[VIDEO] Coronavirus : Les contrecoups pour l’économie mauricienne

Voyages annulés et importations perturbées

À l’échelle mondiale, le coronavirus semble gagner du terrain lentement. Si actuellement, aucun cas n’a été décelé à Maurice, notre pays n’est pas à l’abri des retombées économiques de ce qui pourrait bien devenir une pandémie. Que ce soit du côté du secteur du tourisme, ou de l’import-export, l’incertitude semble être de mise tandis que les operateurs de ces secteurs nous confient que les choses deviendront plus difficiles à l’avenir. Tour d’horizon d’une situation qui n’a rien de rassurant.

 La croissance pourrait reculer de 0,1 à 0,3 %

Lors d’une conférence de presse durant la semaine écoulée, le ministre des Finances, Renganaden Padayatchy, avait tenu à préciser que l’impact sur la croissance pourrait reculer de 0,1 à 0,3 %, selon les estimations de la Banque de Maurice et de Business Mauritius. Il explique aussi que c’est le premier élément à l’heure actuel.

Un comité au sein du ministère des Finances se réunit régulièrement et suit l’évolution du coronavirus et son impact sur l’économie planétaire et celle de Maurice. « J’ai demandé aux institutions qui compilent les statistiques de nous fournir des informations pour que l’on puisse, au niveau du ministère, travailler sur des mesures accompagnatrices », fait ressortir le ministre des Finances.

L’incertitude gagne le secteur du tourisme 

Pour le secteur touristique, les choses deviennent difficiles à gérer. En effet, du 26 au 30 janvier 2020, Air Mauritius a enregistré un taux d’annulation de 75 %, entraînant un déficit estimé à un millier de touristes en provenance de Chine.

Dans une analyse de Statistics Mauritius ce mois-ci, une prévision optimiste des arrivées de touristes à Maurice pour 2020 serait d’environ 138 5000. Toujours selon Statistics Mauritius, la Banque de Maurice a révisé à la baisse les prévisions de recettes touristiques pour 2020, passant de Rs 65,0 milliards à Rs 63,0 milliards, soit une baisse de 0,2 % par rapport aux Rs 63,1 milliards enregistrées en 2019.

 Les opérateurs du secteur du tourisme : « L’impact va se faire sentir progressivement »

Nous nous sommes aussi tournés vers quelques opérateurs du secteur touristique, qui nous confirment que les choses seraient difficiles à l’avenir.

Pour le responsable de l’hôtel Jalsa Beach à Poste Lafayette, Sanjay Sewocksingh, l’hôtel n’a pas eu un grand nombre d’annulations. « L’hôtel travaille beaucoup sur le marché indien », nous explique Sanjay Sewocksingh.

Ajmal Tincowree, directeur de l’agence de voyage Shamal Travels, nous confie qu’il y a eu beaucoup d’annulations, due à la frayeur. Avec toutes les restrictions en place, les arrivées d’Asie sont faibles et cet impact va se faire sentir progressivement. De plus, l’agence de voyage a accentué les promotions sur les destinations comme Dubaï, la Turquie ou Cape Town en Afrique du Sud.

Pour la directrice de Sader Voyages, les mois à venir seront difficiles à gérer. « Depuis Maurice, il y a plusieurs destinations où l’on n’aura pas accès. Les destinations comme l’Inde et France sont en promotion et en principe, les Mauriciens devraient être plus attirés vers ces destinations », nous dit-elle.

Secteur importation : les choses deviendront plus difficiles à l’avenir

Du côté du secteur de l’importation, les choses commencent à devenir plus sérieuses. Altaaf Damree, directeur de la compagnie Ashfaaq Ltd, est l’un des plus gros importateurs de riz Basmati. Ses cargaisons de riz Basmati sortent de l’Inde et du Pakistan, et Mediterranean Shipping Company (MSC) l’a informé que c’est bien l’épidémie du coronavirus en Chine qui est la cause du retard de ses marchandises.

Altaaf Damree nous fait part qu’il n’a pas le choix et doit continuer à importer du même pays. Ses stocks à Maurice sont épuisés, et ses marchandises, soit 32 conteneurs, avaient été bloquées au port de Colombo au Sri Lanka. Maintenant, ses marchandises ont pu rattraper un navire et sont en route vers Maurice.

Son plus grand souci, c’est le transport des marchandises par voie maritime. Selon Altaaf Damree, une solution pourrait être trouvée du côté des compagnies maritimes. « Ils n’ont rien fait pour avancer les choses », affirme-t-il. « Le problème pourrait bien être résolu si les transporteurs voulaient bien trouver une solution », avance notre interlocuteur. Pour Altaaf Damree, les choses deviendront plus difficiles à l’avenir si rien n’est fait.

Aucun cas n’a été enregistré sur le territoire mauricien

D’autre part, le comité ministériel sur le Covid-19 s’est réuni pour la quatrième fois, ce vendredi 28 février, sous la présidence du Premier ministre, Pravind Jugnauth. Le comité a passé en revue la situation sur le plan local et international.

La dernière décision en date : aucun passager étranger venant de, ou ayant séjourné en Italie au cours de ces 14 derniers jours, ne sera autorisé à entrer sur le territoire mauricien. Car selon les dernières statistiques, le Covid-19 se répand rapidement à travers les provinces italiennes. L’interdiction d’entrée sur le territoire mauricien s’applique aussi aux passagers étrangers venant de, ou ayant séjourné en Iran, au cours de ces 14 derniers jours. Les autorités mauriciennes suivent également de près l’évolution du Covid-19 au Japon.

Les Mauriciens en provenance de, ou ayant séjourné en Italie ou en Iran, au cours de ces 14 derniers jours, seront automatiquement placés en quarantaine à leur descente d’avion. À noter que les mesures citées plus haut sont temporaires et évolueront en fonction de la situation sur le plan international.

Le comité ministériel note que de fausses informations circulent actuellement sur les réseaux sociaux et sur WhatsApp, à l’effet qu’il y aurait des cas positifs de Covid-19 à Maurice. Le comité tient à préciser qu’aucun cas de Covid-19 n’a été enregistré sur le territoire mauricien à ce jour. Des contrôles sanitaires renforcés sont en place à l’aéroport et au port pour assurer une surveillance accrue.

La bataille est loin d’être gagnée

Le nombre de morts dans le monde dû à l’épidémie de Covid-19 dépasse maintenant 2 800 et la maladie a fait sa première apparition inquiétante en Afrique subsaharienne.

Plus de 83 000 personnes infectées ont maintenant été confirmées dans plus de 50 pays. Alors qu’environ 36 000 de ces personnes se sont rétablies, des commencements  d’épidémies, à croissance rapide, en Corée du Sud, en Italie et en Iran – ainsi que le premier cas confirmé au Nigéria – montrent que la bataille pour contenir le virus est encore à ses débuts.

Les responsables craignent que la maladie ne se propage largement dans les pays dotés de systèmes de santé publique plus faibles, en particulier en Afrique et en Amérique latine.

Aux États-Unis, au moins 63 personnes sont en traitement depuis jeudi, la plupart d’entre elles ayant été évacuées d’Asie.