Alain Malherbe : « Notre secteur portuaire est au plus bas depuis des années »

Lors de la tranche de la Private Notice Question (PNQ) du mardi 6 juin, le Leader de l’Opposition, Xavier Luc Duval, a demandé au chef du gouvernement, Pravind Jugnauth, s’il avait pris connaissance du rapport du Transport Global Practice de la Banque mondiale, intitulé “The Container Port Performance Index 2022”. Maurice occupe la 327e place sur 344 pays. Parmi les 37 ports de la région subsaharienne, Port-Louis se situe à la 30e position, derrière Toamasina (10e), Port Victoria (13e), Mayotte (15e) et Port Réunion (22e). Le port de Djibouti occupe la première place de ce classement, tandis que deux ports sud-africains, Durban et Le Cap, se classent respectivement à la 36e et 37e place. Pravind Jugnauth a indiqué que 700 travailleurs ont été recrutés de 2006 à 2007, et qu’il ne sera « pas facile de négocier avec les syndicats pour tenter de restructurer cette organisation ».

L’expert maritime Alain Malherbe déplore le fait que les syndicats tiennent ce secteur en otage depuis plusieurs années. « Les syndicats ne peuvent pas prédire l’avenir. La faute revient aussi à un gros manque de structuration de l’organisme qui gère le port. Notre autorité portuaire est au plus bas depuis des années ». Ce dernier estime également que le rendement de notre port n’est pas productif. Il se désole du fait qu’un port comme Port-Louis, disposant de toutes les technologies à sa disposition, se limite à seulement 20 conteneurs par heure, tandis qu’à Tamatave, ils en sont à 45 conteneurs à l’heure. Selon lui, c’est le résultat d’une très mauvaise planification de la part des autorités.

« Nous avons trois élévateurs de la marque Ferrari d’une valeur de plus de 60 millions de roupies qui sont en panne depuis un bon moment maintenant. Comment se fait-il que rien n’ait été fait pour les remettre en service ? », se demande l’expert maritime. « Madagascar est un lion qui dort. Le jour où il se réveillera, le port de Port-Louis sera inutile dans la région. Nous avons sous-estimé les autres ports, même Victoria nous a devancés aujourd’hui. C’est un désastre pour notre secteur portuaire ! », déclare Alain Malherbe avec conviction.L’expert maritime évoque également la nécessité d’avoir un autre port sur l’île, dans le but de délocaliser les ‘’Bunkering Operation’’. Selon Alain Malherbe, cela contribuerait à désengorger Port-Louis et permettrait également d’avoir des remorqueurs stationnés dans l’est. Il estime que l’endroit idéal pour ce projet serait à Vieux Grand-Port.  

« Nous avons tout ce qu’il faut pour devenir le numéro un dans la région », affirme A. Malherbe. Pour remédier à la situation, il soutient qu’il faut mettre fin à l’ingérence politique dans ce secteur, ce qui est crucial pour le développement de notre croissance économique. En tant qu’État insulaire, le port de Port-Louis est notre seule “porte d’entrée” vers le monde. « Nous avons des personnes compétentes pour gérer notre port. Nous disposons de toutes les ressources et de la technologie nécessaires pour devenir le numéro un dans la région. Il y a trop d’ingérence politique dans la gestion de notre port. Il faut arrêter de placer des personnes proches dans des postes clés ! », conclut-il.