilance, sinon ce sera elle et sa famille qui perdent de l’argent.

Aujourd’hui, la famille Jugessur fait rouler deux autobus entre Rivière-des-Galets et de Chamouny. Ils emploient trois chauffeurs et trois receveurs. Chandranee Juggessur garde le sourire malgré le chagrin de ne pas avoir son époux à ces côtés, qu’elle aimait tant. Mais pour elle, ses enfants sont aussi sa responsabilité, et que c’est pour cette raison qu’elle travaille dur et garde toujours le sourire. Elle se souvient des derniers mots de son époux, qui lui avait dit « Mo ine reussi gagne deux bus mais toi to pu faire beaucoup plis ki mwa ». Chandranee avait promis à son époux de bien veiller son entreprise et d’essayer de l’agrandir. Elle voudrait que son histoire redonne du courage aux femmes qui sont dans des situations difficiles. Le message de Chandranee à ces dernières : « Rien n’est fini, la vie continue malgré le mauvais temps. »