Des liens incestueux entre la police et des trafiquants révélés

Bandes sonores explosives de Vimen Sabapati

  • L’Inspecteur S : « Zarme ki nous ti saisi Beaux-Songes, après mo trouve ine gagne sa kot Raquel Jolicoeur »

Les ‘Vimen Leaks’ font grand bruit depuis les révélations choquantes de la presse, vendredi. Révélations qui interviennent dans le sillage de l’affaire Vimen Sabapati, accusé de trafic de drogue et qui est actuellement en détention à Alcatraz aux Casernes centrales. Depuis son arrestation le 3 mai dernier, cet adepte du Mua Thai, une discipline d’arts martiaux, avait clamé son innocence et avait affirmé qu’il a été victime de ‘planting’ dans cette affaire. Le 26 mai dernier, Vimen Sabapati a même juré un affidavit dans lequel il fait plusieurs révélations. Cerise sur le gâteau, il a ajouté une clé USB à son affidavit. Celle-ci contient plusieurs bandes sonores ayant trait à des conversations qu’il avait précédemment eues avec différents policiers anciennement affectés à l’ADSU et dont certains sont actuellement postés à la ‘Special Striking Team’ (SST). Ce sont des extraits de ces mêmes bandes sonores qui ont été étalés au grand jour dans la presse, menant à une stupéfaction généralisée dans le pays.

Ces bandes sonores sont explosives. Et révèlent des liens incestueux présumés entre certains policiers, dont la SST et l’ADSU, et des trafiquants de drogue. Et ce, alors que le Premier ministre se targue de combattre la drogue. Et qui confirme, se ces allégations s’avèrent, l’impunité dont semblent jouir des trafiquants de drogue. Le mécanisme de fonctionnement entre trafiquants et policiers est aussi évoqué. Ce qui est absurde aussi, c’est qu’on apprendra que certains policiers ne se privent pas pour faire main basse sur des objets lors des perquisitions. Dans ces bandes sonores, on peut entendre la voix de plusieurs policiers, dont deux qui ont déjà été identifiés. D’abord il y a l’inspecteur S, ancien membre de l’ADSU de Rose-Hill et le constable A, qui avait également fait partie de l’équipe de la ‘Western Division’. Ces deux policiers sont actuellement postés à la ‘Special Supporting Unit’ (SSU). Le constable A est ainsi affecté auprès du ‘Deputy Commissioner of Police’ (DCP), Choolun Bhojoo, à l’aéroport.

Ces conversations, considérées comme troublantes, évoquent plusieurs cas de drogues, en particulier l’affaire Raquel Jolicoeur et la saisie d’armes à feu à Beaux-Songes en janvier 2023. Les rencontres entre les policiers concernés et Vimen Sabapati ont eu apparemment lieu suite à une descente effectuée au domicile de ce dernier, le 8 avril 2021, soit pendant le deuxième confinement dû à la Covid-19. Si officiellement, dans leur entrée, les policiers n’ont rien rapporté, Vimen Sabapati avoue qu’une somme de Rs 1,5 million se trouvait à son domicile, mais qu’elle n’a pas été saisie par les enquêteurs. Il n’a ni été arrêté, ni questionné sur la provenance de cet argent. Pourquoi ? La raison est évidente, selon le constable A qui affirme, dans l’une des bandes sonores, que « mone fini comprend kine arrivé. Jagai ti pe rode fatigue toi, lerla to ti bizin rentre dans son bateau. Tous les mois to bizin kit ene zaffaire avec li ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Vous tirerez vos propres conclusions.

Opération « cachiette zarmes »

Dans une autre bande sonore, c’est l’inspecteur A qui fait une révélation de taille. Cela concerne une opération menée le 23 janvier 2021 à Beaux-Songes par l’ADSU de la ‘Western Division’ ou des armes à feu avaient été saisies. Ce qui avait fait grand bruit, car le pays était encore sous le choc suivant le meurtre de Fakhoo, survenu quelques jours plus tôt, et commis grâce à l’utilisation d’une arme à feu. Finalement, les armes à feu saisies n’étaient pas liées au meurtre de Fakhoo. Mais le plus troublant, c’est que, des cinq armes saisies, seulement trois avaient été déclarées, selon l’Inspecteur S.  « Quand nous ti alle là-bas, ti gagne cinq zarmes, mais Jagai dire moi déclare zis trois la-dans », explique-t-il. Poursuivant son récit, il révèle que : « ou pas le croire, quand mo pe guete Defimedia après case Raquel Jolicoeur, mo trouve ene banne zarmes la, mone reconnaître li, parski pin en bas barrel ti cassé ».

L’inspecteur S a aussi affirmé que le colis saisi dans le cas de Bruneau Laurette provient de Franklin, tout en évoquant l’étroite relation que ce dernier entretiendrait avec le patron de la SST. Selon des sources policières, une équipe de la police est également en présence de ces enregistrements. Selon l’inspecteur Shiva Coothen, responsable du ‘Police Press Office’ (PPO), une enquête a déjà été initiée (voir plus loin). Quant à la démarche de Vimen Sabapati en cour Suprême pour que son enquête soit retirée des mains de la SST car il estime avoir été piégiée par cette équipe, l’affaire sera appelée le 19 juin prochain.

Vimen Leaks

Le Bureau du CP confirme l’ouverture d’une enquête approfondie et impartiale

Après la diffusion des bandes sonores explosives sur les ondes de deux radios privés, Radio Plus et Top Fm, le bureau du Commissaire de Police ordonne l’ouverture d’une enquête approfondie et impartiale pour faire la lumière sur les allégations faites concernant certaines méthodes de la police, plus précisément la Special Striking Team (SST).

Le Commissaire de Police assure au public que la police enquêtera de manière approfondie sur toute allégation d’abus de pouvoir ou d’actes illégaux de la part de ses agents.

Le communiqué fait aussi mention du fait que les forces de police agiront en toute impartialité et équité. Elles ne se laisseront pas décourager par de prétendues attaques, et ne renonceront pas à la lutte contre les barons de la drogue qui détruisent d’innombrables jeunes et familles à l’île Maurice.

Le CP invite le directeur de l’information de Radio Plus, Nawaz Noorbux, à remettre ladite ‘’pendrive’’ à la police pour enquête.