Après 11 ans de calvaire, Shaheen décide finalement de sortir de son mutisme. Âgée de 31 ans, mère de six enfants, cette habitante de Vallée-Pitot, dénonce les brutalités qu’elle a vécues aux mains de son époux, durant un tiers de sa vie.
Une énième dispute qui a fini de façon très violente dans la soirée du dimanche 19 mai a poussé Shaheen à mettre un terme à 11 ans de vie commune et à se séparer de son époux. « Mone ress avek li dan lespwar ki ene zour li pou sanzé mé zour en zour mo sytyasyon pe anpiré », lâche-t-elle, désespérée.
Ce dimanche fatidique, Shaheen a regagné son domicile aux alentours de 1 h du matin. Sur place, sa fille Mehreen* (prénom modifie), raconte que son père lui a donné un coup de ‘’kalchoul’’ à la main, car il avait égaré son billet de Rs 25. Avec une enflure à la main, Mehreen s’est rendue au poste de police de Vallée-Pitot pour dénoncer son père. La petite confie que la police l’a déposée à la maison sans avoir parlé à son père. « Zot ine kit mwa zot ine dir mwa ale lakaz trankil atensyon li re batte mwa », dit-elle d’une voie nouée par l’émotion.
En lui demandant des explications, Shaheen a été agressée par son époux sous le regard impuissant de ses enfants. Elle indique que ce n’est pas la première fois qu’elle subit les coups violents de son époux. « Sak fwa li batte mwa, lor mo vent, mo latet, mo lipié, li kraz partout. Kan arrive minuit ou swa 3hr du matin li met mwa dehors », dit-elle. Lorsque ce dernier la met à la porte, elle raconte qu’elle est obligée de passer la nuit dans le jardin ou de marcher jusqu’au domicile de sa sœur pour trouver refuge.
Shaheen raconte qu’elle n’a pas connu une vie facile. Mariée à Nawshad, elle vivait dans une petite pièce depuis son mariage. Son époux, ayant un penchant pour l’alcool, ne travaille pas et passe son temps à chercher des ennuis avec elle, alors que Shaheen doit s’affairer à des petits boulots à gauche et à droite pour pouvoir subvenir aux besoins de ses enfants. « Mo pena drwa ale travay, kan mo alé li dir mwa mo pe gard galant dehors », dit-elle.
Depuis, elle a élu domicile chez sa sœur avec quatre de ces enfants jusqu’à ce qu’elle puisse trouver une maison décente. Elle souhaite bientôt demander le divorce afin de rompre tout contact avec son époux violent.
Deux de ses enfants ont été pris en charge par sa belle-mère
Cette mère affaiblie par une vie de misère nous confie qu’elle souhaite récupérer deux autres enfants, qui ont été pris en charge par sa belle-mère suite à une décision de la (Child Development Unit) CDU. Elle raconte qu’elle n’a aucun contact avec les deux autres enfants malgré qu’elle habite sous le même toit. « Kan nou rod zoué avek nou frer ek ser banla batte nou zotte zour nou », soutient la petite Mehnaz* (prénom modifié), avec un regard triste.
Shaheen souhaite terminer la construction de sa maison le plus tôt possible afin de pouvoir récupérer ses deux enfants qui sont toujours avec sa belle-mère.
