[VIDEO]: Mujahid Peerbaccus et Umayr Goolfee unis jusque dans la mort

Mujahid Peerbaccus, 20 ans, et Umayr Goolfee, 22 ans, étaient inséparables. Seule la mort les a séparés. Ce lundi fatidique du 4 juin, ils étaient à moto roulant vers la Capitale quand ils sont entrés en collision avec un autobus à Sainte-Croix. Ils sont morts sur le coup. Dure épreuve pour leurs proches terrassés par cette terrible douleur à deux semaines de la fête Eid.

Le jour de l’accident, Umayr Goolfee et Mujahid Peerbocus rigolaient dans la cuisine tout en préparant leurs gâteaux. C’est chez Umayr qu’ils devaient faire l’iftaar, hélas le destin en aura décidé autrement.

L’émotion était palpable dans la soirée du lundi 4 juin à la morgue de l’hôpital Dr. Jeetoo où une centaine de proches s’étaient massés.

La grand-mère de Mujahid Peerbaccus, Swahela Hossenally, avec qui Mujahid vivait, regagnait son domicile ce jour-là. Elle  aurait appelé chez elle pour dire qu’elle serait en retard pour rompre le jeûne à cause d’un accident qui avait provoqué un embouteillage monstre au rondpoint d’Abercrombie. Elle était loin de se douter que c’était son petit-fils qui était impliqué dans ce triste accident.

 « Tanto, so kamarad la so papa ine vini. Li dir mwa zot lhopital ek line mort. Kan monn aprane sa, mo senti mo lavi fini. Kifer sa ti bizin ariver ? 3 zour avant, line montrer mwa so linz Eid. Kuma pou fer Eid aster, kan mo Mujahid ine aller… » dit-elle en sanglots.

Unis dans la mort, les funérailles des deux jeunes ont eu lieu le mardi 5 juin.

L’Eid n’aura pas de sens cette année pour Swahela Hossenally. Selon elle, son petit-fils lui apportait bonheur et réconfort dans sa vie de tous les jours. Difficile pour la famille d’accepter la mort d’un deuxième être cher. La mère de Mujahid, avocate, est morte en 2013 alors qu’elle s’apprêtait à donner naissance. Depuis, Mujahid habitait à Terre-Rouge avec de sa grand-mère maternelle.

Malgré ce malheur, la grand-mère a tout fait pour lui donner une enfance normale, et a assuré sa scolarité, de la maternelle jusqu’au collège. Swahela a le regard vide lorsqu’elle se rappelle les derniers instants avec son petit fils. « Li ti kuma mo propre zenfan, monn get li baba ek fer li vine grand. Zordi Mujahid ine aler. Eid pas pou pareil sans li. Ziska ler mo pas pe kroir line aller… », nous dit cette dernière en larmes.

Mujahid était quelqu’un de jovial et d’attachant. Dans sa localité, tout le monde l’appréciait. Il disait bonjour à tout le monde et vivait la vie à cent à l’heure. « Li ti trankil, ène bon garson. Li ti contan ress avek so bann kamarade », raconte Amiraah, sa cousine.

Sa grand-mère réclame justice, car le chauffeur de l’autobus ne serait pas à son premier délit. « Li pas possib, li touye dimoune ek li gagn caution. La loi bizin vine pli sever. Pas premier fois ki li touye dimoune », martèle Swahela Hossenally, meurtrie par la douleur. D’ailleurs elle ne compte pas en rester là, et pour que justice soit rendue à son petit-fils.

Naz Goolfee, la mère d’Umayr Goolfee : « Li ti fer nu lakaz gai » 

Le temps s’est arrêté au domicile des Goolfee à Cité Martial. Proches, amis et membres de la famille tentent bien que mal de surmonter leur douleur. Umayr Goolfee, 22 ans, n’est plus de ce monde et sa mère ne peut faire face à cette dure réalité.

Umayr Goolfee était le fils unique de sa maman. Ils étaient très proches. « Enn sel garson mo ti ena. Li ti mo kamarad, mo lamain droite, li ti mo tou », nous dit-elle.

Umayr Goolfee était apprécié de tous. Ses amis et ses proches l’aimaient beaucoup. De caractère jovial et amical, ce jeune homme répandait la joie et la gaieté là où il se rendait. Lui et Mujahid étaient deux amis inséparables.

Pour Naz Goolfee, c’est comme si elle avait perdu deux fils le même jour. Umayr Goolfee était quelqu’un de bien, selon ses amis. « Monn konn Umayr pendant 14 ans. Depi nu tipti, nu ti kontant jouer boule. Meme si nune separer apres college, sa pa finn empeche nu garde sa lamitier la. Li ti enn garson mari korek, li ti touletemps la pou nu. Zamai li pou lager, li ti kuma dir enn frere mem», nous confirme un ami.

Une de ses amies, nous relate une amitié hors de l’ordinaire : « Li ti bien kontant badiner. Mo pane fine kone li bouku letemps, parski lepok college, nu pane trop joine. Li ti pe prend nouvel, li ti enn bon garson. Zour ki mo finn aprane linn mort, mo pas finn krwar, li ti enn choc. Ziska ler, mo pas kroir ki line finn aller », nous dit-elle avec émotion.

Naz Goolfee est en colère et accablée par cette tragédie. Pour elle, son fils ne méritait pas ce sort tragique. « Kan monn ale lopital, monn bizin atane. Pane gagn ambulance pou amene zot. Mo zenfan ti pou fer Iftaar ek so kamarad. So gato li pane gagn letemps manzer. Li pas facile, mo pas pou retrouve mo Umayr mais sa dimoune la pou bizin rane compte pou sa, line touye mo deux garson, deux fami ki dans la peine akoz li, ek mo garson pas ti entor. Mo rest zis mo deux tifi ek samem mo courage. »

 Aucun policier pour régler la circulation quand l’accident s’est produit

Même si au poste de police d’Abercrombie, on nous affirme que la police est présente aux heures de pointe à Sainte-Croix, le jour de l’accident, il n’y avait aucun policier pour régler la circulation. Peut-être qu’avec la présence d’un policier, ce genre de drame aurait pu être évité.

La famille de Mujahid n’a toujours pas reçu ses effets personnels

Selon l’oncle de la victime, la police lui fait tourner en rond. Une semaine après ce drame, il n’a toujours pas reçue les vêtements et les effets personnels de Mujahid, alors que ceux d’Umair ont été remis à sa mère le même soir. La mère d’Umair maintient avoir vu les effets personnels de Mujahid alors qu’elle  identifiait ceux de son fils. Il lance un appel à la police de bien vouloir lui remettre les vêtements Mujahid.