Criminalité en hausse

Ranjit Jokhoo : « Il y a un manque de policiers formés et qualifiés »

Le pays a été secoué par plusieurs meurtres ces dernières semaines. Le couple Sookur, qui a été tué à son domicile à Vacoas, le meurtre d’Andy Manikon, celui du petit Jayveen Tetarie, âgé de seulement de 12 ans, et plus récemment celui de Swapna Ibrahim Dawood ont fait couler beaucoup d’encre.

L’ancien inspecteur de la ‘Major Crime Investigation Team’ (MCIT), Ranjit Jokhoo, est d’avis que la force policière est en quelque sorte dépassée. Selon lui, les criminels ont toujours quelques longueurs d’avance sur les policiers. « Les crimes deviennent de plus en plus sophistiqués. Les policiers sont occupés avec des tâches de moindre utilité, au lieu de se consacrer à résoudre et élucider des crimes », laisse-t-il entendre. Selon lui, le plus gros problème menant à une hausse de la criminalité à Maurice est nul autre que la drogue, suivie de très près par la pauvreté. « Souvent dans bann crimes, ou pu remarke ki bann viktim la c’est bann personnes vulnérables. Bann dimounn ki pa kapav defann zot em. Kan enn toxicoman bizin Rs 2000 par zour pu droguer, li kav fer n’importe quoi », explique Ranjit Jokhoo

Selon son analyse, il y a un manque de communication et de coordination entre les différentes unités de la force policière. « Kan bann unités ki deal avec la drogue aret enn dimounn, zot bizin pa contente zot zis ek aret dimounn la. Zot bizin fer en sorte ki zot al au fond du problem. Zordi dans la police ena enn problem d’impunité et enn laxisme. Certain responsables ek haut gradé pa konn motive zot zom. Zot fer enn ‘policing’ ki manque de qualité et d’efficacité », dit-il. Il déplore également le fait que la grande majorité des policiers ne savent pas mener une enquête approfondie.

L’ancien policier explique qu’il y a un grand manque de policiers qualifiés pour faire le travail comme il se doit. « Ena boku policier ki al suiv bann cours ek bann formation deors, kan zot rod vinn applik saki zot inn appran deors, zot vinn the ‘odd element’ parmi zot bann collègues. Le grand problem c’est kan bann policier la rentre dans zot ‘comfort zone’ ! », martèle-t-il. Il est d’avis que ceux qui reviennent de l’extérieur avec des connaissances sur la façon d’exercer le métier de policier devraient les partager et encourager leur application. « Je pense aussi qu’il faut plus d’‘accountability’ de la part des hauts gradés et des responsables ! Sinon, les policiers deviendront des paresseux et profiteront du système. Après tout, l’exemple vient d’en haut ! », conclut Ranjit Jokhoo.